Comment se sont passés les mois qui ont suivi les Jeux ?
Sara Balzer : Il était prévu que ce soit interrompu jusqu’en octobre. Et on a reporté la reprise parce que je sentais que j’avais besoin de plus de temps. Paris était tellement immense, il s’y passait tellement de choses que le corps et l’esprit avaient encore besoin de temps pour digérer et décompresser. Je ne voulais pas avancer, revenir et peut-être être dégoûté quelques mois plus tard. C’était important pour moi aussi de vivre toutes ces émotions. Il y avait aussi la frustration de ne pas gagner en finale. Il y a beaucoup à faire là-bas. Le temps était donc mon allié. Je voulais avoir envie de revenir. (Concernant le Grand Prix de Tunis), je ne suis prêt ni physiquement ni au niveau de l’escrime. Mais je voulais y aller, ça me manque vraiment. J’essaie donc de faire de grosses séances d’assaut pour accumuler un maximum d’escrime même si je ne vais pas rattraper les six derniers mois.
SB : Les championnats du monde en juillet (à Tbilissi, en Géorgie, ndlr). C’est mon objectif d’être champion du monde. Cela me laisse le temps de me préparer avant. C’est un joli titre à obtenir, donc ça me motive.
Au final, que vous ont appris ces Paris Games ?
SB : Je pense que le stress que nous avons vécu, nous ne le reverrons plus jamais, honnêtement, c’était surhumain. Je ne sais pas comment j’ai géré tout ça. Donc le stress, les émotions, l’enjeu, être chez soi devant tout le monde, être favori, c’était beaucoup à gérer. Nous nous entraînons pendant 10 ans pour une journée, donc nous acceptons aussi que les choses vont peut-être mal tourner, mais cela ne nous définit pas. Et surtout, ce que j’ai appris, c’est que le voyage était important, et pas tellement l’arrivée. Ce que j’ai pu apprendre en tant qu’athlète, en tant que femme, c’était fou.
On parle aussi de la recherche de sponsors après les Jeux, comment ça s’est passé pour vous ?
SB : La plupart de mes contrats ont pris fin après les Jeux. C’est souvent comme ça, on signe des contrats, pour les JO, ou parfois pour un an seulement. J’ai la chance que presque tous mes partenaires me suivent pour les prochains JO. Nous avons pu nouer des relations durant ces années, et je suis très heureux de voir que même si Paris est terminé, ils sont toujours motivés à me suivre.
En quoi sont-ils indispensables pour vivre de l’escrime ?
SB : Nous avons un sport professionnel, mais malheureusement nous n’avons pas les salaires du sport professionnel. Je n’ai pas de salaire de ma fédération ni de mon club, j’ai donc des aides, des subventions municipales et régionales, qui ne me permettent pas de subvenir à tous mes besoins. Il est essentiel que j’aie des partenariats privés. C’est une autre casquette qu’il faut porter en tant que sportif de haut niveau : savoir se vendre, savoir parler, l’image sur les réseaux sociaux est aussi importante. Je trouve ça intéressant, dans le sens où c’est une autre expérience, mais ce n’est pas facile pour tout le monde, tout le monde n’est pas à l’aise. Je travaille aussi au sein d’entreprises, donc c’est intéressant.
Et comment as-tu appris à apprivoiser cette casquette ?
SB : J’ai vite compris que l’escrime coûte très cher, les saisons aussi, et qu’au début, ce sont les parents qui paient. Mon objectif était clairement d’être indépendant, de pouvoir subvenir à mes besoins. J’aime les réseaux sociaux, c’est un endroit où je suis à l’aise, donc pour moi en tout cas, cette partie était assez facile, partager mon quotidien, montrer ce que je faisais, c’était la partie cool. Et puis, le reste, les interventions, les discussions, les temps de parole, ça s’apprend. J’ai appris ça sur le tas, en faisant ce genre d’exercice.
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