Depuis vingt-six ans, Jean-Luc Muller garde ses images chaleureuses. Son film documentaire, retraçant la création de la Maison de la Magie, n’avait jusqu’à présent jamais été révélé au public.
Il aura fallu attendre le samedi 9 novembre 2024 pour le découvrir in situ. Près de 150 spectateurs ont fouillé ces archives. Du travail épique aux moments de doute, en passant par un lancement chaotique et des désaccords entre les porteurs et les managers du projet… rien n’a été oublié.
La première version du film a duré 4 heures
A l’origine, c’est Christian Fechner, l’un des pères fondateurs de la Maison de la Magie, qui a demandé à Jean-Luc Muller de venir filmer lors de la première année d’ouverture de la structure et de l’exposition sur Robert-Houdin. « La première version du film durait quatre heures. C’était presque impossible à regarder, on pouvait voir chaque pièce en détail. C’était très répétitifreconnaît le réalisateur. Pour rendre le documentaire plus digeste, j’ai forcé Christian Fechner à m’accorder une interview. Puis il tombe malade, avant de décéder en 2008. Le documentaire n’est plus une priorité. »
C’est alors que Georges Proust, autre caïd de la Maison de la Magie de Blois, accepte l’idée de reprendre la production du documentaire. « Grâce à lui, j’ai pu réaliser une version de 2h30 que je pensais définitive. En 2018, pour le 20e anniversaire de la Maison, il avait été question de projeter le film, mais cela n’a pas eu lieu. »
Mais comme mieux vaut tard que jamais, la projection de cette nouvelle œuvre, en deux parties de 55 et 50 minutes, a enfin pu avoir lieu. « Je suis heureux de montrer ce film à un public inquiet et en même temps triste que certains témoins de l’époque, aujourd’hui disparus, ne l’aient pas vu. »
Avant même l’inauguration des lieux le 12 juin 1998, le documentaire revient sur la genèse du projet. Et plus précisément sur son emplacement, suggéré par Georges Proust, créateur de la Maison de la Magie à Paris. Face au château de Blois, une imposante maison bourgeoise était à vendre. L’endroit était parfait. La Ville, dirigée par Jack Lang, a pu l’acquérir en 1991. On voit ensuite deux ans plus tard Christian Fechner présenter publiquement le projet, détaillant chaque pièce à l’aide d’une maquette et l’idée des dragons automates émergeant de la façade, « une réponse à la salamandre qui orne le château ».
Vient ensuite le temps des fouilles archéologiques et des travaux de gros œuvre. Pour illustrer cette période, le réalisateur Jean-Luc Muller, également président du Conservatoire national des arts de la magie et de l’illusion (CNAMI, dont le siège est situé à la Maison de la Magique à Blois), a utilisé des images d’archives de la ville.
D’autres difficultés surgirent lorsque le Parc Astérix reçut la délégation de gestion de la Maison de lamagique Blésoise. « Le délégataire souhaitait en faire un parc d’attractions. Le côté culturel ne l’intéressait pas. Nous avons dû nous battre »explique Georges Proust dans le film. Finalement, il n’y avait plus de budget pour les expositions. «Nous sommes devenus mécènes en ajoutant des milliers de francs»a rappelé Christian Fechner. En 2001, le Parc Astérix cesse sa gestion, laissant la Ville prendre le relais.
« Moments de doute jusqu’à l’ouverture »
En revoyant ces images, Georges Proust, aujourd’hui âgé de 79 ans et qui n’était pas revenu à la Maison de la Magie depuis dix ans, fut pris d’émotion : « C’est une foule de souvenirs qui refont surface. Il y a eu des moments de doute jusqu’à l’ouverture. Mais nous avons tenu bon parce que nous étions tellement passionnés. »
Avec 115 000 visiteurs accueillis depuis début 2024, la Maison de la Magie n’a pas fini de grandir, comme le confie le directeur Arnaud Dalaine : « Nous ferons tout pour que cela continue. »
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