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“Sur la question de la fiscalité, je n’ai pas de ligne rouge”, affirme le sénateur Jean-François Husson

Ce n’est pas une victoire. A l’approche du discours de politique générale de Michel Barnier, ce mardi 1est En octobre, tout le dans le camp de l’ancienne majorité présidentielle augmente la pression, avec la question de la hausse des impôts au cœur des débats. Le premier ministre se retrouve pris entre les lignes rouges de chacun, ce qui complique encore davantage une tâche déjà ardue.

Dans un entretien au Journal de Saône-et-Loire, Michel Barnier a été clair : « Nous allons faire appel, exceptionnellement et temporairement, à ceux qui peuvent contribuer à cet effort », a-t-il annoncé. S’il faut attendre les annonces, Le Monde donne déjà des pistes : un prélèvement de 8 milliards d’euros sur les grandes entreprises, via une surtaxe d’impôt sur les sociétés, la taxe sur les rachats d’actions, qui était déjà dans les cartes de l’ancienne majorité, un augmentation de l’écotaxe automobile ou encore durcissement de la fiscalité sur les logements meublés comme Airbnb.

Gérald Darmanin puts pressure on Michel Barnier

Rien qui va de soi. Le sujet de la fiscalité est à l’œuvre depuis plusieurs jours au sein du « bloc central », qui regroupe Renaissance, Modem et Horizons. S’ils soutiennent le gouvernement Barnier – ils en sont membres –, ce n’est pas les yeux fermés. Michel Barnier a quelques amis qui lui souhaitent bonne chance… au point de s’y opposer.

Pour sa rentrée politique, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, n’a pas ménagé ses efforts. “Je sais que beaucoup d’entre nous ne pourront pas soutenir un gouvernement qui augmenterait les impôts”, a prévenu l’ancien ministre de l’Intérieur, en lançant son groupe de réflexion, baptisé “Populaire”. Il n’est pas le seul. Dans une tribune publiée dans La Tribune, 27 députés Renaissance du groupe Ensemble pour la République, et non des moindres, tiennent le même discours. « Il nous semble […] impensable qu’après sept ans de baisses d’impôts ce soit l’alliance du bloc central qui finisse par renoncer à la stabilité fiscale pour les augmenter», soutient le député Mathieu Lefèvre, auprès des anciennes ministres Aurore Bergé et Marie Lebec ou de l’ancien président de groupe Sylvain Maillard. .

« Pitoyable et épouvantable »

Pourtant, le sujet fait débat parmi les partisans du gouvernement. « Et s’il y a des augmentations d’impôts, que feront-ils, voteront-ils la censure ? » demande un cadre de Renaissance, qui s’étonne du ton de l’avertissement et qui préfère « éviter de réagir aux déclarations péremptoires du week-end ». La même personne pense qu’« il va falloir » arranger les choses. « J’entends plus des communications, que des positions définitives », glisse ce parlementaire. Un autre, classé à droite, voit également un élément de posture. Il apprécie encore moins la pression de Gérald Darmanin. «C’est tout simplement pitoyable et épouvantable. Le jeu des comédiens et la mascarade consistant à se tirer des coups puis à se réconcilier, les Français le voient bien », affirme cet élu.

Un sénateur issu de l’ancienne majorité présidentielle attend « de connaître les propositions » avant de se prononcer, ne voulant pas « faire un procès d’intentions ». Mais il se demande. « Si quelqu’un me parle d’augmentations d’impôts via des rachats d’actions, des sociétés énergétiques, je dis pourquoi pas. Mais quand il parle de « ceux qui peuvent contribuer », qui sont « ceux-là » ? »

De l’autre côté de cette grande famille, au Modem, qui défendait déjà une taxe sur les superprofits des entreprises, nous sommes prêts à lui emboîter le pas. « Nous ne sommes pas fermés à demander des efforts aux personnes les plus riches – aux tranches les plus élevées – et aux très grandes entreprises, à travers une contribution exceptionnelle. Nous sommes par ailleurs prêts à lutter contre les niches fiscales, à analyser les situations de rentes, à annuler les baisses d’impôts prévues, comme la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises”, a soutenu dans Ouest l’ancien ministre Marc Fesneau, aujourd’hui à la tête du Groupe moderne de députés.

« Ne vous y trompez pas, la réponse au déficit n’est pas fiscale »

Chez les députés de la Renaissance, nous entendons contribuer au débat. Déjà en « remettant la mairie au milieu du village », comme le dit le député David Amiel. « Ne vous y trompez pas, la réponse au déficit n’est pas fiscale. Nous avons un peu perdu le sens des ordres de grandeur. A terme, il faut réduire le déficit de 110 milliards d’euros. Évidemment, vous ne les trouverez pas grâce aux impôts. C’est plus que la totalité de l’impôt sur le revenu. Nous devons donc réaliser des économies dans les dépenses publiques », a déclaré le député de la commission des finances de l’Assemblée.

