Revue de Paternel (Film, 2024)

Revue de Paternel (Film, 2024)
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CRITIQUE / AVIS FILM – Dans son premier film « Paternel », Ronan Tronchot dresse le portrait attachant d’un prêtre découvrant sa paternité. Avec Grégory Gadebois, Géraldine Nakache et Lyes Salem.

Un père spirituel peut-il aussi être père ?

Premier film de Ronan Tronchot, co-écrit avec Ludovic du Clary, Paternel est un petit bijou d’humanité et d’audace. Parce que, comme le récent Magnifique, il n’est pas facile d’aborder le sujet de la vie personnelle et intime des prêtres sans être contemplatif ou plaintif. Surtout dans le contexte actuel de crise vécu par l’Église. Déshéritage des fidèles, manque de moyens, culte du secret et d’une hiérarchie encore trop dogmatique, voire hypocrite, cohabitent avec la nécessité absolue de l’Institution de vivre avec son temps. Et si les abus sexuels sont évoqués dans le film, ce n’est que du bout des lèvres par l’intermédiaire de la Commission Sauvé, ce que peu de gens devraient connaître.

Premièrement, les auteurs de Paternel réussissent parfaitement à faire adhérer le spectateur, croyant ou athée, au personnage de Simon. Il faut dire que l’acteur Grégory Gadebois suscite une empathie immédiate. Il était déjà très crédible comme cuisinier dans Délicieuxc’est ici remarquable comme prêtre dévoué à sa paroisse. Sa posture, ses gestes, sa voix, son regard, son phrasé éclairent la vérité de son personnage.

Père ©KMBO

On le découvre ainsi dans le rôle du Père Simon, confronté à Louise (Géraldine Nakache) avec qui il a eu une liaison lorsqu’il était séminariste. Accablée par la charge mentale, en détresse, la jeune femme est revenue vers lui des années plus tard. Sauf qu’elle n’est pas seule. Le résultat de ce que Simon appelle une erreur dans sa vie s’appelle Aloe (Anton Alluin) et a 11 ans. Un garçon espiègle et attachant, qui s’invite petit à petit dans la vie de Simon.

La bonne foi ne suffit pas toujours

La dynamique de la mise en scène entraîne avec brio le spectateur dans le tourbillon du quotidien du prêtre. A l’écoute de ses fidèles, vivants et mourants, il les soutient et les aide à se remettre en question. Grâce à la présence discrète d’Amine (Lyes Salem) et de Rozenn (Françoise Lebrun), sa vocation est entièrement dédiée au service de sa mission sacerdotale. Paternel montre très bien comment Simon, qui passe son temps à transformer les problèmes des autres en solutions, se retrouve face à un profond dilemme, qui fait écho à sa propre histoire. La métaphore de son cou qui démange, qui évolue au même rythme que ses questions, est appropriée. D’abord discrets, ils deviennent de plus en plus visibles et inquiétants, car Simon ne pourra bientôt plus rien cacher. Ni ces marques, ni Aloe.

Père ©KMBO

Prendre une telle décision face à tsunami de nouvelles émotions est complexe. Simon devrait-il avouer la vérité et risquer d’être renvoyé ? Et sinon, comment pourrait-il être le père d’Aloé tout en mentant à sa communauté, perdant ainsi sa figure d’autorité exemplaire ? A-t-il au moins le droit de ressentir de la joie en compagnie de son fils ?

Paternel questionne ainsi subtilement la foi, l’engagement, la puissance de la vocation et le célibat des prêtres. Mais aussi sur la responsabilité d’assumer le passé, les conséquences des choix imposés par les autres et sur ce qui constitue la famille. Un film très émouvantmontrant des prêtres modernes qui, malgré la sacralisation de leur fonction, restent néanmoins des hommes.

Paternel de Ronan Tronchot, en salles le 27 mars 2024. Ci-dessus, la bande-annonce. Retrouvez toutes nos remorques ici.

 
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