Alors que la vaccination des classes de 5e devrait débuter dans les semaines à venir, on fait le point sur l’infection à papillomavirus, ses symptômes, les vaccins et les idées reçues.
A partir du 2 octobre 2023, les collégiens pourront se faire vacciner contre le virus du papillome humain (VPH) dans certains établissements scolaires. Cette vaccination gratuite et non genrée vise à prévenir de nombreux cancers de la région vulvaire, anale et/ou ORL.
Comment nous attrapé ce virus : le papillomavirus ?
Transmission : peut-on attraper le papillomavirus sans rapport ?
Les papillomavirus sont des virus relativement contagieux, qui se transmettent par contact peau à peau, même sans pénétration vaginale ou anale.
” Les préservatifs offrent une protection imparfaite contre l’infection par le VPH car ils ne couvrent pas toute la zone génitale. Hormis la vaccination, il n’existe aucune autre méthode de protection contre le VPH. », précise la Haute autorité de santé (HAS). On estime que 80 % des personnes sexuellement actives entreront en contact avec le VPH au cours de leur vie.
Quels sont les symptômes du papillomavirus ?
La grande majorité des infections à papillomavirus sont silencieuses, ce qui signifie qu’elles ne sont pas nécessairement remarquées. D’où la nécessité de réaliser des dépistages réguliers, pour le col et l’anus, explique le CHU de Montpellier.
Il arrive aussi parfois qu’un papillomavirus s’accompagne de démangeaisons, de saignements ou de petites verrues.
Est-ce grave d’avoir le papillomavirus ?
Si dans la grande majorité des cas d’infection à papillomavirus, le système immunitaire élimine les HPV, cela favorise parfois les condylomes et, plus rarement, les cancers. Chaque année, elles sont responsables d’environ 100 000 cas de verrues génitales bénignes, mais aussi de plus de 30 000 cas de lésions précancéreuses, pouvant évoluer en cancer.
En France, environ 6 400 cancers découverts chaque année sont liés au virus du papillome humain (VPH), dont 3 000 cancers du col de l’utérus. De plus, un millier de femmes en meurent chaque année et les hommes représentent 25 % des infections, précisait l’Académie de médecine en 2022.
Qui est concerné par le vaccin contre le papillomavirus ?
GardasilCervarix, Gardasil 9…
Pour se protéger, trois vaccins existent et ont obtenu une autorisation de mise sur le marché. Le premier en 2007 (Gardasil), le deuxième en 2010 (Cervarix) et le dernier en 2018 qui cible de nouveaux types d’HPV (Gardasil 9). Cependant, lorsque le premier vaccin est arrivé sur le marché, les recommandations ne visaient que les filles âgées de 11 à 14 ans. Il a fallu attendre 2019 pour que les garçons du même âge soient également concernés par cette vaccination.
Depuis, un le rattrapage est possible jusqu’à 19 ans pour tousEt 26 ans pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). “ Cette différence s’explique par le fait que les HSH constituent une population plus à risque que la population générale. », explique Lucas Vallet, militant chez Aides et membre du groupe inter-associatif de soins et de recherche thérapeutique Trt5. ” C’est une question de disponibilité des vaccins, et les HSH constituent un public prioritaire et cible. De plus, pour les personnes vivant avec le VIH, le VPH peut avoir des conséquences bien plus graves. »
Quel changement en France cette année sur le VPH ?
Cette année, la France a donc décidé de mettre en place à partir du 2 octobre la vaccination généralisée contre l’infection à papillomavirus, non genrée et gratuite pour les élèves de 5e des écoles volontaires. Au préalable, une lettre explicative sera adressée aux parents munis d’une autorisation de vaccination à signer.
Avant cette généralisation, une expérimentation dans la région Grand Est a été menée pendant 2 ans auprès de jeunes de 5ème.e. Cela a permis d’augmenter le taux de vaccination de 9 à 27 % la première année et de 14 à 31 % la seconde, ajoute l’Assurance maladie.
