« Le Nous et le Je » : notre critique

Immersion dans un bus du Bronx que Michel Gondry remplit d’adolescents en ébullition. Cruauté, et beaucoup d’énergie.

By Jacques Morice

Publié le 25 septembre 2024 à 14h17

Mis à jour le 25 septembre 2024 à 14h18

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MIchel Gondry met en pratique de manière directe et habile des idées que tout le monde peut avoir. Comme prendre un bus rempli de lycéens déchaînés et voir ce qui s’y passe en termes d’effet de groupe et d’affirmation de soi. Bref, tout un théâtre urbain, à la fois social et sentimental, que Gondry a créé avec un groupe de jeunes d’une école du Bronx. Il n’y a pas que des adolescents dans ce bus, mais c’est tant mieux. Les autres passagers sont de pâles figurants. Un adolescent s’installe dans l’espace public comme si c’était sa chambre. La civilité n’est pas son point fort. Gondry filme cet âge tel qu’il est, ingrat. Avec ses kilos en trop, son énergie plus ou moins bien canalisée, ses complexes.

Au début, le bus est un chaudron de langages (très) vifs, où filles et garçons se taquinent sans arrêt, où les petits voyous ont tendance à faire la loi. Mais à mesure qu’il se vide, les faux-semblants tombent, le « je » s’affirme davantage. Des personnalités émergent, des liens inattendus se nouent, des désaccords éclatent. Les rebondissements sont parfois déconcertants, mais n’est-ce pas aussi la nature de l’adolescence ? Ce voyage dans les rues de New York, qui donne l’heureuse impression d’avoir été filmé en temps réel, est, à n’en pas douter, un parcours initiatique. Chacun, qu’il soit dominant ou opprimé, seul, en couple ou dans un clan, fait l’expérience de la vie en société. Avec tout ce que cela comporte d’émulation, de frustration et de satisfaction.

 
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