Les scientifiques sont optimistes quant à l’arrivée en laboratoire d’un contraceptif hormonal pour hommes qui s’annonce prometteur ! Sauf que cette annonce nous est faite depuis les années 80.
DIU, anneau vaginal, patch contraceptif, diaphragme, cape cervicale, préservatif féminin, comprimés oraux, injections intramusculaires, implant contraceptif : voici la longue liste des méthodes contraceptives développées par les chercheurs. Pourquoi ne pas réorienter toutes ces énergies vers le développement de la contraception masculine ?
Mon entourage pense qu’il serait trop compliqué de contrôler les 100 millions de spermatozoïdes produits chaque jour par un homme, et c’est pour cela que la contraception repose uniquement sur les femmes. Je réalise que c’est faux.
La vérité est que personne n’est pressé de développer une méthode contraceptive masculine.
Dans un article publié par - en 2022, on apprend que « les chercheurs tentent depuis longtemps de développer un équivalent masculin en utilisant la même méthode ». [que les femmes] et en agissant sur une hormone masculine, la testostérone. Mais l’alarme a été tirée : « ces tentatives ont provoqué des effets secondaires indésirables, comme une prise de poids, des épisodes de dépression et une augmentation du taux de cholestérol, ce qui augmente le risque de maladie cardiaque ».
Cela vous semble familier, mesdames ? Les effets secondaires de la contraception féminine sont similaires : prise de poids, dépression et « risque accru de caillots sanguins ». Beaucoup d’entre vous ont déchiré leurs chemises lorsque le vaccin AstraZeneca contre la COVID-19 a eu pour effet secondaire possible des caillots sanguins. Peu de gens ont éprouvé la même indignation à l’égard des femmes qui prennent la pilule depuis l’âge de 14 ans.
Au spectacle DécouverteL’endocrinologue Régine Sitruk-Ware constate que, pendant longtemps, « l’industrie ne s’est pas intéressée […] pensant que les hommes n’utiliseraient pas de méthode contraceptive, que c’étaient les femmes qui les géraient parce que ce sont elles qui subissaient les conséquences d’une grossesse non désirée.
Dans un passage de l’émission Discussion : l’état de la contraception Avec Pénélope McQuade en avril 2022, la professeure titulaire de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal au département de physiologie Michèle Brochu pointe du doigt l’une des principales raisons de ce retard, le financement. « Les entreprises vendent déjà des contraceptifs pour les femmes et cela fonctionne bien, alors quel est l’avantage pour elles d’investir dans cela ? » . Selon Mme Brochu, « ce ne sera pas dans les cinq prochaines années ».
-La pilule contraceptive a longtemps été l’image de la liberté des femmes.
La pilule contraceptive, utilisée pour la première fois illégalement par les femmes en 1960 puis légalisée en 1969, offrait aux femmes un contrôle sans précédent sur leur fertilité. Que demander de plus ?
Ces femmes n’ont pas eu le luxe d’attendre que les chercheurs mettent au point une méthode avec des effets secondaires minimes. Entre se doucher avec de l’eau de Javel ou prendre une pilule pleine d’hormones, le choix était simple.
Ne vous méprenez pas, je ne veux pas que les hommes deviennent des rats de laboratoire et prennent des contraceptifs sous-développés. Ce que je souhaite, c’est qu’ils contribuent à déconstruire cette mentalité et qu’ils exigent à leur tour une méthode contraceptive, car les sociétés pharmaceutiques semblent attendre leurs aller pour débloquer le financement.
Dans un monde où les hommes supportent le fardeau de la contraception, ce sont les femmes qui en subissent les conséquences si leur partenaire ne la prend pas correctement. Aurais-je la confiance nécessaire pour remettre la possibilité d’une grossesse entre les mains de l’autre ? Honnêtement, je n’en ai aucune idée.
La bonne nouvelle est que je n’aurai probablement pas l’occasion de me retrouver face à ce dilemme. Si la tendance se poursuit, je serai probablement ménopausée lorsque la contraception masculine arrivera sur le marché.