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Le Rwanda candidat à l’organisation d’un Grand Prix de Formule 1, nouvel outil de sensibilisation du pouvoir

Le président rwandais Paul Kagame s’adressant aux délégués de la Fédération internationale de l’automobile à Kigali, le 13 décembre 2024. JEAN BIZIMANA/Reuters

Impossible de les rater devant le Kigali Convention Center. Du 9 au 13 décembre, les acteurs du sport automobile, réunis pour la cérémonie annuelle de remise des prix de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA), ont pu apprécier le circuit de karting installé pour l’occasion dans la capitale rwandaise et la présentation d’un bolide de course. « fabriqué au Rwanda ». Autre attraction de l’événement, le pilote néerlandais Max Verstappen a reçu son quatrième trophée de champion du monde de Formule 1, directement des mains du président Paul Kagame.

Pour cette première cérémonie sur le continent africain, le Rwanda n’a pas lésiné sur l’accueil. Cela a presque valeur de test puisque Kigali se positionne depuis août pour l’organisation d’un Grand Prix de Formule 1 en 2026. Paul Kagame l’a d’ailleurs officiellement confirmé en déclarant que « Le Rwanda veut ramener le frisson de la course automobile en Afrique ». Jusqu’à présent, seuls l’Afrique du Sud (1993) et le Maroc (entre 1925 et 1958) ont accueilli ce type de compétition. Si l’on choisissait le « pays des mille collines », il faudrait construire un circuit à proximité du nouvel aéroport du Bugesera – encore en construction –, à 40 kilomètres à l’est de Kigali. Le coût est estimé à plusieurs dizaines, voire centaines de millions de dollars.

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“Rien de quoi effrayer les autorités” assure Irène Murerwa, directrice du tourisme au Rwanda Development Bureau (RDB), alors que depuis plus de dix ans le pays est devenu une référence en matière d’organisation d’événements et de compétitions internationales. Kigali est désormais la deuxième ville hôte pour l’organisation de conférences, derrière Cape Town, en Afrique du Sud. Après avoir accueilli la Ligue africaine de basket-ball en 2021, puis le 73e Congrès de la FIFA en 2023, la capitale rwandaise s’apprête à accueillir les championnats du monde de cyclisme sur route en septembre 2025.

« lavage sportif »

Des stades de football aux arènes multisports en passant par les terrains de golf, le pays, dont la croissance annuelle moyenne tourne autour de 7% depuis 20 ans, a déjà investi plus de 300 millions de dollars pour répondre aux standards internationaux. « Pendant longtemps, le Rwanda a été malheureusement connu pour le génocide perpétré contre les Tutsi. Aujourd’hui, on parle du Rwanda parce que nous sommes attractifs dans le secteur du sport, mais aussi dans le tourisme” se réjouit Irène Murerwa, satisfaite de la nouvelle image que se construit le pays. Celui-ci a notamment noué des partenariats avec les clubs de football du PSG, en , et d’Arsenal à Londres.

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Bien qu’il soit généralement salué pour le développement de son économie, le Rwanda, reconstruit sous le régime autoritaire de Paul Kagame, fait également face à des accusations de « lavage sportif » par des ONG, comme Human Rights Watch. Selon eux, le président, réélu en août pour un quatrième mandat avec 98% des voix, utiliserait l’image positive véhiculée par le sport pour laver son image et dissimuler les violations des droits humains qui lui sont reprochées dans son pays. mais aussi en République Démocratique du Congo à travers la rébellion du M23. Une manœuvre pour que « le sport d’élite reste l’apanage des quelques pays qui l’ont historiquement contrôlé »rétorque la porte-parole du gouvernement Yolande Makolo.

Célia Cuordifede (Kigali)

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