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Industrie automobile | Tarifs et subventions, deux enjeux urgents

L’imposition de tarifs douaniers sur les produits automobiles canadiens exportés aux États-Unis et la fin des subventions fédérales à l’achat de véhicules électriques sont les deux enjeux actuels avec lesquels doivent composer les acteurs de l’industrie canadienne, ce qui, on le comprend bien, aurait été sans cela.

Alors qu’il était à Montréal pour une visite rapide au Salon de l’auto, le PDG de GM Canada, Kristian Aquilina, s’est arrêté La presse pour venir discuter des défis auxquels est confrontée l’industrie canadienne en pleine transformation.

En poste depuis un an à titre de PDG canadien, Kristian Aquilina a connu une année particulièrement réussie puisque GM était le constructeur détenant la plus grande part du marché canadien, avec 15,4 %, et ses ventes ont augmenté de 12 %. contre 8% en moyenne pour l’industrie.

Pour les ventes de véhicules électriques, GM s’est particulièrement illustré au Québec où l’entreprise a notamment vendu deux fois plus de véhicules de ses différentes marques que son principal concurrent en novembre.

L’investiture ce lundi de Donald Trump pourrait toutefois affecter les activités de GM Canada ainsi que celles des autres constructeurs établis au pays, si le nouveau président décide d’imposer ses tarifs sur les produits automobiles, comme tout le monde le craint.

Kristian Aquilina ne veut pas trop s’impliquer dans le débat politique, soulignant que les personnes compétentes ont déjà le dossier en main, mais il reconnaît que l’imposition de droits de douane aurait un certain impact sur l’industrie.

GM Canada exploite trois usines en Ontario, deux usines d’assemblage de véhicules à Ingersoll et Oshawa et une usine de groupes motopropulseurs à St. Catharines. Au total, les activités manufacturières du groupe américain au Canada – incluant ses 1 100 ingénieurs et développeurs de logiciels – totalisent plus de 8 000 personnes.

Nous rappellerons toujours aux autorités que nous sommes dans un marché continental intégré, que l’interdépendance nord-américaine de l’industrie existe depuis 1965. Il faudra s’adapter à la réalité et faire preuve d’agilité avec une vision à court et à long terme.

Kristian Aquilina, PDG de GM Canada

Comme les dirigeants de la multinationale américaine ne savent pas comment les prix seront modulés, les discussions se poursuivent en interne à huis clos et lorsqu’il faudra agir, il faudra le faire vite, prévient Kristian Aquilina.

Projets au Québec

GM Canada a investi avec la société coréenne Posco plus de 500 millions dans la construction d’une usine de matériaux actifs cathodiques qui devait lancer la production cette année, mais qui ne sera finalement opérationnelle qu’au début de l’année prochaine.

Comme plusieurs projets dans le secteur des batteries, le démarrage de cette usine a été reporté en raison de la baisse de la demande de nouveaux véhicules électriques au Canada et aux États-Unis, explique Kristian Aquilina.

« Nous étions prêts à avancer, mais maintenant nous prenons notre temps. Nous visons la production de 30 000 tonnes de matériaux cathodiques actifs à Bécancour qui remplaceront nos importations de Corée pour approvisionner nos usines de batteries aux États-Unis et au Canada », résume le PDG.

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Le nickel qui servira à la production des cathodes proviendra de trois mines canadiennes appartenant à Vale, qui traitera cette production sur le site GM de Bécancour.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE ARCHIVES

Usine Ultium CAM (la coentreprise formée par GM et Posco) à Bécancour

L’usine GM et Posco n’occupe qu’une partie de leur terrain à Bécancour et il y aura moyen d’agrandir les installations et d’augmenter la production de matériaux cathodiques actifs au fil des années selon l’évolution de la demande.

Le président de GM Canada souhaite toutefois que le gouvernement fédéral fasse preuve d’un peu plus de cohérence dans sa vision de la transition énergétique en établissant des objectifs ambitieux tout en abolissant du coup son soutien financier pour y parvenir.

Le gouvernement souhaite que 100 % des voitures vendues en 2035 soient électriques. On était censé atteindre l’objectif de 20 % cette année alors qu’on n’a pu vendre que 10 % de véhicules électriques, et ce, avec la pleine subvention de 5 000$ du gouvernement fédéral, et on a décidé de l’abolir en janvier, c’est absurde .

Kristian Aquilina, PDG de GM Canada

«L’industrie automobile canadienne est menacée par les tarifs douaniers, elle n’a pas besoin de se faire du mal», ajoute le PDG.

Kristian Aquilina est originaire d’Australie, où il a fait carrière chez GM jusqu’à l’anéantissement complet de l’industrie automobile en 2017.

GM possédait trois usines d’assemblage dans le pays océanien, Mitsubishi, Toyota et Ford en possédaient chacune une. En 2008, au lendemain de la crise financière qui a failli emmener GM et Chrysler aux États-Unis, Mitsubishi a fermé son usine, puis Toyota et Ford ont fait de même. GM a fermé sa dernière usine en 2017.

Le gouvernement australien, qui avait injecté des milliards de dollars pour créer et soutenir l’industrie automobile depuis l’après-Seconde Guerre mondiale, a décidé de cesser de la subventionner pour privilégier d’autres secteurs d’activité, notamment celui des services. , explique Kristian Aquilina.

Ottawa a fait de même ici, injectant des dizaines de milliards depuis maintenant 60 ans pour maintenir en vie cette industrie qui semble soudain devenir extrêmement fragile. On verra ce lundi à quel point elle a été vulnérable.

 
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