Stéphane Lebrun nous a prévenu de l’entrée par SMS : « Je suis disponible jusqu’à 9h30 ». Non pas que le père d’Alexis et Félix soit du matin, mais ses journées sont plutôt bien remplies. Entre la folle notoriété de sa progéniture et ses responsabilités au sein du club de l’Alliance Nîmes-Montpellier, l’ancien pongiste de haut niveau doit se multiplier face à la nouvelle hype qui accompagne son sport de toujours. Confidences matinales d’un papa heureux… mais vigilant.
Stéphane, vous êtes le père des frères Lebrun mais également manager du club Alliance Nîmes-Montpellier. On imagine que pour vous, la rentrée a dû être mouvementée.
SL : C’est simple, nous avons une augmentation de 100 % des inscriptions à Montpellier et Nîmes. Dans les clubs environnants, nous avons des listes d’attente de 80 ou 100 enfants. Dans notre club, nous n’avons qu’un seul gymnase. Nous sommes passés de séances de 40 enfants à 100 aujourd’hui. C’est fou comme une énorme vague. Alors oui, nous sommes débordés.
Les demandes concernant vos enfants ont dû également exploser.
SL : Là aussi, nous sommes débordés. Entre les clubs, les médias, les réseaux sociaux : tout le monde veut Félix et Alexis. Nous refusons 99% des demandes. C’est difficile parce que les gens sont attentionnés. Les communautés m’appellent pour les avoir juste une heure. Nous avons 3 500 clubs en France, 10 % d’entre eux m’ont appelé pour une manifestation. Cela fait 350 places en France, c’est impossible. C’est parfois difficile de le faire comprendre mais nous n’avons pas le choix. Nous essayons donc d’envoyer des affiches, des t-shirts…
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Félix et Alexis ont-ils réussi à y couper cet été ?
SL : Pour la première fois de leur vie, ils avaient vraiment besoin de vacances. La semaine qui a suivi les JO, ils ont répondu à de nombreuses demandes. C’était surtout Félix qui avait besoin de couper. Nous sommes allés à Barcelone : une semaine en famille et une semaine avec leurs amis. C’est drôle parce que là-bas, ils ont retrouvé Léon Marchand et ils sont sortis avec lui. Le problème, c’est qu’à Barcelone, il n’y a que des Français. C’était impressionnant, ils ne pouvaient pas faire deux pas. C’est aussi important de faire la fête et ils en ont profité.
Comment revenir sur terre après un tel été ?
SL : Félix était stressé au départ parce qu’il n’avait jamais autant coupé. C’est un sport très technique et il suffit d’un petit geste pour que tout se passe mal. Il avait peur de ne plus pouvoir jouer au niveau qu’il avait atteint. Cela a duré une semaine. Nous en avons beaucoup parlé ensemble. Mais pour Félix, c’est facile car il reste un pas. Il doit battre les Chinois. Il a une forte envie du matin au soir d’être champion du monde et champion olympique. Mais il faut être vigilant car les perspectives ont changé, les statuts sont différents. Tout le monde le regarde, l’espionne. Ce n’est pas facile à assimiler. Il n’a que 18 ans, c’est notre rôle : il est jeune, nous n’avons pas fini notre éducation avec lui. Alexis ne vit pas tout à fait la même chose. Après, j’ai vu Félix partir comme avant et je n’ai aucune crainte.
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Est-ce aussi pour cela qu’il a toujours été considéré comme un champion ?
Oui, Félix n’est pas comme les autres. Alexis voulait continuer à faire la fête comme tous les autres athlètes car il avait accompli quelque chose. Félix est déjà parti comme en 14. Cela peut changer bien sûr avec les demandes des médias et des sponsors mais… Oui, il faut les éduquer. Il faut imaginer qu’il y a quatre mois, en juin, Félix m’a demandé 10 dollars pour aller chez McDonald’s et qu’aujourd’hui, il a les plus grands hôtels et les plus grands restaurants qui lui sont ouverts. Ils doivent le vivre et prendre du recul. On ne peut pas dire que ça ne l’affecte pas, ça l’affecte définitivement. Cela perturbe un peu les performances pendant quelques mois, après quoi nous vivons avec. Tous les grands champions passent par là.
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Ils sont à Pékin pour le Grand Smash of China, j’imagine que la ferveur doit être folle là aussi.
Ils continuent de prendre des photos, notamment Félix. Ils se prêtent facilement au jeu alors que les joueurs chinois sont plus fermés. Du coup, ça crée de la proximité et les supporters les adorent. La Fédération Internationale les utilise beaucoup pour son image. Alors là, ce sont d’immenses stars. Félix compte deux fois plus d’abonnés sur Weibo (ndlr : réseau social chinois) que Kylian Mbappé. Leurs séances se sont vendues en quelques minutes seulement dans des salles de 7 000 personnes. C’est fou.
