Je cherche un traitement pour Mia, Colin, Laurent et tous les autres

Allongé sur les genoux de son papa, Laurent, 5 ans, développe ses projets d’avenir dans cette scène touchante du film documentaire Clignoteren salles à partir du 4 octobre.


Publié à 2h00

Mis à jour à 13h00

Clignoterc’est un film de National géographique qui accompagne la famille Pelletier Lemay dans leur voyage autour du monde, en 2022 et 2023. Edith Lemay et Sébastien Pelletier avaient une mission bien particulière : combler la mémoire visuelle de leurs quatre enfants.






Trois d’entre eux – Mia, Colin et Laurent – ​​souffrent de rétinite pigmentaire. L’un de leurs gènes est défectueux, provoquant la mort progressive des cellules de la rétine. La maladie évolue différemment d’une personne à l’autre (même au sein d’une même famille), mais elle conduit, pour beaucoup, à une cécité « légale », et pour une petite minorité, à une cécité totale. « Peut-être que je serai un peu aveugle… », espère Laurent.






A l’occasion de la sortie de Clignoter et le livre Les yeux pleins (signé par Edith Lemay et publié aux Éditions de l’homme), La presse J’avais envie de parler à des scientifiques qui, comme Laurent, veulent défier le destin. « L’annonce du diagnostic est souvent perçue comme une malédiction, mais quand on connaît l’origine, on peut commencer à travailler sur des solutions », estime l’ophtalmologiste José-Alain Sahel, au cœur de ces recherches en plein essor.

Thérapies géniques

Quand le Dr Sahel a commencé sa pratique il y a 40 ans, alors que les gènes impliqués dans les maladies de la rétine étaient inconnus. Il se souvient qu’il était « insupportable » de dire à ses patients qu’il ne pouvait rien faire face à l’évolution de leur maladie. Depuis, les choses ont évolué : 300 gènes ont été identifiés, on comprend mieux comment se développent les maladies de la rétine et comment y faire face. “On ne peut pas promettre, car c’est de la recherche, mais il n’y a jamais eu autant d’espoir”, résume le Dr.r Sahel.

La thérapie qui semble la plus logique est la « thérapie génique » ; elle consiste à faire pénétrer une copie fonctionnelle du gène dans la cellule. Un premier traitement (Luxturna) a été approuvé par Santé Canada en 2020. Il cible une mutation spécifique, différente de celle de Pelletier Lemay.

Au Québec, deux enfants âgés de 11 et 17 ans ont reçu le traitement en 2023. « En général, plus on prend les enfants tôt dans l’évolution de leur maladie, plus il y a d’amélioration », explique le Dconcernant Cynthia Qian, qui a opéré ces deux enfants et qui est également l’ophtalmologiste de la famille Pelletier Lemay.

Des dizaines d’essais cliniques sont en cours sur d’autres gènes. L’une d’elles, réalisée en France, concerne la mutation en question chez Pelletier Lemays, mais l’essai n’en est qu’à ses débuts. Parmi les études en cours, certaines aboutiront à des résultats positifs, mais d’autres à des résultats mitigés ou négatifs, rappelle le D.concernant Qian.

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PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE ARCHIVES

Cynthia Qian, chirurgienne ophtalmologue au CHU Sainte-Justine

Il est certain qu’il y a beaucoup d’espoir, mais nous ne voulons pas donner un calendrier irréaliste ou trop court. Lorsque nous avons des attentes, la déception est plus grande.

Dconcernant Cynthia Qian

La progression parfois lente de la maladie complique les essais cliniques, note le Dr.r Sahel : « Pour démontrer une différence dans l’évolution de la maladie, il faudrait mener des essais cliniques très longs, parfois trop longs pour les industriels obligés d’investir. »

La mère des enfants, Edith Lemay, préfère accepter la maladie de ses enfants et les préparer à y faire face plutôt que de s’accrocher aux études en cours. « Oui, il y a de l’espoir, mais je ne peux pas me permettre de m’enthousiasmer », confie-t-elle. Et tout cela s’accompagne de peur, car même s’il existe un traitement, ce sera un traitement expérimental. »

Édition du génome

Edith Lemay et Sébastien Pelletier ont récemment rencontré un autre chercheur, Dr Fiodor Urnov, professeur à l’Université de Californie à Berkeley. Il travaille depuis 20 ans sur une technologie appelée « édition du génome ». Ici, il ne s’agit pas d’injecter un gène pour remplacer celui qui manque, mais de corriger l’erreur de langage du génome qui provoque la maladie.