---Vacciner précocement permet de maximiser la protection du vaccin puisque, en théorie, les enfants n’ont pas été en contact avec le VPH. ” Chez Aides, nous militons avant tout pour la vaccination gratuite, sans distinction de sexe et jusqu’à 40 ou 50 ans comme cela se fait dans certains pays. », poursuit Lucas Vallet. ” Car même si vous avez été en contact avec certains HPV, le vaccin peut protéger contre d’autres HPV. De plus, certaines quinquagénaires ont eu moins de partenaires que certaines jeunes de 18 ans. »
Quelle suite faut-il avoir ?
La nécessité d’un frottis cervical
Pour les femmes et les personnes ayant un vagin et sexuellement actives, un frottis cervical est recommandé. Les deux premiers tests doivent être faits à un an d’intervalle, puis, si les résultats sont bons, le frottis doit être fait tous les trois ans jusqu’à 29 ans, puis tous les cinq ans jusqu’à 65 ans, souligne l’Assurance maladie. En cas de lésions, une surveillance plus régulière (chaque année) est recommandée.
Quant aux fesses, si 30 % des Français pratiquent le sexe anal, rapporte l’Association française de formation médicale continue en hépato-gastro-entérologie, peu franchissent les portes des cabinets de proctologues. Faire inspecter ses fesses chaque année permet de détecter, entre autres, le VPH. D’autant que ces lésions peuvent réapparaître une fois que le virus s’est installé dans l’organisme.
Traitements : le papillomavirus est-il traitable ?
La plupart du temps, le VPH est bénin. Dans plus de 90 % des cas, les personnes atteintes du VPH se rétablissent 12 à 24 mois après l’avoir contracté.
En revanche, à partir de 30 ans en moyenne, le VPH découvert peut être un virus qui persiste car il n’a pas été éliminé par l’organisme à temps. Dans un premier temps, il est donc recommandé d’avoir un suivi plus régulier.
Si les lésions ne sont pas précancéreuses, elles peuvent être éliminées au laser. Si les lésions sont précancéreuses, le traitement est souvent chirurgical, explique l’Institut Pasteur. Pour le cancer du col de l’utérus, provoqué uniquement par un papillomavirus, une partie du col de l’utérus sera retirée. On parle alors de conisation. ” Le cancer du col de l’utérus est traité par une combinaison de chirurgie et de radiothérapie avec une chimiothérapie adjuvante, efficace à un stade précoce.. », poursuit l’Institut Pasteur.
Pour les autres cancers anal (90 % des cas sont dus aux HPV), du pénis (27 %), ORL (entre 4 et 34 %), de la vulve et du vagin (23 %), le traitement est très souvent la chimiothérapie. En 2010, l’acteur Michael Douglas luttait contre un cancer de la langue diagnostiqué à un stade avancé. Trois ans plus tard, il révélait au Guardian que ce cancer était dû à un papillomavirus.
La France est en retard
Fin 2022, 48 % des filles et 13 % des garçons âgés de 15 ans avaient reçu au moins une dose de vaccin. Ce qui est très loin des autres pays européens. ” En 2020, en Europe, la couverture vaccinale dépassait 50 % dans 20 pays et 75 % dans 11 pays dont le Portugal, l’Espagne et le Royaume-Uni. », reconnaît l’Académie de médecine.
“ Ce retard s’explique principalement par le fait que la France a mis en place une politique hétéro-sexiste », souligne Carole Janvre, psychologue, sexologue et formatrice en santé sexuelle. “ En ciblant uniquement les filles, l’État a fait reposer sur elles uniquement le fardeau mental de la protection contre le VPH et a supposé que les relations sexuelles étaient uniquement hétérosexuelles. »
En comparaison, en Australie, où la couverture vaccinale est très élevée, de nombreuses études ont montré une réduction rapide et durable de la prévalence des infections liées aux virus HPV et du risque de lésions précancéreuses du col chez les jeunes femmes vaccinées. dès 2007, rappelle l’ANSM.
Carole Janvre espère désormais que cette campagne de vaccination s’accompagnera d’ateliers sur l’éducation sexuelle, pour inclure les étudiants dans cette démarche.