L’Europe, berceau de la Formule 1, pourrait bientôt perdre son rôle central dans le calendrier des championnats.
Face à une demande mondiale croissante, les circuits historiques européens risquent d’être relégués à une alternance biennale, voire de disparaître complètement. Une situation qui suscite des inquiétudes chez les amateurs de tradition dans ce sport en pleine évolution.
Michel Boeri, président de l’Automobile Club de Monaco, a récemment évoqué l’avenir incertain des Grands Prix d’Europe dans une interview à Infos Monaco. Selon lui, l’expansion internationale orchestrée par Liberty Media, propriétaire de la F1, privilégie désormais les marchés émergents au détriment des circuits historiques.
“Avec la demande actuelle, je pense qu’il n’y aura plus que deux ou trois Grands Prix en Europe à l’avenir.”
dit-il.
Stefano Domenicali, PDG de la Formule 1, a également laissé entendre qu’un nouveau système d’alternance pourrait être introduit. Cette réforme signifierait que certains circuits européens n’apparaîtraient plus chaque année, mais seulement une fois tous les deux ans. Une transformation qui pourrait concerner des lieux emblématiques comme Spa-Francorchamps, Silverstone ou Monza.
Monaco sauve sa place, mais à quel prix ?
Malgré ce bouleversement, le Grand Prix de Monaco a assuré sa place annuelle jusqu’en 2031 grâce à un contrat renouvelé. Mais ce privilège a un prix. Les négociations avec Liberty Media ont été particulièrement tendues et Monaco a dû accepter une augmentation significative des droits d’organisation à partir de 2026.
Boeri décrit des discussions complexes, marquées par des mois d’échanges intenses : « Finaliser cet accord, avec un contrat de 60 à 70 pages rédigé par des avocats américains, a été une bataille. »
Monaco bénéficie néanmoins de son image unique. Entre glamour et héritage prestigieux, le circuit de Monaco est indissociable de l’identité de la Formule 1, un atout dont peu de circuits peuvent se prévaloir.
Nouveaux marchés : une menace pour le patrimoine européen
Alors que les courses se multiplient au Moyen-Orient, en Asie et aux Etats-Unis, la Formule 1 s’oriente vers un public mondial. Les ajouts récents au calendrier de la F1, tels que les Grands Prix d’Arabie Saoudite, du Qatar et de Las Vegas, témoignent de cette stratégie. Ces destinations offrent des droits d’organisation astronomiques, souvent hors de portée des circuits européens.
Cette dynamique économique pourrait conduire à la disparition progressive des événements historiques, au grand désarroi des puristes. Les circuits européens incarnent une tradition et une histoire qui ont façonné l’essence même de la F1. Pourtant, la logique financière semble désormais prendre le pas sur cet héritage.
L’avenir des circuits européens en sursis
Si Monaco préserve son statut, des circuits mythiques comme Spa ou Silverstone pourraient être relégués à une présence sporadique sur le calendrier.
Si cette évolution garantit une croissance internationale à la F1, elle risque aussi de faire perdre à ce sport une partie de son âme. L’équilibre entre tradition et modernité reste un défi majeur pour les années à venir.