« Une année difficile », capital humoristique

« Une année difficile », capital humoristique
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En ce jour de Vendredi noir, une foule agressive attend l’ouverture d’un grand magasin d’électronique dont l’accès est bloqué par un cordon humain de militants pour le climat. Parmi les clients mécontents se trouve Albert, venu acheter à prix réduit une télévision qu’il doit ensuite revendre avec profit à un certain Bruno. Lorsqu’Albert se présente enfin chez ce dernier, il est accueilli par des huissiers et un Bruno. groggy de pilules. Entre le « combinard » et le dépressif, tous deux surendettés, naît une improbable amitié qui les amène à s’impliquer, pour leur bénéfice personnel, auprès dudit groupe écologiste. Avec Une année difficileles auteurs deIntouchables et de ExceptionnelOlivier Nakache et Éric Toledano, continuent d’allier cinéma populaire et commentaire social.

Ceci, avec en prime un aspect romantique, puisque Albert (Pio Marmaï) tombe sous le charme de Valentine (Noémie Merlant), alias Cactus, le chef idéaliste de la bande…

« Ce sont des images très précises qui ont motivé l’écriture du film », révèle Olivier Nakache lors d’un entretien réalisé au Festival international du film de Toronto à l’automne 2023, pour la première nord-américaine du film. film.

« Ces images sont arrivées alors qu’on était dans la crise sanitaire, dans ce moment de vide, dans ce moment où on était en pause, ce moment surréaliste… Je me souviens de plusieurs images étonnantes, marquantes. Il y avait ce cerf qui errait place de la Concorde à Paris. Cela illustrait tellement cette impression de temps suspendu que nous ressentions… Mais à l’opposé, ce sont des images de démesure qui nous sont parvenues, dont celles du Vendredi noir. On pouvait voir des militants bloquer les clients. À cause de la pandémie, Eric et moi avons été séparés pendant un moment rare, et nous nous sommes tous deux envoyé ces images, spontanément. On s’est demandé qui avait filmé ça. Et bref, ces images ont été une de nos portes d’entrée vers le film. »

Une autre de ces « portes d’entrée » était en l’occurrence entrouverte avant la pandémie, et cela concernait les phénomènes de surendettement et de précarité.

Ce sont des images très précises qui ont motivé l’écriture du film.

« Nous avions fait quelques recherches, avec Éric, et là encore, au niveau des images, nous étions frappés par le contraste entre différents appartements vides : pour certains, c’était parce que les occupants avaient fait saisir leurs meubles parce qu’ils n’étaient pas en mesure de payer leur créanciers, tandis que pour d’autres, elle était davantage liée à une philosophie de vie visant à vivre mieux avec moins. »

Pourtant, au départ, Olivier Nakache et Éric Toledano se sont dit que ces thématiques spécifiques ne cadraient pas avec le militantisme environnemental.

« Sauf que dans ces fameuses images de Vendredi noir, il y a eu cette interview avec un gars qui voulait entrer dans le magasin, mais qui ne pouvait pas à cause des militants écologistes, et on s’est rendu compte, Eric et moi, que c’était quelqu’un qui était surendetté. On a alors compris qu’il y avait une zone de friction entre nos deux sujets. Avec Eric, on s’est dit que tout cela en disait long sur notre époque, et que ce serait bien de… faire une radiographie, comme pour nous prendre sur le fait, collectivement… »

Recherche immersive

Fait intéressant, toutes ces images qui avaient initialement séduit Olivier Nakache et Éric Toledano ont été reproduites dans le film. Évidemment, avant d’en arriver là, il fallait créer une intrigue et des personnages afin de donner vie à ce décor engageant.

« Avec Éric, nous avons deux modes de fonctionnement pour le design des personnages. Tout d’abord, nous nous inspirons des acteurs avec lesquels nous souhaitons travailler. Pio Marmaï (Les trois Mousquetaires) en faisait partie. L’envie de travailler avec lui a été l’un des moteurs du film. Nous avons écrit pour lui le rôle d’Albert. Ensuite, nous nous basons volontiers sur de vraies personnes. Bruno, le joueur compulsif surendetté et déprimé incarné par Jonathan Cohen, est quelqu’un dont nous avons suivi le parcours. »

Quant au déroulement de l’histoire elle-même, les deux complices aiment se documenter de manière… immersive. Dans ce cas, il s’agissait d’obtenir la collaboration de deux factions on ne peut plus opposées.

« Nous avons d’abord été admis dans un mouvement militant appelé Extinction Rebellion. Nous leur avons expliqué que nous étions en train d’écrire un scénario et que nous voulions nous inspirer de la réalité. Nous avons donc participé à des actions militantes avec eux. C’est ainsi que nous avons pu voir comment cela fonctionne de l’intérieur. Heureusement, les gens nous accueillent à bras ouverts presque partout. Nos films sont devenus de fantastiques passeports : ils nous donnent accès à beaucoup de choses et de personnes. Comme, deuxièmement, assister aux commissions de la Banque de France, ce qui est normalement interdit. Mais Eric et moi avions la permission. Alors, on nourrit ainsi nos scénarios, à partir de thématiques qui nous interpellent, de situations dont nous sommes témoins, d’images qui nous frappent… »

Drôle de paradoxe

Avec Une année difficile, Olivier Nakache et Éric Toledano se sont toutefois retrouvés confrontés à un étrange paradoxe, il faut le dire. En fait, tout ce qui touche au militantisme pourrait facilement tourner à la caricature, ce que le duo voulait éviter à tout prix.

En même temps, leur approche privilégiée est l’humour, qui se colore de différentes nuances dramatiques selon les films, il est vrai.

« En voyant notre film, on pourrait croire aux clichés ou, oui, aux caricatures. Mais ce qui est représenté est exactement ce que nous avons vu. Et encore : nous avons freiné. Nous avons été doux dans nos descriptions des militants qui mènent toutes ces actions. Vous savez, ils sont parfaitement conscients de ce qu’ils représentent, de ce qu’ils sont et de la façon dont ils sont perçus. Ils se disent : « on va se faire chier, on va bloquer », mais le but est de tous nous alerter. Ils veulent être audibles et visibles, alors ils mettent les choses en scène. D’ailleurs c’est sans doute ce qui nous a attiré, Eric et moi, dans leur action : le fait que ce soit une mise en scène. »

Après un silence, Olivier Nakache conclut : « Notre ADN, c’est la comédie, car la comédie est un bon point d’observation. C’est évident qu’on pousse les situations, justement pour faire rire, mais pas n’importe comment. »

Et pas à tout prix, pour rester dans le champ lexical du moment.

Le film Une année difficile sort en salles le 5 avril.

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