Le plus gros succès en France : « Les fous du stade »
1972. Pompidou est toujours président. Cette année-là, Claude Zidi fait son coming-out Les fous du stadepensé, conçu, interprété par les Charlot (Gérard Rinaldi, Gérard Filippelli, Jean Sarrus, Jean-Guy Fechner). Une comédie « gagesque » qui date un peu aujourd’hui, avec notamment de longues séquences des Jeux Olympiques version Charlot se déroulant au Parc des Sports d’Avignon. Le film attirera 5,7 millions de spectateurs français en salles. En Inde, 50 millions de curieux se ruent pour découvrir ces drôles de « Frenchies ».
Le plus réussi au monde : « Mister Bean’s Vacation »
Un noir de 2007 Les vacances de M. Bean réalisé par Steve Bendelack. Dans cette comédie burlesque, Rowan Atkinson endosse son costume d’homme maladroit le plus romantique d’outre-Manche pour un deuxième long-métrage. Plusieurs scènes ont été tournées à Avignon, dans le hall de la gare TGV, à Courtine, construite six ans auparavant. On voit aussi M. Atkinson marcher seul sur l’écran, sur la longue ligne droite qui mène à la gare. Si le film n’enregistre qu’un million d’entrées en France, un score plutôt décevant pour une telle production, en revanche, le chiffre d’affaires mondial s’élèvera à 232 millions de dollars.
Le plus culte : « Pierrot le fou »
Jean-Paul Belmondo et Anna Karina, marchant dans l’eau, en 1965, au bord de la Durance. Ce plan filmé par Jean-Luc Godard il y a près de 60 ans au pont de Bonpas, apparaît donc dans Pierrot le fousans doute le film le plus emblématique du réalisateur de « La Nouvelle Vague », après Essoufflé. Une fiction peuplée de redoutables « punchlines », dont celle-ci : «il y a eu la civilisation athénienne, il y a eu la Renaissance, et maintenant nous entrons dans la civilisation de l’âne.
Le plus drôle : « L’étudiant »
En 1988, Claude Pinoteau sort le très périssable L’étudiantque personne ne considère comme Le Boum 3. En un plan de quelques secondes, le réalisateur met en scène Vincent Lindon, alias Edouard, amoureux de tout, qui appelle Sophie Marceau (Valentine) depuis une cabine téléphonique, installée pour le tournage devant le Palais des Papes, carte postale oblige.
Le plus progressiste (si vous êtes à gauche) ou le plus éveillé (si vous êtes à droite)
Avant de remporter le César du meilleur scénario en 1996, Josiane Balasko a dirigé deux grands acteurs, Alain Chabat et Victoria Abril dans Pelouse maudite (4 millions d’entrées). Un film qui parle d’homosexualité, puisque Loli (Abril), mariée à Laurent (Chabat), tombe amoureuse de Marie-Jo (Balasko). Plusieurs scènes seront tournées à Avignon, rue Prévot et rue du Clos Saint-Didier.
Le plus kitsch : « L’Épée du Vaillant »
En 1983, Sean Connery joue dans un film improbable, “L’épée du vaillant», dont les producteurs décident de poser leurs caméras pendant une semaine au Palais des Papes. Un film médiéval bourré d’effets spéciaux très spéciaux, et très DIY du dimanche. Produit par le magnat Mehanem Golan et réalisé par Stephen Weeks, il raconte le défi lancé, à Camelot, par le Chevalier Vert (habillé en arbuste printanier !) à d’autres courageux camarades. Sean Connery, star du film, apparaît dans quelques scènes de le montage final car il tournait James Bond en même temps. Plus jamais… Sur le web, le site www.nanarland.com définit ce film comme «ayant fait la joie des amateurs d’heroic-fantasy Nanarde (…), accompagné d’un orgue Bontempi implacable.»
