De retour à la Maison Blanche, Donald Trump n’a pas tardé à s’en prendre aux subventions accordées par son prédécesseur à l’industrie des véhicules électriques, comme il avait promis de le faire lors de la campagne présidentielle.
Dans son discours d’investiture, il s’est engagé à mettre fin New Deal vert
en référence aux milliards investis dans des projets d’énergie verte à travers le mondeLoi sur la réduction de l’inflation (IRA).
C’est sur les dispositions de cette loi américaine que reposent certains volets des accords de financement signés par les gouvernements canadiens avec Volkswagen, Stellantis-LG (SuivantStar Energy) et Northvolt pour leurs projets d’usine de batteries.
Ottawa a confirmé l’automne dernier que les dizaines de milliards de dollars de subventions à la production accordées à ces entreprises sont conditionnelles au maintienIRA.
Sans pouvoir abroger la loi d’un seul trait de plume lundi, Donald Trump a une nouvelle fois remis en question son avenir.
Le président américain Donald Trump a signé lundi plusieurs dizaines de décrets, proclamations et mémorandums, quelques heures après avoir prêté serment.
Photo : Reuters/Carlos Barria
Par décret, le président américain a demandé à toutes les agences fédérales américaines de suspendre temporairement l’octroi de tout financement accordé par le biais duIRA.
Il a également demandé aux agences de procéder à une révision de leurs politiques qui leur permettent de décaisser des fonds à travers cette loi, afin de s’aligner sur les objectifs de la nouvelle administration.
A cet effet, Donald Trump indique envisager d’éliminer les subventions injustes et autres distorsions de marché mal conçues imposées par le gouvernement qui favorisent les véhicules électriques par rapport à d’autres technologies
.
Un débat qui reste à faire
Selon Daniel Breton, président-directeur général de Mobilité électrique Canada, rien ne garantit que la révision prochaine de la Loi sur la réduction de l’inflation entraînera son abrogation.
Selon lui, de nombreux élus républicains vont faire pression sur l’administration Trump pour qu’elle reconsidère sa position.
Parmi plus de 300 projets d’énergies renouvelables et de véhicules électriques annoncés depuis l’adoption duIRAplus de 60 % se trouvent dans des circonscriptions représentées par un républicain élu au Congrès, selon les données compilées par le groupe E2.
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Joe Biden s’exprime devant des panneaux solaires pour promouvoir sa loi sur la réduction de l’inflation, lors d’une visite à la Vernon Electric Cooperative à Westby, Wisconsin, le 5 septembre 2024. (Photo d’archives)
Photo: Reuters / Kevin Lamarque
Au-delà des grandes déclarations de principes, la réalité sur le terrain est que de nombreux emplois ont été créés
soutient M. Breton.
Par ailleurs, à ses yeux, l’objectif de la loi n’a jamais été de nuire à la production de véhicules thermiques, qui représentent encore plus de 90 % des ventes aux États-Unis.
La principale raison de la loi sur la réduction de l’inflation était la concurrence de la Chine dans le domaine des nouvelles technologies.
indique le militant pour l’adoption des transports électriques.
Selon lui, si les États-Unis abrogent la loi, le retard qu’ont les constructeurs américains sur leurs concurrents chinois dans le développement des véhicules électriques risque de s’accentuer.
En fin de compte, ceci [pourrait] mettre en danger l’industrie automobile américaine
il croit.
Une bouée de sauvetage pour le Canada?
De son côté, Greig Mordue, professeur agrégé de génie automobile à l’Université McMaster, croise les doigts pour que Donald Trump abandonne les subventions du gouvernement canadien aux projets d’usines de batteries.
Le Canada pourrait y échapper de justesse
juge celui qui a longtemps été sceptique quant aux bénéfices de ces investissements.
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Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé l’arrivée de l’usine de batteries Volkswagen à St. Thomas, en Ontario, le 21 avril 2023. (Photo d’archives)
Photo : La Presse Canadienne / Tara Walton
En novembre 2023, le directeur parlementaire du budget fédéral estimait le montant maximum des subventions à la production offertes à Northvolt, Volkswagen et Stellantis à plus de 43 milliards de dollars.LG (SuivantStar Energy) d’ici 2033.
