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Le film « La soule » sort en salles 35 ans plus tard, « c’est inattendu » se réjouit son réalisateur

Comment est née l’idée de ce film ?

Je me suis inspiré de la chronique d’Emile Souvestre, intitulée « Les derniers Bretons », publiée en 1836, qui raconte ce qu’est la soule, un jeu brutal et ancestral, au cours duquel deux communes voisines s’affrontent généralement. L’ancêtre du rugby, à une différence près : à la Soule, il n’y a pas de règles. Vous pouvez même tuer votre adversaire. A l’époque, après avoir réalisé des courts métrages, je cherchais un sujet long. J’ai fait un gros travail de documentation historique, puis mon imagination a fait le reste. J’ai associé la soule à l’histoire d’un lieutenant, parti à la recherche de celui qui l’avait trahi lors de la débâcle de la bataille de Vitoria, en 1813. Une sorte de revanche à la Dumas qui se règle lors d’un incroyable affrontement. Ce qui donne une dimension dramatique au film.

Avez-vous eu du mal à convaincre les acteurs ?

Les trois acteurs principaux m’ont d’abord dit non. J’ai dû faire du lobbying directement pour avoir une chance de les convaincre et de leur présenter le scénario. Marianne Basler jouait alors Bérénice au théâtre. Je me souviens d’être sorti de la pièce. Mais elle était épuisée en partant. Je lui ai proposé de prendre un verre pour lui expliquer le rôle. Celle d’une femme amoureuse, la seule dans ce monde de brutes. Je ne suis pas sûr qu’elle m’ait vraiment écouté mais elle a semblé conquise et a dit oui.

Pour Richard Bohringer, il était impossible de le contacter. C’est grâce à un ami qui habitait près de chez lui que j’ai réussi à confier une lettre à sa fille Romane. Quant à Christophe Malavoy, il aimait le rugby et le scénario mais il ne souhaitait pas faire son premier film avec un réalisateur inconnu. Par contre, il voulait tourner avec Richard. Roland Blanche m’a dit : « J’aime deux choses dans la vie, le théâtre et le rugby. Le cinéma m’énerve mais j’accepte pour le rugby. »

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L’affiche de La soule est bien en vue dans le salon de Michel Sibra. Juste au-dessus de la nomination aux César (Le Télégramme/Véronique Le Bagousse)

Et côté production ?

Encore une fois, cela n’a pas été facile. Les producteurs ne voulaient pas de Bohringer. Il avait la réputation de se comporter mal sur le plateau. Ma chance, c’est qu’il a été nominé aux César. Je me suis dit : « Laisse passer la cérémonie ». Et j’avais raison. Il remporte le César du meilleur acteur pour « Le grand chemin ». Et puis le ciel s’éclaircit soudain…

Le film a été un succès, vous y attendiez-vous ?

Je ne pensais pas être nominé aux César dans la catégorie Meilleur premier film en 1990. Même si je n’ai pas obtenu le prix, c’est déjà une grande fierté d’avoir été sélectionné. Le film enregistre dès sa sortie 500 000 entrées en . C’est bien, mais je regrette qu’il n’en ait pas fait plus. Elle a ensuite été diffusée à la télévision en 2004. Je pense qu’elle aurait mérité d’autres diffusions. Mais deux anecdotes prouvent que le film a progressé. Un jour, je suis monté dans un taxi à Québec et le chauffeur m’a dit qu’il venait de voir mon film. Surtout, dix ans après la sortie du film, Olivier Got (photographe, NDLR) m’a assuré s’être inspiré du film pour organiser une soirée soule dans son village, avec 200 soulers en costume d’époque.

Il est très rare de voir un film sortir sur grand écran, 35 ans après son tournage en 1988, qu’en pensez-vous ?

C’est inattendu pour un film sorti en février 1989. La Soule va connaître une nouvelle vie à l’heure où la France accueille la Coupe du monde de rugby. C’est l’occasion de lui donner un second souffle. J’en retire une grande satisfaction, d’autant qu’il est proposé dans une version restaurée en 4K par la Cinémathèque de Nouvelle-Aquitaine. C’est aussi l’occasion pour moi de me replonger dans mes souvenirs. Il y a certains aspects du film que j’avais oubliés.

Quels souvenirs gardez-vous de ce tournage ?

Excellents. Il y avait quelque chose de magique dans ce tournage. Les paysages de Dordogne en été étaient fabuleux et surtout les figurants, le village et tous ses habitants. Ils étaient tellement investis que le seul bistro du quartier a même changé son nom pour « Le rendez-vous des âmes ».

Pratique. « La soule », à 21 heures, au cinéma Ti Hanok, à Auray (56), vendredi 22 septembre, en présence de Michel Sibra, réalisateur, et Laurent Quiles, ancien rugbyman. Le 3 octobre, à 20 heures, au cinéma Korrigans, à Guingamp (22). Sortie nationale le 27 septembre.

 
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