En salles ce mercredi, ce film catastrophe réalisé en France confronte Guillaume Canet à des pluies acides meurtrières. Un film qui évoque la crise climatique, mais aussi la société à la dérive.
En raison du changement climatique, les pluies acides d’Amérique latine tomberont sur l’Europe et y détruiront toute trace de vie. C’est le postulat de départ deAcideun film catastrophe en salles ce mercredi, avec Guillaume Canet en père prolétaire et ex-taulard tentant de sauver sa fille de ces pluies meurtrières.
Acide a été imaginé pour “faire peur”, raconte à BFMTV le réalisateur Just Philippot, déjà remarqué avec Le nuage, un film d’horreur sur les criquets hématophages. “Je voulais créer un méchant contre lequel je serais complètement impuissant, auquel je ne pourrais pas échapper et dont je serais incapable de protéger mes enfants.”
Conformément à La guerre des mondes de Steven Spielberg, qui met en scène une invasion extraterrestre pour mieux parler du traumatisme lié aux attentats du 11 septembre 2001, Acide vise à dresser le portrait d’une France contemporaine, exsangue après plusieurs crises sanitaires.
« J’ai voulu traiter des angoisses contemporaines avec des personnages contemporains », observe Just Philippot. “C’est un cinéma qui parle de nous aujourd’hui : pas seulement de la crise écologique, mais aussi d’une société qui ne va pas bien et qui est déstabilisée par la colère, par des parents qui ne savent plus trop où ils vont.”
« Images phénoménales du chaos »
C’est le rôle endossé par Guillaume Canet : un anti-héros sombre et violent dont le parcours n’offre aucune rédemption possible, loin des standards hollywoodiens. “Je m’intéresse de plus en plus à incarner des personnages plus complexes qui disent des choses sur mes doutes, mes angoisses, ma colère”, confirme l’intéressé.
« Quand Guillaume a lu le scénario, il a trouvé qu’il était un peu timide, se souvient Just Philippot. “Il voulait que nous allions plus loin.” “Je réagis après des années où, parce que j’avais une belle gueule, et que je faisais des films assez simples, les gens croyaient que j’étais quelqu’un pour qui tout allait bien”, commente Guillaume Canet.
---Au-delà de la dimension horrifique, Acide raconte « l’histoire d’un père et de sa fille, obligés de grandir vite pour survivre à une catastrophe sans issue », précise le réalisateur : « C’est un film sur une jeunesse qu’il faut remettre au centre des questions d’aujourd’hui. C’est le portrait de la jeunesse qui a été cher pendant le Covid.
« Je voulais voir comment on pouvait penser demain tout en voyant un monde contemporain comme fragile et en danger », analyse-t-il encore. “Ce qui m’énerve aujourd’hui, c’est de voir ces jeunes qui veulent tout détruire, scier des poteaux, jeter un bus… On vit avec des images phénoménales de chaos.”
Inaction du gouvernement
Des « images de colère » que l’on retrouve sur les chaînes d’information en continu et dans des documentaires récents comme Un pays qui se comporte sagement de David Dufresne – et qui a inspiré plusieurs scènes apocalyptiques deAcide. «Je n’ai jamais voulu imiter le cinéma hollywoodien, mais trouver une autre voie», explique Just Philippot.
Contrairement aux films catastrophe américains, souvent très patriotiques, les actions du gouvernement français ne sont jamais montrées dans Acide. «On l’a vu au début de la pandémie», insiste Just Philippot. « C’était une grosse absurdité. Nous avons inventé des solutions du jour au lendemain. Il était logique de faire cela dans Acide.»
« Je ne voulais pas prendre le spectateur pour un idiot. Il sait très bien [ce que fait ou ne fait pas le gouvernement]. C’est un hors-champ qu’il imagine très bien. Nous l’avons vécu il n’y a pas très longtemps”, poursuit le réalisateur.
Montrer comment le gouvernement réagit à une telle crise aurait aussi fait sortir le public “de l’intimité du film”, estime Guillaume Canet. « Montrer l’action du gouvernement sert à rassurer lorsqu’il n’y a pas de solution au problème. » Et d’ajouter en riant : “Le gouvernement aurait dû agir, mais il aurait dû le faire avant !”