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« Nous espérons que les paroles des professionnels de santé porteront plus que des messages collectifs »

De 18 à 75 ans, quatre tranches de vie scannées par un médecin, un infirmier, une sage-femme ou un pharmacien, invités à interroger les Français sur leur alimentation, leur sommeil, leur activité physique, leur santé mentale et sexuelle… promis depuis longtemps, les « Bilans de prévention », susceptibles de toucher 21 millions de personnes, sont lancés ce mois-ci. Valérie Tchen Fo, responsable du secteur prévention à l’Assurance maladie de l’Hérault, se félicite de la mise en place de ce nouveau dispositif.

Valérie Tchen Fo est responsable du secteur prévention à l’Assurance Maladie de l’Hérault.

Valérie Tchen Fo: “ is late”.

Les bilans de prévention pour tous sont annoncés depuis longtemps, ils sont désormais proposés aux Français, enfin ?

Oui ! La France est en retard. Nous faisons beaucoup de choses sur le terrain, mais cela ne suffit pas. L’assurance maladie envoie des invitations et des informations, mais l’influence des professionnels de santé est importante. Non seulement ils sont formés à toutes les actions de prévention, mais ils ont aussi une voix qui, nous l’espérons, portera plus de fruits que nos messages collectifs. J’espère aussi que les professionnels de santé en profiteront.

Les messages envoyés jusqu’à présent ne fonctionnaient pas ?

Non, nous sommes encore en processus de guérison. Nous nous concentrons beaucoup sur les dépistages des cancers, du sein, colorectal et de l’utérus, et nous avons des taux de participation beaucoup trop faibles, notamment pour le colorectal. Dans l’Hérault, c’est 24,82% de participation. Nous avons beaucoup de mal à convaincre nos assurés, malgré tous nos messages, en facilitant l’accès au kit, de se faire tester.

La Caisse nationale d’assurance maladie est partie du fait qu’en mobilisant les professionnels de santé, et en mobilisant plusieurs d’entre eux, et pas seulement le médecin, on peut relayer des messages de prévention, dans un espace dédié, sur une durée longue, sur trente à quarante minutes. Nous souhaitons que les gens deviennent acteurs de leur santé, accompagnés par un professionnel.

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— Ministère de la Santé et de l’Accès aux Soins (@_Gouv)

Il n’y a aucun tabou dans les sujets évoqués : il s’agit aussi d’addictions, de santé sexuelle, de santé mentale, de violence…

Oui, et le message est adapté selon les tranches d’âge : pour les 18-25 ans, ce seront les maladies chroniques, les addictions, la santé sexuelle, le sommeil, la santé mentale et le dépistage des infections sexuellement transmissibles.

A 18 ans, on a moins de soutien parental, on entre dans la vie active ou dans les études supérieures, on doit se prendre en main, la tranche 18-25 ans n’a pas été choisie au hasard. La tranche d’âge 45-50 ans est une période clé pour le dépistage organisé des cancers. Pour les 60-65 ans, nous ciblons les maladies chroniques. Et pour les plus âgés, ceux de 70 à 75 ans, aux maladies chroniques s’ajoutent les risques d’isolement et de dépendance.

Les professionnels de la santé orienteront leurs discussions en fonction de ces résultats.

Des messages adaptés aux tranches d’âge

Très concrètement, comment ça marche, les gens reçoivent-ils un courrier de l’assurance maladie, ou doivent-ils s’adresser directement à un professionnel de santé ?

Les deux. Depuis janvier, nous communiquons avec les professionnels de santé concernés, ils peuvent bénéficier d’un accompagnement pour la réalisation d’entretiens, de formations en e-learning… les outils sont nombreux. Dès janvier, les professionnels de santé ont commencé les évaluations. Il s’agit principalement de médecins, qui peuvent spontanément le proposer à leurs patients.

Par ailleurs, avec le lancement ce mois-ci de la campagne nationale de prévention, de plus en plus de personnes sont informées.

Mieux identifier pour prévenir ou mieux guérir : un parcours incontournable.
Midi Libre – SOPHIE WAUQUIER

Enfin, depuis le début du mois, l’Assurance maladie envoie des invitations, par tranche d’âge. On commence par les 70-75 ans. La lettre explique qu’il s’agit d’une consultation gratuite, sans frais initiaux, avec le professionnel de santé de son choix, qu’il le connaisse ou non. Vous pouvez remplir, si vous le souhaitez, un auto-questionnaire avant le rendez-vous. Il est disponible sur ameli, ou sur leur espace santé. Il n’y a aucune obligation, mais c’est à partir de là que le professionnel de santé identifiera les facteurs de risque et discutera avec le patient pour mettre en place un plan de prévention personnalisé sur un ou deux sujets prioritaires, avec parfois une orientation vers d’autres professionnels de santé.

Dirigez-vous où font les gens ?

Sur le site du gouvernement esante, les professionnels de santé peuvent se déclarer participants à l’évaluation de prévention. Mais ce n’est pas obligatoire. Vous pouvez également demander conseil à un professionnel que vous connaissez.

Qu’a donné l’expérimentation dans les Hauts de France ?

Cela concernait uniquement la tranche d’âge de 45 à 50 ans. Les professionnels de la santé ont donné des retours positifs.

« Nous voulons réduire les inégalités territoriales de santé »

On n’est pas sur les services proposés par certaines mutuelles, et dans le rôle de la médecine du travail ?

Ces avantages ne concernent que certaines catégories de personnes. Avec ces évaluations de prévention, nous voulons réduire les inégalités territoriales de santé, c’est-à-dire aller chercher des personnes non responsables de leur santé, un public vulnérable. Nous savons combien il est parfois difficile de trouver un médecin traitant. Si c’est compliqué, il y a des infirmières, des sages-femmes

Faire entrer dans le système de santé des personnes qui en sont très éloignées…

Exactement. Faire ses dépistages, s’intéresser à sa santé, c’est entretenir son capital santé. Lors du bilan, des actions préventives peuvent déjà être menées : une sage-femme peut par exemple réaliser un frottis. Le pharmacien peut délivrer une trousse de dépistage du cancer colorectal à une personne qui n’est pas à jour.

Il peut s’agir d’un acte direct de prévention ou de dépistage, ou encore d’une orientation vers un autre professionnel de santé.

 
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