Stefan Liberski • Réalisateur de L’Art d’être heureux

Stefan Liberski • Réalisateur de L’Art d’être heureux
Stefan Liberski • Réalisateur de L’Art d’être heureux

“Je trouve toujours plus intéressant quand la comédie est justement au bord du gouffre”

13/11/2024 – Le cinéaste et écrivain belge nous parle de son nouveau film, le portrait drôle mais mélancolique d’un artiste qui a perdu le sens des réalités

Nous avons rencontré le cinéaste et écrivain belge Stefan Liberski à l’occasion de la sortie en Belgique avec O’Brother de son nouveau film, la comédie L’art d’être heureux [+lire aussi :
critique
interview : Stefan Liberski
fiche film
]
qui dresse le portrait drôle mais mélancolique d’un artiste ayant perdu le sens des réalités, Jean-Yves Machond, interprété avec conviction par Benoît Poelvoorde. Perdu dans sa vision entièrement théorique de l’art et de la vie, il s’éloigne du monde des sensations et des sentiments, et tentera, par un retour aux sources de la peinture, de changer le cours de son existence.

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Cineuropa : Pouvez-vous nous parler L’art d’être heureux en quelques mots ?
Stefan Liberski
: L’art d’être heureuxJe crois que c’est avant tout un personnage, celui de Jean-Yves Machond, qui est interprété par Benoît Poelvoorde. C’est la quête d’un homme perdu dans le concept, perdu dans l’irréalité et qui chemine vers l’inspiration et le bonheur. C’était un artiste conceptuel reconnu, qui exposait des pièces vides. Ensuite, il était professeur. Mais quand le film commence, il cherche autre chose. Il part en Normandie pour tenter de se laisser emporter par le territoire des impressionnistes, la beauté du monde. Mais comme toujours chez lui, cela reste avant tout du domaine de l’idée, et c’est l’essence de la comédie.

Peut-on dire qu’il s’est tellement plongé dans le concept qu’il a perdu contact avec la vraie vie et que son escapade lui fera retrouver à la fois ses sensations et ses ressentis ?
Oui, je pense que c’est ce qu’il recherche. Il l’a été, il est enfermé dans ses idées toutes faites, et il en souffre. Il a aussi une histoire familiale difficile, mais il est à un moment de sa vie où il essaie de s’en sortir. Mais il s’échappe d’une idée pour entrer dans une autre idée. Cela paraît un peu pathologique quand je le dis, mais c’est ce qui le rend drôle aussi, d’autant qu’il y a beaucoup d’incompréhensions dans ses interactions avec les gens qu’il rencontre. L’inspiration ne vient pas, alors il se mélange aux gens du coin, aux petits peintres locaux. Cette aventure normande sera aussi pour lui l’occasion de renouer avec son corps, par l’amour, par l’acte de peindre qu’il avait quelque peu oublié.

Pour jouer Machond, il nous fallait un acteur ayant la carrure.
Benoît Poelvoorde est présent depuis le début de ce projet inspiré d’un livre écrit par Jean-Philippe Delhommeavec qui nous sommes tous les deux amis. On a beaucoup parlé avec Benoît, tout au long de l’écriture, la discussion s’est poursuivie sur le tournage, elle évoluait encore. C’est une vraie collaboration. J’avais un peu peur que ce personnage perdu dans le concept manque de tendresse, et Benoît lui a apporté beaucoup d’humanité. Quoi qu’il joue, il y a une énorme générosité.

Il y a un personnage assez inattendu, c’est la maison dans laquelle Machond s’installe, sorte d’OVNI posé dans le paysage normand.
Évidemment, il n’allait pas choisir n’importe quelle maison pour son exil. Il a jeté son dévolu sur une maison d’un architecte des années 70, un architecte anarcho-utopique, une de ces maisons bulles, ou soucoupes. Des ruines quasiment inhabitables, mais qui sont de nouveaux concepts. C’était très amusant pour nous de construire cette maison.

Le personnage de Machond est au bord de l’effondrement, et pourtant le film reste une comédie. Pouvez-vous nous parler du ton du film ?
Je trouve toujours plus intéressant quand la comédie est à la limite. Il se passe quelque chose d’important pour Machond, et comme il se trompe tout le temps, cela crée des situations cocasses. Sa façon de concevoir les choses est aussi une forme de résistance, un refus de s’ouvrir au monde. C’est en fait un film sur le déni de la réalité, qui me semble particulièrement intéressant à explorer car c’est quelque chose dont beaucoup de gens souffrent aujourd’hui, je pense. Nous avons un monde criblé d’idéologies, de batailles, d’idées, d’une petite dialectique pas très subtile. Mais il faut parfois s’écarter pour voir la réalité. Cette comédie est donc aussi une invitation à plus de réalité.

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