Revue de « Mégalopole » : L’indigestion des excès

Revue de « Mégalopole » : L’indigestion des excès
Revue de « Mégalopole » : L’indigestion des excès

Francis Ford Coppola, directeur de ParraindeApocalypse maintenant et de Draculane parvient pas à retrouver son souffle et se livre à des excès malvenus.

Coppola l’a répété à maintes reprises, son Mégalopole fait un parallèle entre la chute de Rome et la chute actuelle des États-Unis. Comme il travaille depuis 40 ans sur ce long métrage de 138 minutes, il dit avoir eu le temps de faire le tour de la question et de donner sa réflexion sur la situation politique actuelle de son pays.

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Le cadre narratif de Mégalopole est donc simple(tte). Cesar Catilina (Adam Driver) est un inventeur idéaliste qui rêve de transformer la ville de la Nouvelle Rome en une ville de rêve, à la manière de ces images de Tomorrowland exposées à Disneyland dans les années 1980. Cesar se heurte à la cupidité de Franklyn Cicero (Giancarlo Esposito), le maire de la mégalopole, ainsi que d’Hamilton Crassus III (Jon Voight), ce dernier tombant dans les filets de Wow Platinum (Aubrey Plaza), journaliste de télévision. De plus, Clodio Pulcher (Shia LaBeouf, dont les scènes sont réussies), la cousine de César, se lance en politique tandis que Julia (Nathalie Emmanuel), la fille du maire, tombe amoureuse de César.

Lourdeur…

On reconnaîtra immédiatement les références à l’histoire romaine, on entendra des citations de Shakespeare (le long monologue d’Hamlet), Sappho, Marc Aurèle et bien d’autres, on aura droit à une fastidieuse leçon de politique et de sociologie qui n’a malheureusement ni le mérite d’innover ni celui de proposer des théories plus modernes. Très vite, Coppola tourne en rond, répète des idées maintes fois entendues et se délecte d’une orgie de clins d’œil visuels qui alourdissent cette pensée déjà particulièrement lourde (et non, la longueur n’est pas la question, nous livrait l’année dernière son ami Martin Scorsese). c’est remarquable La note américaine dont pas une minute des 3h26 n’est superflue).

Outre la démesure verbale (qui nécessite une voix off), le visuel, qui se veut grandiose, n’est que kitsch ridicule. Hormis les scènes sporadiques dans lesquelles Adam Driver excelle lorsqu’il est au-dessus de la Nouvelle Rome, le reste rappelle les années 1980 et regorge d’or, de costumes romains, de bijoux et de pierres, la révolte menée par Clodio Pulcher ressemblant alors à une pâle imitation des entrailles. de Gotham vu par Christopher Nolan (en parlant de Nolan, sachez que Mégalopole est également présenté en IMAX) ou Tim Burton.

Sous la mise en scène (qui nécessite une voix off) de Coppola, les comédiens livrent leurs dialogues d’une manière théâtrale qui devient vite grotesque ; Le texte de Coppola ne mérite pas d’être déclamé à la manière des grandes œuvres, surtout dans les moments visiblement improvisés – Coppola a fait beaucoup d’improvisation et de changements de dernière minute. Mégalopole est parsemé d’acteurs « annulés » – là encore, le cinéaste en a fait grand cas – qui ne font que détourner l’attention plutôt que d’apporter de l’eau au moulin qui se veut contestataire.

Les deux personnages féminins centraux sont réduits à leur plus simple expression caricaturale. Entre la gentille petite fille-future maman (le rôle de Nathalie Emmanuel) et la pute (celui d’Aubrey Plaza), on retrouve les échos désagréablement surannés d’un Hollywood d’antan où les femmes n’existaient que comme l’ombre d’elles-mêmes et comme un repoussoir pour hommes.

En voulant peindre le chaos, Coppola crée le chaos sans jamais trouver la force de le faire.Apocalypse maintenant. Parce qu’il n’a plus le génie d’un Gaspar Noé (imaginons un instant la puissance d’un Mégalopole entre les mains expertes de l’Italo-Argentin établi en France !) ni d’un Leos Carax (dont on retrouve des résonances). Et on regrette longtemps ce rendez-vous manqué qui, pour faire un jeu de mots facile, est mégalomane.

Note : 2 sur 5

Mégalopole sort en salles le 27 septembre.

 
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