News Day FR

“John Rambo”, le film de renaissance de Stallone, désormais sur Prime Video

La disponibilité récente des deux derniers volets de la saga « Rambo » sur Prime Video permet une rediffusion de l’épisode 4, réalisé en 2008 par Sylvester Stallone lui-même, et sous-estimé depuis.

Sylvester Stallone, plus silencieux que jamais, dans le dernier épisode de la saga Rambo. Rogue Marble/Emmett/Furla Films/Millennium Films

Par Nicolas Didier

Publié le 29 septembre 2024 à 20h00

Lire dans l’application

M.très apprécié des critiques, John Rambo (2008), quatrième volet de la franchise, coïncide avec le retour en grâce de Sylvester Stallone durant la seconde moitié des années 2000, après Rocky Balboa (2006) et avant le premier Consommables (2010), tous produits par lui. Rétrospectivement, il suffirait de faire l’impasse sur les autres épisodes – deux films d’action reaganiens, en 1985 et 1988, plus une conclusion superflue, en 2019 – pour la saga. Rambocommencé par un ouvrage de référence sur le syndrome de stress post-traumatique (Ted Kotcheff, 1982), prend l’allure d’un solide diptyque.

Ce qui frappe, tout d’abord, c’est la pertinence géopolitique de cet opus 4 – que n’aura pas son successeur, une expédition punitive trumpiste contre les cartels de la drogue mexicains. Contemporain de la « révolution safran » de 2007, il décrit sans fard les atrocités de la guerre civile en Birmanie, en cours depuis la fin des années 1940 avec une recrudescence des affrontements en 2021. Il en montre les dérives (pillage d’un village, massacre de habitants) commis par l’armée birmane, contrôlée par la junte au pouvoir, et prend le parti des rebelles de l’Armée de libération nationale karen.

« Son » meilleur film d’action

Symboliquement, on retrouve Rambo, traumatisé par la guerre du Vietnam, en Asie du Sud-Est. Exilé en Thaïlande, loin de son pays natal, il capture des serpents venimeux. Avant qu’un groupe d’humanitaires chrétiens (alors détachement de mercenaires) ne lui demande de rejoindre la Birmanie via le fleuve Salouen. La minéralité de Stallone, silencieux à la barre du bateau, lui donne des airs de Charon, passeur des Enfers dans la mythologie grecque. À la lucidité désillusionnée du vétéran s’oppose l’idéalisme forcené des missionnaires – l’homme est un loup pour l’homme. Transformé, dans sa jeunesse, en machine à tuer par l’armée américaine, ce dernier tente de contenir sa violence. Jusqu’à ce qu’il refait surface, (très) subitement, lors d’une attaque de pirates birmans.

« C’est le meilleur film d’action que j’ai fait parce que c’est le plus crédible. J’en suis vraiment fier ! »a déclaré l’acteur-réalisateur lors d’une interview pour Le journaliste hollywoodien, en novembre 2022. Sur une crête entre gore et réalisme, la bataille finale – une boucherie – utilise des effets spéciaux à l’ancienne : des litres et des litres de faux sang, une mitrailleuse lourde chargée à blanc, testée sur un mannequin rempli de 100 kilos de sang. bœuf. D’où une violence crépusculaire, héritée de Sam Peckinpah (La Horde Sauvage, Les chiens de paille).

La séquence avait alors choqué certains critiques. Complaisance? Fascination? Sadisme? Il s’agirait plutôt d’une réponse expiatoire à la barbarie « divertissante » des opus 2 et 3. L’intelligence du film, issue d’une tradition moraliste du cinéma américain, consiste à rendre la violence vengeresse (des mercenaires, dont Rambo) aussi écoeurante que la violence gratuite (des soldats de la junte). Une représentation frontale, qui fait référence au dégoût de soi ressenti par le « héros », comme s’il tenait la caméra – un des partis pris de Stallone dans la mise en scène. John Rambo est, en tant que tel, conforme à l’esprit du roman de David Morrell, Premier Sang, première pierre de la saga. Après cela, il pourra conclure aux Etats-Unis, tout près du ranch de son père en Arizona. Marche, vêtements originaux et musique cuivrée, pour boucler la boucle avec un retour à la maison poignant.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

Related News :