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«J’ai décidé de quitter l’Opéra de Paris»

Première danseuse de l’Opéra de Paris depuis 2019, Marion Barbeau s’est fait connaître du grand public en apparaissant pour la première fois à l’écran dans Dans le corps de Cédric Klapisch, un rôle taillé sur mesure pour un danseur capable à la fois du plus classique et du plus contemporain. Depuis, Marion Barbeau est en congé de l’Opéra pour explorer toutes les strates de son art à sa guise. Exposé cet autonome DroneThriller technologique de Simon Bouisson, dans lequel elle se retrouve traquée et piégée dans un dispositif de voyeurisme, Marion Barbeau nous montre comment utiliser son corps comme instrument d’émancipation.

En quête d’émancipation

Après deux années de disponibilité à l’Opéra de Paris, durant lesquelles Marion Barbeau a pu multiplier ses expériences tant en danse contemporaine qu’en cinéma, elle choisit de quitter définitivement l’institution. “C’est une page qui se tourne, c’est un beau saut dans le vide. J’avais l’impression que c’était la suite logique de ce que j’avais vécu ces dernières années. Je voulais me sentir plus libre pour les projets avec d’autres chorégraphes et d’autres cinéastes

Elle le motive aussi par l’envie de se confronter à des personnages plus complexes : «Ce qui m’a frustré dans la danse classique, c’est que pour décrire des personnages féminins, on fait un va-et-vient entre quatre adjectifs : elle est belle, romantique, douce et joueuse. Je voulais des personnages plus ambivalents». Dans Drone, Marion Barbeau incarne Emilie, une jeune architecte récemment arrivée à Paris : «J’aime ce personnage car il est très ambivalent. Au début de l’histoire on se sent bloquée, coincée, introvertie, elle a peur du regard des autres et notamment du regard des hommes et en même temps on sent une force bouillonnante, elle a envie de reprendre possession de son corps.

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Ce désir d’émancipation, du corps et par le corps, répond singulièrement à l’expérience de Marion Barbeau : «Mon métier est directement lié au corps. En danse classique on façonne le corps de manière très stricte, il y a des modèles auxquels il faut correspondre. Dans ma vie je me suis progressivement libéré de ces contraintes, c’est donc ce que j’ai réinvesti dans le film.» Pistée par un drone, Marion Barbeau est dans tous les plans : «en tant que danseur, on a l’habitude d’être regardé, jugé. J’ai commencé à travailler à me détacher de ce regard, tout en étant conscient que j’en ai besoin

Elle trouve donc dans le cinéma un cadre pour expérimenter de nouvelles façons de s’exprimer : «Au cinéma, il y a une quête du moment présent. C’est comme sur scène. Nous sommes inaccessibles et cela nous permet de faire sortir les choses. Des choses que nous ne pouvons pas faire habituellement, à cause des conventions sociales. Nous essayons de sublimer la fragilité. Il s’agit de lâcher prise. Il n’y a rien de plus beau que de voir un acteur qui s’y rend et s’en fiche.

Son actualité :

  • Dronede Simon Bouisson en salles le 2 octobre 2024

Extraits sonores :

  • La danseuse et chorégraphe québécoise Marie Chouinard, sur France Culture en 2022
  • La réalisatrice Macha Makéieff sur France Inter en 2023
  • Remorque de drone
  • « Chaussures de danse » des Arctic Monkeys, de l’album Quoi que les gens disent que je suis, c’est ce que je ne suis pas
 
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