« Nous sommes une équipe de Formule 1 »

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« Nous sommes une équipe de Formule 1 »

JDNews. Fin août, en Serbie, Emmanuel Macron a signé la vente de douze Rafale, permettant à Dassault Aviation de dépasser la barre des 500 Rafale vendus. Comprenez-vous les réticences qui entourent ce contrat ?

Éric Trappier. C’est une volonté politique de montrer qu’un pays proche de la Russie avec lequel nous avons été « en guerre » se rend compte qu’il est en Europe et se rapproche de la . Nous nous inscrivons dans cette volonté politique. Il n’y a pas de contrat de ce niveau sans accord politique. C’est donc un vrai succès pour nous et c’est aussi une vraie percée diplomatique. La Serbie continuera à entretenir des relations avec les Russes, mais elle garde désormais un lien de confiance avec la France et donc avec l’Europe.

Existe-t-il un risque de fuite de données vers la Russie ?

Non, nous faisons confiance à Dassault pour garder ses secrets. Nous sommes les premiers exposés, donc s’il y avait un risque, nous ne le prendrions pas pour douze avions. Depuis des décennies, nous avons préservé notre savoir-faire pour construire des avions de ce niveau opérationnel avec des équipes aussi réduites.

Vous avez évoqué sur Europe 1 un possible nouveau contrat avant la fin de l’année. Est-ce l’Inde ?

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Nous travaillons avec plusieurs pays, ce qui me fait dire que nous avons de bonnes chances de signer un nouveau contrat prochainement. Que ce soit avant le 31 décembre ou le 3 janvier, cela m’est totalement indifférent. Je ne vous dirai pas si c’est avec tel pays plutôt qu’avec tel autre car il y a toujours des incertitudes dans les négociations. Nous avons discuté trois ou quatre ans avec la Serbie avant de signer, et c’est une période considérée comme courte.

Lorsque vous avez pris les rênes de Dassault Aviation il y a plus de dix ans, le Rafale ne se vendait pas. Aujourd’hui, vous avez dépassé la barre des 500 Rafale vendus. Comment expliquez-vous ce succès ?

Il a fallu un déclencheur, l’Égypte [en 2015, NDLR]. Le Rafale a également été largement utilisé à l’époque par les forces armées françaises au Moyen-Orient et en Afrique. Aujourd’hui, je dirais que le non-alignement de certains pays avec l’un des grands blocs s’accorde bien avec le Rafale, qui est un très bon avion opérationnel comme tous les avions Dassault par le passé.

« Nous avons embauché 2 000 personnes cette année »

Marcel [Dassault, le fondateur du groupe] il l’a cru quand il a vu le premier avion sortir. Serge [Dassault, décédé en 2018] Il y a cru toute sa vie. Et nous aussi. Nous n’avons jamais baissé les bras et nous sommes récompensés aujourd’hui.

La bonne nouvelle est que le carnet de commandes est plein. Mais il est désormais temps de livrer…

Oui, il faut accélérer à un moment où l’on sort du vide. On l’oublie tous, mais le Covid, c’était il y a seulement quatre ans, et dans l’industrie, on est encore en phase de redémarrage. On a embauché 2 000 personnes cette année dans une entreprise qui en compte 12 000, ce n’est pas rien. Mais ce sont des problèmes plutôt agréables. Il vaut mieux avoir un carnet de commandes plein et travailler dur pour y arriver que d’avoir un carnet de commandes vide et de devoir licencier des gens. Il n’y a pas de comparaison.

Combien de Rafale devraient quitter les lignes chaque mois ?

En 2020, nous étions à environ un par mois. Notre engagement pour cette année est de livrer une vingtaine de Rafale. Donc environ deux par mois aujourd’hui, sans travailler en août. L’objectif est de passer à trois.

Il faut se rappeler que construire un Rafale prend trois ans. Dassault Aviation est plutôt une PME parmi les entreprises de défense aéronautique, si on nous compare aux géants américains. En réalité, nous sommes une écurie de Formule 1.

La France s’est engagée à livrer des Mirage 2000 à l’Ukraine. Quel est votre rôle ?

Nous sommes consultés parce que nous allons devoir délivrer un certain nombre de services, mais c’est une affaire de l’État. Ce sont des avions qui appartiennent aux armées, donc à la France.

Il y a le projet d’une Europe de la défense. Pourtant, la plupart des pays européens continuent d’acheter des avions de combat américains.

Oui, le dernier exemple en date, c’est le Portugal… C’est le parapluie de sécurité de l’Otan sur les pays européens. Même un pays qui n’a pas de gros moyens comme la Roumanie veut acheter américain… On parle de défense européenne depuis trente ans. C’est-à-dire que c’est une affaire de long terme. La théorie est bonne.

« Le Rafale d’aujourd’hui va continuer à évoluer »

Une Europe unie pourrait faire mieux que chaque pays isolément. Mais la pratique, je la vois, avec tout le respect que je dois à certains : les Européens achètent américain. Donc si la défense européenne permet d’acheter plus européen, français, et Dassault notamment, je suis pour. Pour l’instant, on en est loin.

Comment avance le projet Future Combat Air System (SCAF), sur lequel vous travaillez avec les Allemands et les Espagnols ?

Des études sont en cours à Saint-Cloud, dans notre pays. Nous visons un premier vol d’un démonstrateur en 2029. Et si tout se passe bien, nous aurons un premier avion d’ici 2045. À court et moyen terme, le Rafale est la pointe de ce que peut être l’aviation de combat en France et dans de nombreux pays. Le Rafale d’aujourd’hui va continuer à évoluer, notamment avec les drones, et ira au-delà de 2050 .

Il y a deux ans, Emmanuel Macron appelait à une économie de guerre. Est-ce le cas ?

Certaines entreprises se sont impliquées, principalement dans le secteur terrestre, car c’est là qu’il y a eu la plus forte demande. Chez Dassault Aviation, nous avons donné la priorité aux activités de défense pour répondre favorablement à la demande du président. Nous sommes attentifs à nos approvisionnements en amont, ce qui n’est pas simple. Mais je ne suis pas sûr que tout le pays soit dans une économie de guerre. Est-ce que Bercy donne la priorité au budget de la défense ? Pour l’instant, préservons la loi de programmation militaire

 
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