Il est chaque week-end sur les circuits de Formule 1, virevoltant entre les voitures sur la grille, essayant de se faufiler au plus près des garages pour observer les particularités et les évolutions de chaque voiture, et n’a pas d’égal pour décrire précisément chaque parcours d’un circuit. … Il s’agit de Franck Montagny, ancien pilote de F1 et consultant Canal+.
Il connaît la Formule 1 par cœur et a vu son sport gagner en popularité au fil des années. Nice-Matin lui a demandé de décrypter ce succès grandissant mais aussi son ressenti quant à la prolongation du contrat jusqu’en 2031.
C’est désormais confirmé, le GP de Monaco va se poursuivre pendant plusieurs années. Qu’est-ce qui rend cette course si spéciale par rapport aux autres ?
Il n’y en a pas d’autres comme ça. Monaco est le joyau de la Formule 1. Monaco est historique, ça aurait été vraiment dommage qu’elle ne soit plus au calendrier. C’est un Grand Prix tellement atypique, tellement différent des autres. En réalité, presque tout dépend des qualifications, donc de la veille de la course. Mais des choses arrivent tout le temps. La grille n’est jamais aussi blindée que pour le Grand Prix de Monaco. C’est assez spécial.
Et conduire des voitures de type Formule 1 dans des rues aussi étroites de la Principauté reste un véritable défi pour les pilotes qui ne le trouvent pas ailleurs sur une autre piste urbaine.
Ensuite pour nous, c’est un peu le Grand Prix national. Maintenant qu’il n’y a plus de Grand Prix de France, c’est toujours un moment que l’on chérit et apprécie particulièrement chez Canal. Nous avons beaucoup de monde sur place, nous gérons absolument toutes les courses. C’est assez génial. Et puis encore une fois, Monaco est un cadre très très particulier. En général c’est pas loin du Festival de Cannes, on a beaucoup de stars qui viennent. Je pense que c’est la seule fois où je porte un costume.
Autrefois sport réservé à un public masculin, la Formule 1 est devenue un véritable succès populaire. Pourquoi est-il si populaire ?
La Formule 1 a un peu changé son public. Le sport est « dépassé », nous avons abaissé le niveau. Avant nous avions un public un peu plus âgé et aujourd’hui grâce aux plateformes et aux réseaux sociaux, nous avons intéressé un public plus jeune. Avant on traitait la Formule 1 d’une certaine manière et aujourd’hui, notamment avec Canal, on fait tous les tests, on fait tous les reportages, on fait tous les intérieurs, on fait toutes les courses etc, on décrypte vraiment la F1.
De nos jours, les gens voient autre chose qu’un type dans une voiture qui fait des tours, ou qui fait des cercles. Il s’intéresse davantage à l’aspect humain, davantage à l’aspect technique. C’est très positif. Ce sport a vraiment explosé et aujourd’hui ce n’est plus seulement un sport de « riches ». C’est un sport dont rêvent les jeunes femmes et hommes, du karting à la F1.
Comme le dit Lewis Hamilton, il faut toujours croire en ses rêves et aujourd’hui, on a l’impression que n’importe qui peut accéder à la F1. Entre guillemets bien sûr, mais cela s’est démocratisé et c’est un rêve réalisable pour beaucoup de personnes.
Les fans plus âgés de F1 diront que le succès populaire actuel et l’intérêt d’un nouveau public sont dus à la série Netflix. Des acteurs prennent des parts dans des équipes comme Alpine. Même Brad Pitt réalise un film sur le sujet. Quand avez-vous réalisé que ce sport gagnait en popularité au fil des années ?
C’était très évolutif. On l’a vraiment remarqué et c’est très bête, au niveau du temps de trajet entre les hôtels et le circuit. Aujourd’hui on sait qu’au minimum, et pourtant on ne reste pas loin, il nous faut une heure, avant il nous fallait 15 minutes. Parce que c’est vraiment très populaire, il y a beaucoup de monde qui vient et aujourd’hui la F1, à chaque Grand Prix, il y a autre chose qu’une course automobile. Il y a des courses de soutien qui sont intéressantes, il y a des concerts, c’est une vraie fête en fait.
Début octobre, LVMH a annoncé un partenariat de 10 ans avec la F1.
La F1 est une question de cycles. Quand un grand groupe comme LVMH investit, c’est très très bien. Nous avons deux pilotes français, nous avons une équipe française. Il est important que ce sport compte dans notre pays et qu’il soit financièrement intéressant. Je me souviens encore de l’époque où je roulais et cherchais des entreprises françaises pour me sponsoriser. Investir dans la F1 était très compliqué.
On le voit à chaque Grand Prix, les tribunes des circuits sont pleines à craquer, sur les trois jours de compétition. Comment appréciez-vous cette popularité dans votre travail ? Est-il difficile de s’adresser aussi bien aux passionnés de longue date qu’aux nouveaux arrivants ?
Il y a eu toute une époque où nous étions des fans absolus d’Ayrton Senna, d’Alain Prost, les grands héros de la Formule 1 d’autrefois. Aujourd’hui, on s’intéresse davantage à ce qui se passe au quotidien, notamment sur la course elle-même. Je pense que c’est génial que les fans aient des héros comme ça. Mais aujourd’hui, il y a beaucoup plus de courses et c’est vrai que les jeunes ne vont pas forcément savoir qui est Ayrton Senna, Alain Prost. D’un autre côté, ils sauront exactement combien de courses Max Verstappen a remportées cette année, combien de pole positions il a eu, des choses comme ça.
Donc ça a vraiment changé. Je pense que l’histoire de la Formule 1 reste une histoire de Formule 1 pour les passionnés sérieux. Mais aujourd’hui, c’est un peu la vie sociale, comme Instagram et des trucs comme ça. Nous allons nous intéresser à la Formule 1 pendant un moment, car nous voulons vivre cette expérience. Nous allons voir un Grand Prix et nous allons en profiter. Pour nous, il y a plus de gens, plus d’activités, plus de choses à vivre, plus de choses à raconter.
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