Après vingt-deux ans à parcourir les mers comme plongeur dans la marine royale malaisienne, Sumadi Ibrahim prend sa retraite militaire et se consacre… au golf, plongeant dans les obstacles d’eau d’un parcours pour récupérer les balles perdues.
Il avait passé sa carrière d’homme-grenouille dans l’armée, plongeant dans les eaux infestées de requins des mers chaudes d’Asie du Sud-Est : des compétences pointues qu’il met désormais à profit dans son nouveau gagne-pain.
A la tombée de la nuit, Sumadi, 51 ans, atteint une banlieue de l’Etat de Selangor, qui entoure la capitale Kuala Lumpur, et explore les profondeurs des étangs d’un golf à la recherche des balles qui y ont coulé pendant la journée.
Lors de chaque expédition nocturne, il en récupère entre 500 et 600, qu’il revend aux mêmes golfeurs maladroits et frustrés qui les ont égarés.
Après la fin de sa carrière maritime, Sumadi Ibrahim aurait pu choisir une vie plus conventionnelle : mais il ne résiste pas au plaisir de s’immerger à nouveau, même si les obstacles d’eau des golfs dépassent à peine deux mètres de haut. profondeur.
“J’ai l’habitude d’être à la mer”, confie-t-il à l’AFP, un sourire nostalgique adoucissant son visage.
-Clair de lune-
Sumadi a entendu parler pour la première fois du créneau potentiellement lucratif de la récupération des balles de golf lors d’une conversation informelle avec des amis.
Intrigué, le père de trois enfants s’est aventuré pour la première fois dans les eaux troubles du golf en 2012. Depuis sa retraite en 2014, c’est devenu sa principale Source de revenus.
Trois soirs par semaine, lorsque les greens bien entretenus disparaissent dans l’obscurité, Sumadi vient repêcher les balles – sans équipement respiratoire.
«Je n’apporte pas de lampe de poche. Le clair de lune est ma seule Source de lumière », dit-il en riant. “Lorsque mes mains et mes pieds entrent en contact avec un certain objet, je suis capable de dire si c’est une balle ou non.”
Il sort de l’eau avec les balles trouvées fourrées dans sa chemise, regroupées autour de sa taille.
Même si son nouveau travail peut sembler moins risqué que ses anciennes missions militaires, il comporte néanmoins certains risques, dans des eaux glaciales et sombres qui mettent à l’épreuve son endurance physique et sa résilience mentale.
Le fond des étangs est parsemé « d’épines de palmiers, de débris et de coquilles d’escargots brisées : comme l’eau est sombre, je marche souvent dessus », soupire Sumadi.
« Et j’ai toujours peur des crampes. Pour limiter le danger, j’ai recruté un assistant à - partiel pour surveiller pendant que je plonge : s’il arrive quelque chose et que je reste coincé ou blessé, au moins quelqu’un sera là pour m’aider.
Chaque samedi, il installe un stand à l’entrée du golf à 8 heures précises et vend les balles par lots de vingt, disposées dans des paniers sur un présentoir de fortune — pour un prix par balle allant de 0,70 à 6 ringgit. selon la marque et la qualité (de 0,15 à 1,29 euros).
De quoi lui rapporter jusqu’à 8 000 ringgits par mois (1 700 euros), soit près de trois fois le salaire mensuel médian des Malaisiens.
-«Aider l’environnement»-
Le golf est une activité longtemps critiquée pour son impact environnemental : défrichement de zones sauvages pour laisser place à de vastes pelouses, pratique réservée aux élites, énormes volumes d’eau pour arroser les greens, etc.
Sumadi ne se prétend pas écologiste, mais en empêchant des milliers de balles de golf contenant du plastique et du caoutchouc de se désintégrer dans la nature, il estime apporter sa petite contribution à la protection de l’environnement.
Parmi ses clients se trouve l’homme d’affaires Gilbert Tan, un joueur régulier du parcours où il plonge : « Je lui ai acheté plusieurs fois des balles de golf d’occasion », raconte-t-il.
“Et comme les plastiques ne sont pas vraiment biodégradables, en achetant des balles +recyclées+, je fais ma part pour aider l’environnement”, argumente-t-il.
Sumadi se dit fier de son rôle de charognard infatigable de son domaine sous-marin : « Je considère le terrain de golf comme ma propre maison. Je continuerai à plonger aussi longtemps que je le pourrai.
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