Le député parisien pose également ses limites : « S’il y a des hausses d’impôts que j’estime fragiliser notre économie, je voterai contre », prévient David Amiel, « très hostile à la hausse de l’impôt sur le revenu. Même chose pour les entreprises : « Je suis très hostile à la hausse de l’impôt sur les sociétés, même si elle a concerné les grandes entreprises, d’autant que ce sont elles qui ont tendance à délocaliser », prévient ce proche d’Emmanuel Macron, qui « trouve démagogique de vouloir pour les cibler ». Même opposition à toute « augmentation des charges ». Si celui qui a mené une mission d’information sur les superprofits trouve « légitime de remettre en question certaines rentes », il ajoute :

David Amiel propose « un impôt net, avec un montant minimum d’impôt que l’on demande aux plus riches »

David Amiel est en revanche “favorable à la taxe sur les rachats d’actions, à la lutte contre l’optimisation fiscale ou encore à l’assainissement d’un certain nombre de niches fiscales, là où je n’ai aucune difficulté”. Cet ancien conseiller de l’Elysée évoque notamment « un débat qu’il y aura sur le pacte Dutreil (qui permet la cession d’une entreprise avec une large défiscalisation, ndlr). Il ne s’agit pas de le supprimer, c’est très utile pour protéger nos entreprises. Mais on sait qu’il peut y avoir un certain nombre de détournements ou d’abus.»

Quant à la fiscalité des très riches, David Amiel a ses propres idées sur le sujet. «Plutôt que d’augmenter les impôts, qui sont contournés, on peut faire en sorte que ceux qu’on sollicite soient mieux payés», imagine le député Renaissance. Jugeant « intolérable » que « certains très riches paient 2 % de leurs revenus réels en impôts », il met une proposition sur la table. «Je nous invite à réfléchir à un impôt net, en ayant un montant minimum, un net, que l’on demande aux plus riches, pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’abus du système. C’est une piste qui me semble importante», affirme David Amiel. En vue d’un éventuel amendement lors du budget, il “travaille techniquement” actuellement sur le sujet, mais la question est “un peu compliquée”.

“Nous avons identifié plus de 130 actions susceptibles de réduire les dépenses publiques”, explique Jean-François Husson

Chez les LR, qui soutiennent le gouvernement Barnier, la question de la fiscalité n’est pas non plus évidente. Surtout pour une famille politique dont l’ADN est davantage en faveur d’une baisse des impôts. Mais le débat existe aussi.

Au Sénat, pour le rapporteur général du budget, Jean-François Husson, le premier objectif est de faire des économies. Ses services travaillent sur le sujet en vue du projet de loi de finances. « Nous avons identifié plus de 130 actions susceptibles de réduire les dépenses publiques. Nous avons fait un gros travail de fond», explique le sénateur du groupe LR. Il rappelle au passage que la majorité sénatoriale « a voté l’an dernier 7 milliards d’euros d’économies. Le gouvernement a déclaré que ce n’était pas le moment. Nous allons donc essayer d’aller plus loin. Il ajoute : « Je suis favorable à une réduction des dépenses publiques, partout où nous pouvons le faire, cela doit être un réflexe. »

« Plutôt que d’être têtu et borné, je préfère dire : on va chercher »

Qu’en est-il des augmentations d’impôts ? « La France est toujours leader en matière de prélèvement d’impôts », commence par rappeler le rapporteur général du budget. Mais il ne ferme pas encore la porte. « Si nous trouvons suffisamment de milliards économisés, sans augmentation d’aucune sorte, tant mieux. Mais je ne suis pas sûr que dans les délais impartis, cela soit possible. Plutôt que d’être têtu et borné, je préfère dire : on va chercher», confie Jean-François Husson. Autrement dit, « cette question (la hausse des impôts) ne se pose qu’une fois qu’on a fait l’inventaire de l’épargne ». Pour être clair, il ajoute : « Sur la question de la fiscalité, je n’ai pas de ligne rouge car je considère qu’il faut entendre, écouter tout le monde, pour avoir un dialogue constructif et fructueux. Mon objectif est de redresser la situation et d’aplanir progressivement les comptes.»

Concrètement, Jean-François Husson donne un exemple d’une possible hausse d’impôt, qui serait en réalité la fin d’une réduction d’impôt exceptionnelle. « La TICFE (taxe intérieure de consommation finale de l’électricité) a été abaissée au moment de la crise énergétique. Il a été convenu de revenir à la normale. Mais nous n’avons fait qu’une partie du chemin. Il faut que les impôts reviennent au niveau où ils étaient avant la crise », plaide le sénateur de Meurthe et Moselle, qui s’interroge : « Peut-on continuer à offrir des cadeaux, sans regarder, sans compter ? Non “.

“Tout le monde sait que ça finira par un 49,3”

Autre piste : la taxe sur les superprofits. Alors que la majorité sénatoriale l’avait rejeté jusqu’à présent, lors des débats, cette année, le rapporteur ne ferme pas la porte. “Je vais regarder.” Je ne mets pas de verrou», assure Jean-François Husson, qui met en revanche en garde contre les «symboles» sur les plus riches. De quoi permettre un débat musclé, en vue du projet de loi de finances, mais à condition qu’il soit ouvert, espère le rapporteur : “Si tout le monde arrive avec mille et une lignes rouges, vous n’avancez pas”. Reste un résultat, comme l’évoque un parlementaire du bloc central et de plus en plus évoqué officieusement : « Les débats vont être très difficiles, car tout le monde sait que cela se terminera par un 49,3. Il semble impossible de faire autrement.

 
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