Le Dr Urnov est également un passionné de cinéma et, par une coïncidence presque « mystique », il était au théâtre lors de la première du film. Clignoterfin août, dans le Colorado. C’est avec émotion qu’il écoutait le petit Laurent rêver de médecine.

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PHOTO PRISE SUR LE SITE WEB DE L’UC BERKELEY

Fiodor Ournov

« J’ai commencé à pleurer, dit-il, parce qu’un tel médicament a été inventé : il s’appelle CRISPR. »

Le Dr Urnov est directrice scientifique de l’Innovative Genomics Institute, fondé par Jennifer Doudna, lauréate du prix Nobel pour ses travaux sur une technologie au nom spécial : CRISPR-Cas9. Les systèmes CRISPR sont souvent comparés à des « ciseaux génétiques » : ils peuvent identifier une séquence d’ADN précise, la couper et la remplacer. Le Québécois Sylvain Moineau est un pionnier de cette technologie entouré d’une aura de révolution.

Fin 2023, les États-Unis ont approuvé le tout premier médicament basé sur CRISPR – Casgevy, qui traite l’anémie falciforme, une maladie génétique courante. De nombreux essais cliniques sont en cours pour traiter d’autres maladies, notamment celles de la rétine.

Le problème actuel n’est pas technique, selon Fiodor Urnov, mais « sociétal ». « Les industriels s’intéressent aux maladies qui touchent un large bassin de patients, et cela n’inclut malheureusement pas les enfants de Pelletier Lemay », résume-t-il.

Il donne l’exemple d’un essai clinique récent qui a testé CRISPR sur une forme de maladie rétinienne. Malgré des « résultats cliniquement significatifs », la société a mis fin au recrutement de participants en 2022, invoquant le faible bassin de patients potentiels aux Etats-Unis (300). Créer un médicament, rappelle le Dr Urnov, cela prend quatre ans et 10 à 15 millions de dollars.

Au cours de l’été, la Food and Drug Administration des États-Unis a publié les premières lignes directrices d’une « plateforme » qui permettrait de créer plus rapidement des traitements personnalisés, en prenant les preuves de médicaments déjà approuvés et en incorporant les mêmes composants.

L’équipe du professeur Urnov souhaite d’abord organiser des essais cliniques auprès d’enfants atteints d’une maladie du système immunitaire et ayant moins de six mois à vivre. « Au cours des trois ou quatre prochaines années, nous en apprendrons de plus en plus sur la sécurité et l’efficacité de ces drogues de synthèse. Je pense que les enfants atteints de maladies évolutives, comme les Pelletier Lemay, devraient être en deuxième ligne », estime le professeur. Urnov, qui veut souligner une chose : « pas de faux espoirs, pas de fausses promesses ».

Pour le moment, la maladie de Mia, Colin et Laurent évolue heureusement lentement. Ils ne voient pas dans la pénombre, mais ils ont quand même un très bon champ visuel, si bon qu’ils ne seraient probablement pas admissibles à une étude clinique, souligne Edith Lemay. Si l’option se présente un jour, “la décision sera prise avec les médecins, et avec les enfants”, conclut-elle.

Protéger la vision restante

D’autres approches parallèles sont également étudiées, dont celle appelée « neuroprotection ». L’équipe Dr Le Sahel mène actuellement un essai clinique pour tester cette approche, qui vise non pas à corriger la mutation, mais à protéger les cellules rétiniennes restantes, quel que soit le gène en question. Le Dr Sahel énumère d’autres approches prometteuses : la thérapie « optogénétique », qui utilise le code génétique d’une protéine d’algue (!) pour réveiller les cellules rétiniennes ; la rétine artificielle ; greffe de cellules souches…

 
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