Au 13 septembre, cinq fois plus de cas de tuberculose ont été déclarés sur la Côte-Nord qu’en 2022. Cette maladie infectieuse contagieuse qui touche principalement les poumons et les voies respiratoires touche particulièrement les communautés autochtones de la région.
« Au total, 10 cas ont été déclarés dans la région, comparativement à deux cas en 2022 », rapporte Pascal Paradis, responsable des communications du CISSS de la Côte-Nord.
Les cas ont été classés par lieu de résidence. Sept-Îles et Kawawachikamach comptent chacune un cas. Il y en a deux en un seul endroit à Uashat Mak Mani-Utenam, Pessamit, Mingan et Matimekush-Lac John.
Il y a également eu un décès.
Une hausse des cas est donc observée dans la région.
«Les cas que nous constatons sont liés à une réactivation», rapporte le directeur de santé publique de la Côte-Nord, le Dr Richard Fachehoun. « Il s’agit de personnes qui ont été exposées à des cas de tuberculose par le passé, mais qui n’ont pas eu de traitement préventif, ou n’ont pas pris leurs médicaments. Ainsi, dans les deux années qui suivent cette exposition, ou lorsque les gens subissent une perte de leur système immunitaire (diabète, immunosuppression, etc.), les microbactéries vont se multiplier et la personne deviendra contagieuse », explique-t-il.
« De 2019 à 2020, la moyenne annuelle était de quatre cas. En 2021 et 2022, nous avons eu deux cas par an», précise le Dr Fachehoun.
Selon un document rédigé par Santé Canada, le taux de tuberculose est 40 fois plus élevé parmi les membres des Premières Nations vivant en communauté que parmi les personnes non autochtones nées au Canada.
Dans ce même document intitulé Tuberculose dans les communautés autochtones, On peut lire que les facteurs qui augmentent les risques de développer une tuberculose active sont : les maisons surpeuplées et mal ventilées, l’insécurité alimentaire, le tabagisme et d’autres maladies comme le diabète.
Maladie sociale
Même si les faits démontrent une présence marquée de cas dans les communautés autochtones, le Dr Richard Fachehoun tient à souligner que la tuberculose est une « maladie sociale » qui ne leur est pas propre.
“J’insiste sur le fait que c’est une maladie sociale, elle n’est pas seulement communautaire”, ajoute-t-il. « Ces facteurs sont partout. Nous en avons parmi les non-autochtones et les autochtones. Tous les problèmes sociaux et de logement peuvent contribuer à la transmission. »
Nouveau traitement
Un nouveau traitement facilite la prise du médicament. L’ancienne méthode était une fois par jour pendant une période de quatre mois.
---« Les gens n’y croient pas toujours », explique le Dr Fachehoun.
Le traitement actuel n’est qu’une fois par semaine, pour une durée de douze semaines.
«Cela rend vraiment les choses plus faciles à prendre. »
Plan d’action complexe
La Santé publique travaille actuellement avec les communautés pour éliminer la tuberculose dans la région.
Une partie du protocole est en cours, mais pas entièrement déployée.
« Puisque nous avons maintenant des cas dans la communauté, nous nous concentrons sur les cas et les contacts », explique-t-il.
Il explique que l’objectif est d’identifier très rapidement les cas de tuberculose active et de les traiter pour limiter la propagation. Puis, à moyen terme, dépister tous ceux qui sont à risque dans la population.
Les personnes âgées de deux ans et plus n’ayant pas fait de tests récents pourront alors savoir si elles ont été contacts et si elles ont une tuberculose latente, qui pourrait s’activer lorsque leur système immunitaire s’affaiblit. .
« Si nous voyons quelqu’un qui a une infection latente, nous lui proposerons un traitement », dit-il.
Le protocole destiné aux personnes non cas contact sera déployé dans les semaines ou mois à venir. Avant de commencer, cela demandera beaucoup de planification.
« Il faut prévoir le nombre de personnes à dépister. De ce nombre, il faut s’attendre à avoir des gens qui seront positifs, donc il faut planifier le couloir de service, ou les radiographies à faire et s’assurer que les gens soient traités avec le nouveau protocole », précise le Dr Fachehoun.