La lumière entre dans de grandes fenêtres et il y a un trouble bohème dans la pièce. C’est plus détendu et agréable que l’idée que j’avais d’un bureau de doyen.
L’invitation de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal a déclaré que Frédéric Bouchard voulait sonder mon intérêt «de devenir un écrivain en résidence dans le Département des langues français».
Après quelques minutes de conversation, M. Bouchard se lance avec un point de défi dans le regard: «J’aimerais que vous acceptiez de jouer une sorte de rôle de mentor pour les étudiants en littérature. »Cela ne m’arrive pas souvent, mais j’avoue que je ne savais pas vraiment quoi lui répondre. J’ai étudié dans l’histoire, pas dans la littérature et surtout, je ne suis pas enseignant. «J’écris juste des livres. Je ne sais pas comment je pourrais les aider », j’ai fini par articuler.
“Précisément”, a répondu le doyen avec ce large sourire qu’il a facile.
L’Université de Montréal est mon alma mater et j’ai dit oui. Mais je n’étais probablement pas le seul à me demander ce qu’un écrivain qui a abandonné sa thèse de maîtrise en histoire pour un emploi de journaliste à Abitibi pourrait apporter tout utile aux étudiants de littérature. Les premières activités de mon programme à partir d’une résidence consistaient en deux réunions de classe dirigées par les enseignants. Et l’un d’eux, un conférencier, a annulé ma présentation, expliquant que ses étudiants n’avaient pas le temps. Ça commençait bien.
Je ne le voulais pas. J’ai appris il y a longtemps que l’environnement littéraire est un environnement de classes.
Les «littéraires» emmènent parfois les autres des hauts, les lecteurs, y compris, car ils ne comprennent pas la vraie littérature, riche et profonde. Les «populaires» font un peu la même chose, mais en invoquant d’autres arguments. «C’est une masturbation mentale infatigable», ai-je déjà entendu. Quant aux auteurs et aux auteurs de thrillers, d’horreur, de science-fiction ou poussin alluméIls se considèrent généralement méprisés. Et je ne parle pas de poètes qui, dès qu’une liste essayant d’établir les livres importants des 25 dernières années apparaît, montez sur la machine à sous, “Et la poésie, elle?” Vous voyez, c’est compliqué.
-Quand j’ai commencé à écrire, j’avais des informations à la télévision. Même si mes livres, publiés par Libre Expression, l’une des maisons d’édition les plus importantes du Québec, n’ont pas beaucoup vendu, je me suis retrouvé dans la catégorie des «étoiles» pour lesquelles l’écriture est un passe-temps. Puis, lorsque mes romans ont commencé à gagner un lectorat plus large, je suis devenu un pur «populaire». C’est amusant, car en Europe où je ne suis pas connu, c’est le contraire. Dans le pays de Balzac et Édouard Louis par exemple, mes romans ont été publiés pour la première fois par Dépésage, un petit éditeur indépendant, puis aux éditions du Seuil, l’une des trois principales reines de l’édition de France, où je suis devenu un «littéraire» . Preuve que le regard des autres nous définit souvent.
Remarquez, cela n’a pas d’importance pour moi. Les livres me permettent d’aborder des sujets qui sont importants pour moi. Écrire pour moi est donc un acte intime et je me demandais comment je pouvais le partager avec les étudiants, mais j’ai dit oui au Dean.
La plupart de mon travail a jusqu’à présent composé de réunions avec des étudiants, en groupes ou en individus. Ces derniers se sont révélés être des expériences surprenantes.
Ce sont des consultations où j’accueille les étudiants dans une petite pièce. Il y a de l’eau et d’excellents biscuits au chocolat. Ceux qui viennent écrivent, le plus souvent ce qui représente leur thèse, et ils se heurtent à un problème. Ils me disent ce qu’ils font, ce qu’ils essaient de faire. Je les écoute et nous parlons. Ils ont parfois embourbé ou hésitent à continuer car il touche l’intime et il devient délicat. Ou, ils ne savent pas s’il faut aller à gauche ou à droite avec leur histoire. Ou même revenir en arrière. Il devient alors mécanique, car un roman est toujours. J’aime parler de livres, alors nous discutons. Je les avertisse que je ne suis pas un enseignant, juste quelqu’un qui écrit, comme eux. Je leur offre parfois des choses. «Cela pourrait arriver cela, puis votre personnage s’en rend compte. Je suggère des «rebondissements» aux histoires. À ma grande surprise, l’échange finit toujours par prendre forme et après 45 minutes, ils se démarquent souvent avec un sourire, c’est-à-dire, j’imagine, un bon signe.
Frédéric Bouchard, en plus d’être Dean, est professeur de philosophie. Il a probablement fallu un philosophe pour me rappeler à quel point la littérature est simple et compliquée en même temps. Comme tout ce qui concerne les humains. Et rien n’est plus plein d’humanité qu’un livre.
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