Le film « Frères » avec Mathieu Kassovitz et Yvan Attal est l’adaptation de l’histoire vraie de Michel et Patrice de Robert, deux frères, abandonnés par leur mère après la Seconde Guerre mondiale, qui ont survécu seuls dans la forêt pendant sept ans. Nous avons rencontré Michel pour évoquer avec lui ses souvenirs, et cette adaptation, entre hommage et tristesse.
Frères : l’histoire vraie de Michel et Patrice par Robert
Attendu en salles le mercredi 24 avril, le film Frères d’Olivier Casas avec Mathieu Kassovitz et Yvan Attal, est l’adaptation cinématographique d’une incroyable histoire vraie, longtemps gardée secrète. Celle de Michel de Robert et de son frère Patrice, qui, enfants, furent abandonnés par leur mère en 1948.
A l’âge de cinq et sept ans, suite à un accident, les deux frères se sont réfugiés dans une forêt non loin de La Rochelle, où ils ont survécu seuls pendant sept ans. Patrice, l’aîné, protégeait son petit frère Michel, et faisait tout pour qu’il survive.
Cette première expérience a cimenté un lien fraternel inébranlable qui a eu un impact puissant sur leur vie d’adulte. Si Michel est encore en vie aujourd’hui, son frère Patrice ne supportait pas le retour à la civilisation, et s’est suicidé à l’âge de 48 ans. Le film d’Olivier Casas revient sur cette histoire, et suit Michel et Patrice, dans leur enfance, mais aussi dans leur vie d’adulte.
Une histoire longtemps gardée secrète
Michel de Robert a longtemps gardé secrète l’histoire de son enfance extraordinaire, principalement parce qu’il s’agissait d’une expérience profondément personnelle et douloureuse qu’il partageait exclusivement avec son frère Patrice. Pour Michel, cette histoire de survie et de fraternité après avoir été abandonné dans la forêt représentait une partie de leur vie qui leur appartenait intimement. Il pensait que cette histoire, riche en émotions et en souvenirs, devait rester privée pour préserver son caractère sacré et l’intimité de leur lien. Comme il nous l’a dit lors de notre rencontre à Paris, il ne souhaitait pas que leur histoire soit exposée à la critique ou discutée publiquement, car elle symbolisait leur solidarité face aux épreuves et leur amour fraternel.
C’était notre histoire. Nous ne voulions pas en parler, c’était à nous de décider.
La mort de son frère en 1993 constitue un tournant décisif pour Michel. Après la mort de Patrice, Michel a commencé à ressentir le poids du silence et la solitude de porter seul ce passé. Ce changement de circonstances l’a progressivement amené à envisager de partager leur histoire avec ses connaissances. C’est dans ces conditions qu’Olivier Casas, le réalisateur, qui a travaillé avec Michel pendant plusieurs années, a découvert il y a neuf ans son incroyable histoire.
Un hommage à son frère disparu
Plus de trente ans après le suicide de son frère Patrice, Michel de Robert est toujours très affecté par son absence. Il voulait avant tout que le film Frères célèbre leur amour, et ce lien indéfectible qui les unissait. Il déclare ainsi :
“Le scénario devait absolument refléter la réalité de ce que nous vivions et surtout mettre en avant l’amour que j’avais pour mon frère. Ce n’était pas seulement cette histoire de survie en forêt qui m’intéressait. Ce qui est crucial, c’est que le film rende un véritable hommage à mon frère, qu’il témoigne de l’amour que je lui porte.“
La sortie du film est à la fois libératrice pour Michel de Robert, qui partage son histoire intime avec tout un public, mais aussi remplie de douleur, comme il nous l’a confié :
“Le seul problème, c’est mon frère, c’est tout. Le seul problème, ce n’est pas triste, c’est qu’on parle beaucoup de mon frère et pour moi, c’est dur.“
Cette déclaration révèle à quel point il est douloureux pour lui de revisiter les souvenirs de son frère, non pas parce que cela lui rappelle de la tristesse, mais parce que cela lui rappelle la profondeur de leur lien et la perte qu’il continue de ressentir.
Il trouve néanmoins une certaine consolation dans le fait que, à travers le film, son frère semble reprendre vie : «Mais en même temps, je le vois vivre. En même temps, il est là. En même temps, il est avec nous.“
