Manque d’interaction sociale, hypersomnie, source de nombreux maux… Cendrillon et ses amis sont en mauvaise forme, selon le vénérable (et facétieux) « British Medical Journal ». Qui ignore la condition des garçons. Cependant, ils ont aussi des choses à craindre.
Par Marie-Joëlle Gros
Publié le 20 décembre 2024 à 12h00
Mis à jour le 20 décembre 2024 à 12h42
«EIls vivaient heureux et… » Hélas, non. La promesse d’un avenir radieux n’est pas garantie pour les princesses. Surtout ceux de Disney. Le très sérieux Journal médical britannique (BMJ) qui aborde chaque année avec humour un sujet de santé publique susceptible d’intéresser toutes les générations, en a examiné quelques-unes et… son diagnostic n’est pas bon. Ce n’est pas la première fois que des avis médicaux tirent la sonnette d’alarme chez Disney, mais habituellement, il s’agit plutôt de mettre en avant l’impact négatif sur la santé mentale et l’estime de soi d’un public jeune, confronté, par exemple, aux improbables mesures de les personnages.
Cette fois, le BMJ se penche sur les pathologies des princesses elles-mêmes. Voyons voir : Blanche-Neige, la plus jolie de toutes selon son miroir, souffre d’un “manque d’interaction sociale” qui peut encourager « maladies cardiovasculaires, dépression, anxiété ». La Belle au bois dormant? Donc peu d’exercice et trop de sommeil conduisent à « obésité, diabète », sans oublier “escarres”. La beauté, si elle s’approche trop d’un animal, risque la rage ou une foule de maladies infectieuses potentiellement mortelles. Pocahontas, un « symphonie des fractures » plonger d’aussi haut (une falaise de 252 mètres, a calculé le BMJ). Et Raiponce, utilisant sa tresse “comme un câble d’ascenseur”, un « alopécie de traction ». Quant à Cendrillon, son environnement domestique l’expose considérablement à la poussière. Et la baguette magique de sa marraine ne lui sert à rien en la saupoudrant de paillettes qui sont surtout « microplastiques recouverts d’aluminium », très, très toxique pour les poumons. “Plutôt qu’un prince”, souligne l’étude, Cendrillon aurait “besoin d’une thérapie respiratoire”. C’est le médecin qui le dit : les princes ne sont pas la solution.
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Et d’ailleurs, comment vont-ils ? L’article de BMJ, tout en imputant un préjugé sexiste aux princesses, ignore les risques encourus par ces jeunes hommes, tous musclés et à crinière ondulée. Mettre au rebut pour délivrer sa beauté met aussi à rude épreuve les corps masculins, souligne Jennifer Tamas, enseignante-chercheuse à l’université Rutgers (New Jersey) et auteure de l’essai très revigorant Faut-il mettre fin aux contes de fées ? (ALT, 2024). Tétanos, fractures, multiples contusions et, peut-être pire, dépression, voilà ce qui menace ces fringants aristocrates. « Cette masculinité invulnérable est sans doute difficile à supporter, » souligne malicieusement le chercheur. L’exigence de performance n’est pas si évidente. » Elle prend l’exemple de La belle et la Bête, conte passionnant, écrit en 1740 par Gabrielle-Suzanne de Villeneuve. La Bête, redevenue enfin un beau jeune homme, reste indifférente aux baisers de la Belle, elle est plongée dans une profonde léthargie – “Impuissance? » demande le chercheur – «dont il ne part qu’à l’arrivée fracassante de sa mère au château…» Pauvres princes, pauvres princesses, si banalement humaines.
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