A l’annonce du nouveau gouvernement, l’annonce de son nom au poste de secrétaire d’Etat à la Consommation a provoqué quelques grincements de dents. Laurence Garnier, sénatrice LR de Loire-Atlantique depuis quatre ans, a semblé cristalliser les tensions entre Emmanuel Macron et le Premier ministre Michel Barnier, qui souhaitait la voir occuper le ministère de la Famille. Le président a même demandé à la retirer de la liste, indique BFM TV.
Il faut dire que le profil de la cheffe de file de l’opposition nantaise, âgée de 46 ans, contraste radicalement avec celle dont elle était censée prendre le poste : la Modem Sarah El Hairy, démissionnaire, et qui fut la première ministre ouvertement homosexuelle à devenir mère grâce à la PMA pour toutes.
Soutienne de la Manif pour Tous, Laurence Garnier semble en porte-à-faux sur ces questions : elle s’est par exemple opposée en 2021 à la création d’un délit punissant les thérapies de conversion, pratiques visant à imposer l’hétérosexualité aux personnes LGBT. En février 2024, elle a voté contre l’inscription dans la Constitution de la garantie de la liberté d’avorter : « Nos concitoyens attendent du gouvernement qu’il s’occupe de remettre notre pays sur pied, plutôt que de problèmes qui n’existent pas », a-t-elle justifié.
« Je n’ai plus de mots, juste une colère folle »
Proche du possible futur ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, avec qui elle a siégé au conseil régional des Pays-de-la-Loire en tant que vice-présidente à la Culture, Laurence Garnier a également suscité l’émoi, d’abord à gauche et dans le milieu associatif, puisque son nom a été évoqué. « Contre le droit à l’avortement, Manif’pour tous… Voici Laurence Garnier […] «Je n’ai plus de mots, juste une colère folle», a réagi la députée LFI Manon Aubry sur X.
Une tension qui gagnerait son propre camp puisque Geoffroy Didier, secrétaire général du parti Les Républicains, a confié ce vendredi matin à France Info qu’il ne partageait pas « ses positions personnelles »… « C’est à elle de savoir si elle peut respecter les positions du gouvernement qui seront différentes », a-t-il ajouté, visiblement embarrassé.
La nomination de cette ancienne responsable des ressources humaines chez PSA et mère de quatre enfants constitue en tout cas un sérieux camouflet pour une autre figure du PS, qu’elle connaît bien. Johanna Rolland, numéro 2 du parti et maire de Nantes, que l’intéressée tente de renverser depuis deux mandats, et dont on aurait pu attendre qu’elle entre au gouvernement après la victoire du Nouveau Front populaire aux législatives.
