revue de l’autre pépite de SF (après Dune 2)

“N’oubliez pas que la vie ne dure que 18 000 jours”

Comme le titre l’indique, le postulat de Dôme céleste 2123 cela n’a rien de très original. Un siècle après notre ère, la Terre est devenue stérile et l’Humanité s’est réfugiée sous d’immenses dômes. Maintenir un écosystème artificiel et garantir les ressources nécessaires à notre survie, toutes les personnes de plus de 50 ans se transforment forcément en arbrece qui laisse à chaque individu un maximum de 18 000 jours de vie.

Dans cette existence chronométrée, tout est calculé et rationalisé, la productivité et la procréation priment sur tout le reste. Alors, lorsque Stephan découvre que sa femme Nora, plus âgée que lui, a décidé d’écourter ses jours après la perte de leur fils, il tente tout ce qui est en son pouvoir pour la sauver et changer leur destin. Mais pouvons-nous vraiment « sauver » quelqu’un dans un contexte post-apocalyptique ?

Si le pitch suggère une course effrénée contre la montre et une fuite en avant épuisante, la narration choisit au contraire ce que cette entreprise sous couverture a renoncé à faire : ne pas se précipiter, prendre le temps, sans chercher du tout à faire du profit. prix pour les heures et les minutes. Donc, Dôme céleste 2123 déroule une histoire mélancolique et contemplative. L’intrigue est lente, parfois même léthargique, sans tension palpable ni suspense insupportable, sans révolte sociale majeure ni impact réel sur ce système impitoyable.

Juste la beauté de ce cliché

Stephan et Nora sont des personnages ordinaires, généralement impuissants, qui n’ont pas vocation à bousculer quoi que ce soit à grande échelle. Ils n’ont aucun contrôle sur quoi que ce soit, sauf sur leur relation, et peut-être sur leur mort. Dôme céleste 2123 est donc autant une histoire d’anticipation que histoire d’amour qui se réveille après un long coma.

Alors que le temps manque cruellement, ils prennent juste « le temps », celui de jouer sur un piano désaccordé, de nettoyer une pièce saccagée dans laquelle ils ne reviendront jamais, de s’asseoir dans un théâtre vide, de s’attarder sur de vieux souvenirs et fais l’amour comme si c’était la première et la dernière fois. C’est simple, beau, triste et tellement fort.

Les performances retenues de Tamás Keresztes et Zsófia Szamosi

Il était une fois la vie

Dans Dôme céleste 2123, la Terre est stérile, mais que ce soit à cause de la pluie ou de l’air irrespirable, elle ne donne jamais l’impression d’être morte. Avec les bâtiments en ruine et les navires abandonnés qui jonchent le paysage, c’est comme si l’humanité avait tout détruit puis décrété que la vie n’était plus possible, alors qu’elle n’aspire qu’à repousser.

On a l’impression qu’un bourgeon pourrait surgir de terre à tout moment, qu’un oiseau pourrait traverser le ciel ou qu’un poisson pourrait remonter un ruisseau. C’est comme si la planète criait pour recommencermais que les humains restaient sourds et aveugles.

Dôme céleste 2123 : photoDôme céleste 2123 : photoA la veille d’une nouvelle vie

C’est l’autre particularité du film : son humilité. Dôme céleste 2123 porte une réflexion inconfortable mais juste sur notre condition et notre appartenant à quelque chose de plus grand et de plus important que nous-mêmes. Notre fin n’est pas une fin en soi (idem pour les personnages), car nous ne conditionnons pas la vie. Nous l’étouffons et le soumettons.

Le film n’a donc pas besoin de viser les étoiles et l’immensité de l’univers pour nous ramener dans une mécanique dont nous ne sommes qu’un rouage, une forme de vie parmi tant d’autresun grain de sable dans un désert.

Dôme céleste 2123 : photoDôme céleste 2123 : photoLaisser l’évolution se produire sans nous, notre plus grand défi

Certaines scènes sont à la fois cruelles et poétiques, comme la fin (que l’on ne gâchera pas) ou la découverte des arbres humains avec leurs feuilles aux empreintes digitales, et le discours déshumanisant du scientifique qui s’émerveille devant eux. Et pendant qu’on parle de l’étrange beauté du film, le parti pris visuel de la rotoscopie complète la démarche.

Le fait de recréer les personnages à la main et non par ordinateur leur donne des fonctionnalités dynamiques, presque instables, à tel point qu’ils semblent continuellement en mouvement. Tout le contraire des décors 3D figés et des objets photoréalistes qui parcourent cette histoire, bien plus vaste et plus sage qu’il n’y paraît. Et quand on sait qu’il ne s’agit que du premier long métrage du duo Sarolta Szabó et Tibor Bánóczki, on demande déjà à voir le prochain.

Sky Dome 2123 est en salles depuis le 24 avril 2024

Sky Dome 2123 : afficheSky Dome 2123 : affiche

 
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