News Day FR

« Conclave » : magouilles au Vatican

Réunis dans les appartements papaux, les cardinaux rendent hommage à la dépouille du pape, décédé subitement. Le cardinal Lawrence, très proche du Saint-Père, arriva le dernier et quelque chose dans l’atmosphère semblait le déranger. Trois semaines plus tard, il lui revient de présider le conclave, au cours duquel les cardinaux séquestrés doivent élire un nouveau souverain pontife. Rien de très excitant en vue ? Détrompez-vous ! Après le succès de son drame de guerre A l’ouest, rien de nouveau (Tout est calme sur le front occidental), le cinéaste austro-suisse Edward Berger est de retour avec un autre film formidable, un « thriller papal », celui-ci : Conclave (VF). Nous lui avons parlé.

Le film est basé sur le roman à succès du même nom de Robert Harris. Pour mémoire, Harris est également l’auteur de l’œuvre derrière le film. L’écrivain fantôme (L’écrivain fantôme). Peter Straughan, scénariste de Espion soldat bricoleur tailleur (La taupe), d’après le roman de John le Carré, signe l’adaptation.

“En soi, c’est un thriller brillant qui vous saisit et vous entraîne dans un monde qui est, pour la plupart d’entre nous, inconnu”, note Edward Berger dans une interview au récent Festival international du film de Toronto.

«Ce qui m’a vraiment captivé, cependant, c’est le voyage intérieur du protagoniste, le cardinal Lawrence. Car voici un personnage rongé par le doute sur sa foi, mais aussi sur ses collègues, sur leurs motivations et leurs actions. Je ne suis pas catholique, donc je n’ai pas été affecté à cet égard. Je me suis vraiment concentré sur l’intrigue, qui se déroule un peu à huis clos. Avec ce à quoi le protagoniste est confronté, j’ai immédiatement pensé aux thrillers paranoïaques et politiques des années 1970. Je pense aux films d’Alan J. Pakula, comme Klute et La vue parallaxe (À cause d’un assassinat). »

C’est ainsi que la dimension « thriller » de Conclave grandi, nourri par ces classiques des années 1970, comme toujours Les trois jours du Condor (Les trois jours du condor) ou Homme marathonien (Le marathonien), dans lequel le personnage principal découvre intrigue après intrigue sans jamais, ou presque, pouvoir en voir le bout. Il y a certainement un peu de cela dans le parcours du cardinal Lawrence ponctué de révélations.

Ce dernier entend malgré tout mener le processus de sélection à son terme, et dans le respect des règles de l’art. Ceci, malgré les magouilles qui éclatent au grand jour et les scandales qui menacent de faire dérailler l’exercice. Pour vaincre l’adversité, Lawrence doit être un bon stratège.

“En lisant le scénario, l’image qui m’est venue était celle d’une partie d’échecs”, estime Edward Berger. C’est à dire quelque chose de très précis, de très clair et de très structuré. J’ai ensuite essayé d’identifier les meilleures façons de traduire cela en langage cinématographique. Une fois de plus, le style et la clarté des productions de Pakula m’ont inspiré. La modulation de tension s’est beaucoup jouée au montage : on ajoute un peu de musique ici, on enlève un peu d’information là, afin de créer un moment d’ambiguïté… J’ai coupé des scènes entières, donc pour augmenter le mystère et fidéliser le public. en alerte. Tout cela en veillant à ce que le film soit à la fois divertissant et artistiquement satisfaisant. C’est un équilibre qu’il faut trouver. »

Ralph Fiennes virtuose

Cependant, si le film fonctionne à ce point, c’est aussi en grande partie grâce à la prestation virtuose de Ralph Fiennes dans le rôle du cardinal Lawrence. En public, Lawrence arbore un air bienveillant et ne laisse rien paraître. En privé, son visage révèle l’angoisse, l’espoir, la colère et bien d’autres émotions contradictoires qui couvent sous le masque.

« Ralph et moi avons beaucoup parlé », raconte le réalisateur. Nous nous sommes vus souvent au cours des deux semaines précédant le début du tournage, avons décortiqué le scénario et, bien sûr, parlé du personnage. Comme nous l’avions parfaitement convenu, une fois sur le plateau, c’était très technique et très simple : « Plus vite ici », « Plus lentement là », « OK, on ​​y est. Maintenant, faites ce que vous ressentez et improvisez une réaction »… Quelques-uns de ces moments de spontanéité ont flotté dans le montage final. Ces imprévus contribuent à maintenir le film en vie, à éviter cette complaisance à laquelle on succombe parfois lorsqu’on se limite à suivre à la lettre un plan préétabli. »

Là encore, c’est un « équilibre à trouver ».

Fasciné, captivé

Paradoxalement, l’une des principales caractéristiques du projet aurait pu rendre impossible la réalisation Conclave un thriller. En effet, le film contient une très, très grande part de dialogue. Souvent, ces longs échanges se transforment en véritables monologues à travers lesquels une multitude d’informations sont délivrées.

Rarement, ces réponses ne semblent jamais explicatives. Au contraire, leur contenu captive, voire électrise.

« Le dialogue est incroyablement complexe à filmer, à réaliser : les films que j’écris moi-même en contiennent très peu », reconnaît Edward Berger. Je préfère voir les gens agir et révéler des informations par l’action. En l’occurrence, et c’est une des raisons qui m’a poussé à m’impliquer dans ce film ; Les dialogues de Pierre [Straughan] sont non seulement d’une précision remarquable, et je reviens ici à l’image du jeu d’échecs, mais d’une profondeur incroyable. J’entends par là que presque chaque ligne a un sous-texte, un sens caché… Le défi dans ce contexte était de me souvenir, pendant le tournage, de ma toute première impression en découvrant ces dialogues ; à quel point j’étais fasciné, captivé même. »

Et comment filmer ça ?

« Le plus simplement possible, car dans un tel cas, avec de tels échanges, livrés par de tels acteurs, aucun effet de mise en scène n’est nécessaire : il suffit d’être attentif et de capter la magie. »

Ou le miracle, pour rester dans un champ lexical de circonstances.

Le film Conclave en salles le 25 octobre

A voir en vidéo

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :