revue d’un chef-d’œuvre coloré

Diable jaune

Casse-cou jaune fait partie d’une série de récits anthologiques menés par le duo de choc Jeph Loeb (scénario) et Tim Sale (dessins). L’idée est de revisiter les débuts des grands héros Marvel, avec une couleur comme base esthétique (allez lire le somptueux Spider-Man Bleu En plus). Les auteurs en profitent pour amusez-vous un peu avec le canon, sans le trahir.

Cette mini-série est donc une porte d’entrée idéale et un hommage fort aux origines du héros. Mais aussi et surtout un exercice de style mené de main de maître par feu Tim Sale (décédé en 2022). Rien d’étonnant, quand on connaît le pedigree du monsieur (qui a notamment livré le magnifique Batman : Le long Halloween à DC), qui choisit ici un jaune presque monochrome pour soigner Daredevil.

La vie en jaune (et un peu de rouge)

Jaune, pas rouge comme on pourrait s’y attendre. Il ne s’agit pas seulement la couleur du premier costume emblématique du héros, mais il trouve aussi son sens dans son histoire personnelle (en l’occurrence son père boxeur). Ainsi, la vision très particulière du monde de Matt Murdock, aveugle, pour rappel, se reflète dans une belle dichotomie, ses couleurs vives contrastent avec le New York poisseux et grisâtre qu’il défend.

Loeb et Sale associent également cette couleur à Karen Page (ses cheveux blonds, ses vêtements jaunes), une des grandes amours de Matt. La mort emblématique du personnage fait partie de la tragédie de Casse-cou jaune, avec un héros qui raconte sa vie depuis ses premiers pas à son ancien partenaire. Cependant, et c’est là la véritable force de cette histoire, le drame du héros ne prime jamais sur sa résilience.

Une esthétique au service du récit

Au-delà de la tragédie

Les histoires anthologiques sur Daredevil sont assez nombreuses et souvent couronnées de succès. Et, compte tenu de la période explorée, nous pourrions facilement comparer Casse-cou jaune de L’homme sans peur, un autre véritable chef-d’œuvre considéré comme la meilleure histoire d’origine du héros. Pour se différencier du classique de Frank Miller, Loeb et Sale ont donc adopté une approche plus optimiste, sans s’écarter des aspects fondateurs du personnage.

Donc, le duo ne laisse jamais de côté l’enfer de Hell’s Kitchen lors de la présentation de la naissance de Daredevil. Là encore, la force visuelle du récit donne corps et sens au repaire du héros, d’abord à travers les enfers (liés à l’assassinat de son père), puis à travers les premiers super-vilains qu’il affronte.

Casse-cou jaune: photoCasse-cou jaune: photoDaredevil contre Electro

Casse-cou jaune utilise ses couleurs vives pour établir un parallèle sinistre entre un affrontement flamboyant contre Electro et l’exécution du meurtrier du père de Matt à la chaise électrique, presque en noir et blanc. La vente bénéficie également d’une mise en scène le terrifiant Purple Man et ses pouvoirs de contrôle mentaltoutes ses victimes prenant elles-mêmes la couleur violette du méchant.

Casse-cou jaune: photoCasse-cou jaune: photoDaredevil contre la peine de mort

Pour autant, si la tragédie du héros ne s’efface jamais, elle ne constitue pas pour autant le pilier ultime de son récit. Matt se débarrasse du jaune de son costume, hommage à son défunt père, et adopte le rouge, la couleur préférée de Karen. De la même manière, la conclusion du récit pourrait s’attarder longuement sur sa fin tragique, mais choisit une autre voie, sans introduire Elektra dans l’équation.

On a l’habitude de voir Daredevil se morfondre, ressasser ses erreurs, comme Batman, mais JAUNE se détache en lui permettant de les accepter et d’avancer, pour voir ses rares moments de vie simple (un bowling, un verre au bar…) plutôt que ses défaites. Un acte fondateur qui le fait une des meilleures histoires dédiées au personnage, sombre et tragique, oui, mais surtout pleine d’espoir.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV il sortira en 2024 dans les salles obscures, mais pas pour tout le monde
NEXT « Fall Guy », la comédie d’actualité