Donatella Versace portait un tailleur-pantalon rouge cerise pour l’avant-première de sa collection dans son studio de création, et une mini-robe de la même couleur pour son défilé. On ne la voit presque jamais en noir, et les vêtements sont le canal de communication de Donatella avec le monde depuis qu’elle a commencé à travailler avec son frère en 1976, c’était donc un message fort. « J’ai le sentiment que je dois apporter de la positivité », a-t-elle haussé les épaules. « C’est un moment terrible. La guerre déchire le monde. Que puis-je faire d’autre que d’essayer d’apporter de la joie ?
Pour retrouver cette joie insaisissable, elle a revisité la fin des années 1990. « C’était une époque très Versace. Je fumais tout le temps ! Je ne réfléchissais pas beaucoup, vous savez ? La mode peut parfois devenir très intellectuelle. »
Chez Versace, rien de tel. Donatella, bien décidée à s’amuser, a agrémenté chaque détail d’un esprit de fête. Les mannequins marchaient comme si elles avaient bu un shot de tequila au moment même où leur chanson retentissait dans le club : les yeux aux cils lourds fixés devant eux, se dandinant rapidement vers la piste de danse. Des flacons de parfum miniatures en cristal étaient portés en guise de bagues de cocktail, et le liquide scintillait sous les lumières lorsqu’elles passaient devant. Une nouvelle sandale haute « champagne » était terminée par un disque plat à la base d’un talon fin, de sorte qu’elle ressemblait à la tige et à la base d’une flûte à champagne.
Sur le mood board de Versace, on pouvait voir des images d’une jeune Kate Moss, d’un mannequin sur un podium Versace avec sa chemise déboutonnée jusqu’à la taille, de jeunes gens séduisants posant avec des cigarettes. Sur le podium, des pièces dépareillées semblaient délibérément portées. Les couleurs étaient les pastels sucrés d’une époque où Britney Spears passait à la radio et Buffy contre les vampires à la télévision. Pas de palette de couleurs neutres sophistiquées ici. Le mélange de citron et de lilas, ou de café et de corail, donnait une impression de jeunesse et d’insouciance.
Les imprimés à tête de Méduse contrastaient avec les motifs floraux tropicaux. La silhouette d’une jupe droite, descendant au-dessus du genou et restant basse sur les hanches, associée à un petit cardigan fermé par un ou deux boutons centraux, rappelait une époque où la garde-robe de Jennifer Aniston en Rachel Green dans Friends était, pour une génération X encore jeune, une référence incontournable en matière de power dressing.
Les robes de soirée Versace en maille métallique fluide, les costumes Chanel de la culture VIP des années 1990, ont été réinventés dans une nouvelle fabrication durable, en nylon imprimé en 3D plaqué chrome.
Par une douce nuit de fin d’été, le défilé a eu lieu dans l’élégante cour centrale du Castello Sforzesco à Milan. La place pavée était traversée par une passerelle en forme de X, éclairée par des néons déchiquetés, qui contrastaient avec les pierres du XVe siècle. Comme Versace l’a admis lors de l’avant-première, chaque saison est différente, mais elle préfère toujours « plus que moins ».