Nul ne sait si les modalités de libération des otages israéliens détenus par le Hamas dureront jusqu’à la fin des différentes phases envisagées. Tout peut mal tourner à tout moment. Mais il est une réalisation que même un échec ne pourra jamais anéantir : la victoire morale d’Israël sur l’histoire. C’est avoir placé la barre de nos valeurs plus haute que celles établies par les critères militaires ou politiques du moment. Si élevé, en fait, qu’aucune nation au monde, aucun peuple, ne peut prétendre égaler l’engagement moral d’Israël envers son propre peuple. Aucun pays ne serait capable d’accepter les énormes sacrifices que font aujourd’hui les Israéliens pour sauver certains de leurs concitoyens. Ce caractère sacré de la vie prôné par le judaïsme, cette tradition sioniste de ne laisser personne de côté, de n’abandonner aucune âme, fait honneur au peuple d’Israël. Et honte à ceux qui l’exploitent si cruellement.
Au-delà des calculs de base du nombre de terroristes qui seront échangés contre un seul otage, il y a l’arithmétique de la grandeur d’esprit et de cœur. Que nos ennemis se vantent. La seule victoire dont ils peuvent se vanter est celle remportée sur le champ de bataille de la haine et de la sauvagerie. Le prix qu’ils fixent est bien trop bas. Un Israélien ne vaut pas seulement cent ou mille terroristes. C’est trop peu. Il vaut des dizaines de milliers car les terroristes, en termes de valeur humaine, ne valent absolument rien. Dans le cas du Hamas, si le prix à payer est si exorbitant, la faute de l’État d’Israël n’est qu’à lui-même. Parce que c’est le prix des erreurs qu’il a commises. Celle d’avoir évacué Gaza en 2005 sans assurer une succession modérée, celle d’avoir laissé le Hamas se renforcer au fil des années, celle du 7 octobre 2023. Celle d’avoir créé un monstre.
Certains déplorent à juste titre le retrait des troupes de Tsahal et la libération de centaines de meurtriers dangereux qui ne rêvent que de récidiver. Ils oublient qu’il sera toujours temps de réinvestir Gaza si nécessaire et d’éliminer les terroristes libérés un peu plus tard. Pendant vingt ans, Israël a laissé le Hamas recruter des milliers d’assassins, creuser des centaines de kilomètres de tunnels et produire des milliers de missiles. Alors, attendre encore un an ou deux pour enfin régler leurs comptes n’est pas si mal. Mais il y a des soldats tombés au combat, blessés, invalides. N’est-ce pas une insulte pour eux que d’accepter les conditions du Hamas ? Au contraire, c’est le plus grand hommage que l’on puisse leur rendre. Ils n’ont pas combattu avec pour objectif premier de tuer autant de terroristes que possible. Lorsqu’ils étaient à Gaza, ils s’approchaient d’une rue, d’un immeuble, ce qu’ils espéraient avant tout c’était d’y trouver des otages et de les libérer. Ils ne se battaient pas si farouchement par haine de l’ennemi ou par simple désir de vengeance, mais par amour. Amour du prochain, amour de la vie, amour d’Israël.
-Dans les livres d’histoire, il ne sera question d’une victoire israélienne que si les otages reviennent. Sinon, malgré les succès militaires sur le terrain, on parlera de défaite. C’est ce que ressent la grande majorité de la population israélienne, comme le révèlent les sondages. Cela inclut les familles dont les membres ont été victimes d’attaques ou ont perdu un être cher à la guerre. Depuis le 7 octobre 2023, les Israéliens ne cessent de penser aux otages. Le pays tout entier souffre avec eux, jour après jour. Leurs photos couvrent les murs du pays. Les voix qui s’élèvent aujourd’hui contre le mauvais accord, et il est mauvais, sont des voix hérétiques qui blasphèment les valeurs les plus sacrées du judaïsme qui élèvent l’âme au-delà des considérations stratégiques ou politiques pour réaliser le Tzedek, c’est-à-dire une justice libérée des circonstances et capable de refuser les choix que l’histoire veut nous imposer. C’est à cause de la nécessité de Tzedek qu’hier et avant-hier, le Shabbat a été rompu, avec l’autorisation rabbinique, par un gouvernement siégeant à Jérusalem !
L’accord d’otages fait revivre héroïquement la plus grande tradition juive. Et avec ses vraies valeurs. Au-delà de toutes les souffrances qui lui sont infligées, le peuple d’Israël sauvegarde sa dignité. Au-delà de toutes les guerres qui lui sont imposées, il préserve son humanité. Au-delà des tumultes de l’histoire, il maintient un haut degré de moralité. Et surtout, un amour invincible du prochain et de la vie, quoi qu’il arrive. C’est pourquoi on dit que le peuple d’Israël « vit ».
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