Le plus intensément « Festival d’Avignon » : « Le bruit avec les gens autour »
En 2008, Diastème réalise ce film choral dont l’action se déroule exclusivement pendant le Festival d’Avignon, avec un casting en or comprenant Emma De Caumes, Léa Drucker et Olivier Marchal. Le long métrage passera complètement inaperçu et pour mémoire, lors de l’avant-première destinée à la presse régionale, un seul média sera présent à Utopia ! (on n’ose pas dire lequel, sinon cela ressemblerait à une auto-mise en avant…) Bruit avec les gens autourOlivier Py, qui n’est pas encore directeur du Festival d’Avignon, incarne un chorégraphe au cloître des Célestins. Le tournage aura lieu sur le pont Saint-Bénézet mais aussi sur la place des Corps-saints, sur la terrasse du restaurant « Ginette et Marcel ».
Les films les plus accros aux stars
Plusieurs exemples frappants : en toute discrétion, Emmanuelle Béart a été dirigée par Catherine Corsini à l’opéra du Grand Avignon en La répétition (2001), tandis que Juliette Binoche jouait devant la caméra d’Amos Gitaï dans Désengagement (2007), à l’intérieur d’un appartement bourgeois, rue Petite Fusterie. Et donc hors de vue.
Dans la cour d’honneur du Palais des Papes, Louis Garrel a filmé une nuit sous l’égide de Michel Hazanavicius dans Le Redoutable (2017). Garrel y campa Godard présentant son film « La Chinoise », en première mondiale, dans ces mêmes lieux, à l’été 1967.
Le plus surprenant étant évidemment Kad Merad, qui, en juillet 2023, évoluait dans Finalement une scène au cœur d’une rue de la République bondée, en plein Festival d’Avignon. Et ce en distribuant des fleurs aux passants, pour le moins abasourdis, qui n’avaient pas réalisé que Claude Lelouch filmait ces séquences naturelles, postés à quelques dizaines de mètres.
Le film le plus suivi par les fans sur le plateau : « Un balcon sur la mer »
Mai 2009. Jean Dujardin n’a pas encore décroché son Oscar du meilleur acteur pour L’artiste mais il est déjà une star très populaire, ce ne serait que grâce au succès de Brice de Nice et les deux opus deOSSqui l’a propulsé au sommet du cinéma français. C’est avec ce postulat qu’il vient à Avignon tourner « Un balcon sur la mer », le nouveau film de Nicole Garcia, qui lui offre un rôle totalement dramatique. Plusieurs scènes sensibles sont mises en scène à l’Hôtel de la Mirande, avec Marie-Josée Croze et Michel Aumont, notamment. Devant le palais, de nombreuses adolescentes et jeunes femmes attendent longtemps que Dujardin lui accorde un autographe. Durant sa pause cigarette, l’acteur se prêtera au jeu, détendu et disponible.
Le film le plus cliché : « Une belle année »
Oui, vous pouvez être l’un des meilleurs dans votre profession (Blade Runner, Alien, Thelma et Louise) mais passe totalement à côté d’une comédie romantique poussive pétrifiée par deux clichés stupides par minute. Une belle annéesorti en 2006, est un film de l’immense Ridley Scott, avec un casting glamour : Russell Crowe-Marion Cotillard. Sur le papier, c’est certainement très élevé. Tourné notamment à la maison Jean Vilar et à la gare centrale (sans les stars de son casting), ce film défend, à grands coups de sabots, « la noblesse de la monnaie locale contre la vulgarité de celle des marchés financiers ». L’échec est-il dû au fait que le scénario est de Peter Mayle (Un an en Provence) ? Pourtant, le journal « Libération », friand de descentes aux enfers élégamment personnalisées, écrit : “Consternant de bout en bout, Une “Grande Année” croule sous les clichés (…) il faut aussi citer l’interprétation pitoyable de Russell Crowe”.
Le plus flamboyant : « Le hussard sur le toit »
Sorti en 1995, Le hussard sur le toit est la brillante adaptation du roman éponyme de Jean Giono par Jean-Paul Rappeneau, qui avait déjà, cinq ans plus tôt, amené Edmond Rostand au firmament avec son Cyrano. La rue des Teinturiers, les pavés, les façades des maisons et l’ambiance générale ont été transformés pour la transformer en artère d’Aix-en-Provence au XIXème siècle. Durant plusieurs nuits, les charrettes et le foin visible jouent les premiers rôles, aux côtés des roues hydrauliques. Rappeneau met en scène Juliette Binoche et Olivier Martinez dans ce film, d’après un scénario de Jean-Claude Carrière. Le long métrage a remporté deux César, dont celui de la meilleure photographie (Thierry Arbogast). Avec 2,5 millions de spectateurs dans les salles françaises, c’est, à ce jour, le plus gros succès français de Mademoiselle Binoche.
