Partager la publication « Ugo Coussaud : « Vivre aux Etats-Unis, ce n’est pas mon rêve » »
Pour sa première saison sur le DP World Tour, Ugo Coussaud réalise un quasi-sans-faute. 31e de la Race à l’aube du DP World Tour Championship, dernier rendez-vous XXL de l’exercice 2023-24, le joueur du Team Saint Laurent fait le point et n’évite pas la question d’évoluer prochainement sur le PGA Tour. Une très belle performance à Dubaï pourrait bouleverser son calendrier. Même si la vie outre-Atlantique, avoue-t-il, n’est pas « sa tasse de thé ». »
Propos recueillis par Lionel VELLA, à Dubaï
C’est sur la terrasse à peine ombragée du practice Domaines de golf de Jumeirah quoi Ugo Coussaud passé quelques minutes avec nous. Hyper détendu après avoir décroché une superbe sixième place à Abu Dhabi le week-end dernier, le natif d’Angoulême, accompagné du manager du Équipe St Laurent, Maxime Démorydécrypte sa première et très riche saison sur le Tour Européen.
GOLF PLANÈTE : 2023-24 est-elle la saison de rêve pour vous ?
Ugo COUSSAUD : Oui, définitivement. Le rêve aurait peut-être été de décrocher une victoire. Pourquoi pas cette semaine ? Il y a encore une possibilité. Pour une fois, ce serait vraiment une saison de rêve. Mais évidemment, je suis très satisfait de cette première saison sur le Tour.
GP : Vos apparitions sur l’European Tour l’année dernière alors que vous étiez encore membre du Challenge Tour vous ont-elles permis de mieux comprendre cette arrivée au plus haut niveau et, donc, de performer très rapidement ?
UC : Oui, sans aucun doute. J’avais pris la mesure de certains itinéraires (NDLR, cinq tournois joués, trois cuts réalisés). Et surtout le niveau de jeu requis. Et j’ai réalisé que j’étais complètement à ma place. Cela m’a permis d’arriver beaucoup plus sereinement.
Je suis encore un peu anxieux de nature. Je me suis demandé : « Je suis là, ok, mais est-ce que j’ai vraiment ma place ici ? Est-ce que je pourrai conserver ma carte ? »
Ugo Coussaud
GP : Y avait-il certaines choses que vous redoutiez malgré tout ?
UC : Je suis encore un peu anxieux de nature. Je me suis demandé : « Je suis là, ok, mais est-ce que j’ai vraiment ma place ici ? Est-ce que je pourrai conserver ma carte ? » Il y a plein de joueurs qui arrivent et se perdent. Les choses vont tellement vite dans le golf de haut niveau. Je suis très content pour le moment mais je suis conscient que ça pourrait très vite aller dans l’autre sens. C’est un sport tellement compliqué. Le plus important est d’avoir une bonne équipe autour de soi. Cela me permet d’identifier les choses qui fonctionnent et pas seulement celles qui ne fonctionnent pas. Nous devons juste essayer d’améliorer quelques petits points et c’était le plus important pour moi.
GP : Vous avez donc été très vite rassuré avec cette deuxième place au Qatar en début d’année…
UC : Complètement ! Tout s’est soudainement détendu pour moi (rire). Avoir la carte si tôt dans l’année était un régal. Cela permet aussi de mettre les choses en place plus sereinement pour la suite de la saison, de s’autoriser plus de choses, notamment en termes de préparation mentale, mais aussi d’économiser de l’énergie pour mieux performer sur les parcours. C’est un cercle qui fait du bien. C’est un cercle vertueux.
GP : Sur les vingt qui ont rejoint le Challenge Tour fin 2023, seize ont conservé leur carte et trois ont même gagné sur l’European Tour. Cela vous surprend-il ?
UC : Non ! C’est un Tour très exigeant qui vous prépare idéalement à affronter l’étage supérieur. Le niveau de jeu est fou.
Mon objectif ultime était de faire un top 30 à la Race pour me qualifier pour The Open 2025 (à Royal Portrush) mais j’ai appris que c’était désormais uniquement le top 25 qui était concerné.
Ugo Coussaud
GP : Benjamin Hébert a récemment déclaré qu’il était plus difficile de progresser en dehors du Challenge Tour que de conserver sa carte sur le DP World Tour. Vous confirmez ?
UC : Il a beaucoup d’expérience des deux Tours. Je suis clairement d’accord avec lui. Après, les années du Challenge Tour sont des années de construction. Ils permettent de travailler dans l’ombre. Mais si on travaille bien, ils nous permettent d’arriver solidement sur le Tour européen. C’est clairement un bon circuit. Il faut le préserver et le développer pour que les joueurs qui se présentent soient les plus performants possibles.
GP : Hormis cette victoire qui vous refuse encore, tous les objectifs ont-ils été atteints cette saison ?
UC : Oui ! Mon objectif ultime était de faire un top 30 à la Race pour me qualifier pour The Open 2025 (au Royal Portrush) mais j’ai appris que seuls les 25 premiers étaient concernés. Nous l’avons appris juste avant le tournoi d’Abu Dhabi. J’ai fait un joli saut après le Championnat HSBC d’Abu Dhabi (+11 places dans la Course) mais j’ai encore du travail cette semaine, sachant que c’est une semaine bonus pour moi, sans vraiment beaucoup de pression. Mais avec cela néanmoins dans un coin de ma tête.
GP : Et puis il y a cette folle question des dix places sur le PGA Tour pour 2025…
UC : Oui, absolument ! Pour moi, c’est un bonus bonus ! Si cela se produit, ce sera la cerise sur le gâteau. Et nous aurons ensuite beaucoup de discussions avec mon staff pour gérer cela. Et j’irai jouer là-bas. Mais je ne me lève pas tous les matins en me disant : « Je dois faire ce top 5 ou ce top 10 pour y parvenir. » D’ailleurs, je ne sais même pas. C’est un peu comme Matthieu Pavon l’année dernière ici qui avait terminé avec quatre birdies dimanche et gagné son droit de jouer. Et c’est parti pour lui. Si cela arrive, c’est génial. Si cela n’arrive pas, je serai quand même très content de ma saison.
GP : Que vous inspire la vie aux États-Unis ?
UC : Ce n’est pas ma tasse de thé. Mais pour le golf, c’est génial ! Pour être honnête, vivre aux États-Unis n’est pas mon rêve. Du tout ! Cela ne m’empêche pas d’y aller. Je ferai de mon mieux. Mais je ne pense pas que je vivrai mes vieux jours aux Etats-Unis !
Photo : ROSS KINNAIRD / GETTY IMAGES EUROPE / Getty Images via AFP