Même si les accords actuels persistent, la facture pour les gouvernements pourrait être moins lourde, étant donné que certains projets connaissent des retards et que la demande en batteries est actuellement inférieure aux prévisions.
-Seul SuivantStar Energy a lancé sa production à ce jour. L’entreprise reçoit l’équivalent de 10 $ US par kWh pour les modules de batterie qu’elle produit et vend.
Le fabricant, basé à Windsor, en Ontario, compte commencer cette année à produire des cellules de batterie, qui sont soumises à des subventions de 35 $ US par pièce. kWh.
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Le montant des subventions à la production accordées aux fabricants de batteries situés au Canada a été calqué sur les dispositions de l’Inflation Reduction Act américaine. (Photo d’archives)
Photo : Reuters / REBECCA COOK
Volkswagen, de son côté, espère ouvrir son usine de St-Thomas en 2027, alors que le projet Northvolt en Montérégie pourrait être retardé de 12 à 18 mois en raison des déboires financiers du constructeur suédois.
De l’avis de M. Mordue, l’usine SuivantStar Energy est probablement suffisamment développé pour survivre sans les subventions promises. Selon lui, le sort du projet Volkswagen ne serait pas non plus scellé par la disparition des aides publiques, même s’il est moins avancé.
Pour plusieurs raisons, il est plus incertain ce qui arrivera finalement à l’usine Northvolt au Québec
estime l’ancien cadre de Toyota Canada.
Des politiciens optimistes
Malgré l’incertitude actuelle, le ministre du Développement économique de l’Ontario, Vic Fedeli, est convaincu que les constructeurs automobiles poursuivront la transition vers l’électrique.
Ils ont des projets solides. Le monde continue de changer, la demande continue de changer
il maintient. Ce sont des multinationales qui prennent des décisions qui coûtent plusieurs milliards de dollars et nous sommes là pour soutenir leurs décisions.
Il salue en même temps l’interventionnisme du gouvernement ontarien pour convaincre les manufacturiers d’investir dans la province.
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Le gouvernement de Doug Ford a investi plusieurs milliards de dollars pour encourager les constructeurs automobiles à implanter leurs usines en Ontario. (Photo d’archives)
Photo : La Presse Canadienne / Nathan Denette
Prenons l’exemple de l’accord Honda, la plus grosse transaction de notre histoire, d’un montant de 15 milliards de dollars. Il n’y a aucun élément duIRA là-dedans
il plaide.
Le constructeur japonais a annoncé au printemps son intention de construire quatre nouvelles usines en Ontario pour produire des batteries et des véhicules électriques. Ces projets pourraient toutefois être retardés en fonction de la demande nord-américaine, avoué à l’automne. PDG de Honda Canada.
De son côté, le ministre fédéral de l’Innovation, de la Science et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, n’est pas convaincu que Donald Trump finira par bloquer les subventions américaines à l’industrie des véhicules électriques.
Il a soutenu lundi dans l’émission Zone économique qu’Elon Musk, propriétaire de Tesla devenu l’un de ses proches conseillers, pourrait influencer sa décision.
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Elon Musk sur scène avec Donald Trump à Washington, à la veille de la prestation de serment de ce dernier.
Photo : Associated Press / Alex Brandon
À cet effet, Daniel Breton de Mobilité électrique Canada déplore que le financement des usines canadiennes repose sur une décision des Américains.
Le Canada doit avoir sa propre pensée
il croit.
Il note par exemple l’absurdité d’imposer une surtaxe de 100 % aux véhicules électriques chinois à la demande des États-Unis avant d’être à son tour soumis quelques mois plus tard à une menace tarifaire américaine.
Nous sommes un peu les farceurs. Nous devons vraiment commencer à penser différemment et ne pas simplement dire : « Quoi qu’il arrive, nous nous alignons sur les Américains ».
argumente-t-il.
Avec les informations de Philippe de Montigny
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