Briser les tabous de la période périnatale

La période périnatale est remplie d’idées préconçues et de préjugés. L’imaginaire collectif reflète parfois une romantisation, une idéalisation de cette période de la vie d’une femme, d’un couple, d’une famille. Cependant, la réalité est bien plus complexe, car une multitude d’aspects sont pris en compte pour définir cette période périnatale.

Le groupe de recherche périnatale du CHUV a travaillé pendant deux ans à la création de l’exposition «Bébé en tête». Pendant deux ans, l’équipe a étudié, analysé et discuté le thème.

La volonté première ? Créer un dialogue entre les chercheurs et le public pour accroître la compréhension et briser le silence concernant les soins périnatals. Avec ce travail, le groupe de recherche souhaite également améliorer la prise en charge des personnes qui vivent l’événement de l’arrivée d’un bébé.

L’équipe a conceptualisé, avec l’aide de l’agence Wapico, une exposition ludique, interactive et immersive. «Nous voulons faire ressentir l’expérience aux gens pour augmenter l’impact du message et sensibiliser», explique Antje Horch, directrice du projet «Baby in Mind».

De son idée et son arrivée

Avoir un enfant est un parcours unique à chaque individu. Du désir d’avoir un enfant, au projet d’essayer d’en avoir un, jusqu’à devenir parent. Le voyage est parfois long et peut aussi être traumatisant.

L’exposition « Baby in Mind » a pour objectif de montrer tous les aspects de la réalité depuis la conception jusqu’à l’arrivée du bébé. « C’est une exposition extraordinaire. C’est un projet courageux que d’oser parler de ces tabous. Tant qu’on en parle, cela les légitime et il y a une prise de conscience collective », explique Julie Bourdin, sage-femme en chef de salle d’accouchement qui a participé au projet.

A travers des études et des témoignages scientifiques, le spectateur se plonge dans des expériences de vie qui démontrent qu’il n’y a pas de schémas. «Les histoires et témoignages que l’on découvre à travers l’exposition permettent de bien comprendre la diversité des expériences, ces conversations honnêtes ouvrent le dialogue et peuvent inciter d’autres à prendre la parole et à chercher du soutien», défend David Baud, chef du service d’obstétrique du CHUV qui participé au projet.

Telle est la devise de cette exposition : ouvrir le dialogue et apporter un soutien à ceux qui en ont besoin.

Parce que les pères et les mères vivent tous des défis différents. “Je me réjouis que cette exposition puisse peut-être lever les œillères et briser l’imaginaire collectif”, ajoute Cristina Guillet, coordinatrice générale de l’association “Née trop tôt”, partenaire du projet, et mère témoin de l’exposition. « La réalité n’est pas celle qu’on voit sur les réseaux sociaux ou dans les publicités. Une mère ou un père n’est pas toujours heureux, il y a des moments très durs comme de très beaux. C’est la dualité de la parentalité.

Cinq étapes, mais mille expériences différentes

Coralie Peguet, coordinatrice générale et rédactrice scientifique, a travaillé durant ces deux années sur les études menées au sein du groupe de recherche périnatale, mais également sur la conception de l’exposition. Elle était notre guide lors de la conférence de presse.

Ce qui nous a plu dès le début, ce sont les éléments interactifs tout au long de l’exposition. « Tous les témoignages peuvent être écoutés en français et en allemand, mais les visiteurs peuvent également nous demander des témoignages écrits », explique Coralie Peguet.

On y découvre cinq chapitres, cinq étapes que vivront toutes les personnes qui attendent un bébé. Et dans chaque chapitre, l’objectif est de changer la vision ancrée par la société dans laquelle nous vivons.

Dans l’image ci-dessus, le lit est feuilleté comme un livre et on découvre les différents modèles familiaux de notre époque (hétérosexuel, homosexuel, monoparental). La roue de la fortune décrira les chemins imprévisibles du désir d’avoir un enfant.

Le but est ici d’ouvrir le dialogue sur le désir ou non d’un enfant, mais aussi de parler de l’infertilité qui touche 10% des couples et aussi bien les femmes que les hommes.

Tetris pour guérir les traumatismes

Les tabous les plus difficiles à briser et que l’équipe du projet « Baby in Mind » espère briser avec l’exposition sont le deuil périnatal, la dépression post-partum et le trouble de stress post-traumatique lié à l’accouchement (SSPT-A). Nous n’allons pas tout gâcher pour vous. Mais nous avons retenu quelques chiffres importants.

1. Une grossesse sur cinq se termine prématurément.

2. 15 % des mères et 10 % des pères souffrent de dépression post-partum

3. 12 % des femmes développent des symptômes de SSPT-A après l’accouchement, et au moins 1,3 % des pères sont touchés

Un groupe de recherche a également trouvé un moyen de traiter les traumatismes post-partum. Tétris. Et oui, il semble que jouer à Tetris après l’accouchement réduirait grandement l’impact traumatique sur la mère. 45 % des femmes qui y jouaient avaient moins de sautes d’humeur ou de pensées intrusives que celles qui n’y jouaient pas.

Réunions d’ouverture

En marge de l’exposition, l’équipe « Bébé en tête » organise des ateliers, des débats, des groupes de discussion (entre parents, grands-parents…) pour échanger et libérer la parole. « Cela nous permet de créer un lien entre l’équipe médicale et les associations ou toute personne pouvant apporter un soutien. Le corps médical assurera les soins, tandis qu’une association et une personne formée s’occuperont du ou des parents en difficulté, c’est une synergie importante pour le bien-être des parents et de la famille. explique Cristina Guillet.

Toutes les informations sur les différentes activités sont à retrouver sur le site « Bébé en tête » : ici.

L’exposition «Bébé en tête» se déroule du 3 novembre 2023 au 24 mars 2024, au Musée de la Main du CHUV. Entrée libre.

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