Le plus explosif : « L’Immortel »
En 2009, Richard Berry réalise le thriller L’immortelbasé sur un livre de Franz-Olivier Giesbert sur la pègre marseillaise. On y retrouve Joey Starr dans l’ancienne prison Sainte-Anne à Avignon mais aussi Marina Foïs rue de la République. Le tournage a également lieu à proximité du lycée Mistral. Richard Berry aurait souhaité que les portes des remparts de la cité des Papes soient fermées, en plein jour, pour faciliter les tournages, ce qui ne lui sera pas accordé par la municipalité, à juste titre. Plusieurs scènes de tournage sont filmées intra-muros, toujours en plein jour. A l’époque, certains habitants étaient persuadés qu’il s’agissait d’un règlement de compte entre malfrats…
Le plus décevant : « 18 ans après »
“Trois hommes et un berceau”sorti en 1985, reste, quatre décennies plus tard, l’un des succès les plus retentissants du cinéma français, avec 50 millions d’entrées dans le monde, dont 33 dans l’ex-Union soviétique. Ainsi, lorsque Coline Serreau a lancé la production de “18 ans plus tard”avec Roland Giraud, Michel Boujenah, André Dussollier et Line Renaud, l’attente est énorme. Le résultat sera « Pschiit » et rien ne marche dans cette histoire, contrairement au premier opus. A l’époque, Coline Serreau tourne plusieurs plans de « 18 ans après » dans la cour du musée Calvet et à la gare centrale. Pour nos confrères de « Télérama », il s’agit de « des aventures paresseuses (…) Le réalisateur plaisante sans flamme ni intelligence.“Aie.
Le plus théâtral : « Le Molière Imaginaire »
Pour son premier long métrage, sorti en salles à l’hiver 2024, Olivier Py aborde les derniers instants de Molière. Son idée : réaliser son film en plans séquences, inspiré de La Corde (1948) d’Alfred Hitchcock. A FabricA, la salle de répétition du Festival d’Avignon qu’il connaît par cœur, Olivier Py suit derrière la caméra un Laurent Laffitte très convaincant. Quel acteur star sera d’ailleurs aperçu à plusieurs reprises en train de déjeuner, seul, face au mur (pour ne pas être reconnu ?) au Grand café Barretta, en centre-ville d’Avignon. Intime, le long-métrage n’attire pas les foules, loin de là. C’est même l’un des plus gros flops de tous les films tournés à Avignon : moins de 80 000 entrées à l’issue de l’exploitation nationale.
Le plus romantique : « Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait »
Dans un subtil marivaudage dont il a le secret, Emmanuel Mouret est libéré en 2020 Les choses que nous disons, les choses que nous faisons tourné en partie dans le Vaucluse. Le temps d’une journée, le réalisateur marseillais a pris comme décor la gare centrale d’Avignon, où il a filmé Niels Schneider et surtout Camélia Jordana. La chanteuse-actrice (« Césarisée » pour L’éclat), qui a rarement été aussi majestueuse à l’image, incarne dans ce film le personnage de Daphné, qui est enceinte. Ainsi, sur le quai numéro 1, elle affiche le faux ventre d’une femme qui attend un enfant. Pendant le tournage, la gare d’Avignon n’était pas fermée et les passagers défilaient en se demandant ce qui provoquait cette agitation inhabituelle sur le quai. Même plusieurs années après la scène, on n’est pas prêt d’oublier cette phrase d’un jeune homme descendant d’un train et commentant sa rencontre impromptue avec Camélia Jordana : « Avez-vous vu la fille de « New Star » ? Elle est sérieusement enceinte !. Il n’est pas si courant d’assister, de vivre, la naissance d’un fausses nouvelles.
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