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Les États-Unis se tireraient-ils une balle dans le pied ?

Selon Eugenio Grandio, PDG d’Electro Movilidad Asociación (EMA), cette menace représente un défi important pour les industries automobiles interconnectées du Mexique, du Canada et des États-Unis. Dans une entrevue par courriel accordée aux Coops de l’information, M. Grandio a affirmé que 77 % des véhicules et 64 % des pièces automobiles produits au Mexique sont destinés au marché américain. Quant au marché canadien, le Mexique n’exporte que 8 % de sa production.

« Si le Mexique devait mettre en œuvre des mesures réciproques envers l’un des autres pays, cela pourrait faire monter les prix pour tous les consommateurs et toutes les entreprises, compliquant encore davantage les relations commerciales en Amérique du Nord. »

— Eugenio Grandio, PDG de l’Association Electro Mobilité

Si les prix des véhicules augmentent, cela pourrait freiner la demande, selon le PDG d’EMA, l’équivalent mexicain d’Electric Mobility Canada.

« Ce qui pourrait entraîner des réductions de production et des pertes d’emplois dans le secteur automobile mexicain, un pilier clé de l’économie. Par ailleurs, l’industrie automobile américaine ne serait pas à l’abri de ces effets », ajoute-t-il.

Comme au Canada, de nombreux composants produits au Mexique traversent la frontière américaine à plusieurs reprises au cours du processus de production. «Les droits de douane sur ces pièces augmenteraient le coût des véhicules assemblés aux États-Unis, ce qui aurait un impact tant sur les constructeurs automobiles que sur les consommateurs», ajoute M. Grandio.

Réactions canadiennes

Comment est-il possible d’obtenir des informations du côté mexicain plutôt que du côté canadien ? Les deux associations représentant les intérêts canadiens dans le secteur automobile sont plutôt discrètes.

« Nous sommes évidemment au courant des commentaires faits sur une série de forums par le président élu Trump sur d’éventuels droits de douane de 25 % imposés sur toutes les importations canadiennes aux États-Unis. À ce stade, ce ne sont encore que des commentaires et non une politique officielle», a répondu par courriel Patrice Maltais, directeur des relations avec les parties prenantes et des affaires du Québec chez Constructeurs automobiles mondiaux du Canada (GAC).

“Cela dit, nous prenons ces commentaires au sérieux et surveillons la situation de près car elle pourrait avoir un impact négatif important sur l’économie dans son ensemble”, ajoute-t-il.

GAC représente les filiales canadiennes de fabricants asiatiques et européens. L’homologue des constructeurs nord-américains — Ford, GM et Stellantis —, l’Association canadienne des constructeurs de véhicules, n’a pas répondu aux courriels de Soleil.

Une exposition extérieure de voitures du constructeur chinois BYD au Mexique (Association Electro Mobilité)

Des véhicules électriques chinois assemblés au Mexique ?

La production de véhicules électriques (VE) chinois au Mexique pourrait-elle éviter les pénalités à l’importation ? Ce ne serait pas si simple.

Depuis le 1er octobre 2024, les véhicules électriques chinois importés au Canada sont assujettis à des droits de douane de 100 %. Ottawa a alors emboîté le pas à l’administration Biden qui a imposé de telles sanctions afin de protéger l’industrie automobile locale.

Cependant, des rumeurs courent selon lesquelles les constructeurs automobiles chinois lorgneraient sur le Mexique pour y produire leurs véhicules qui pourraient être vendus dans les pays couverts par l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).

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“Mais l’idée n’est pas aussi simple qu’il y paraît”, répond M. Grandio.

« Actuellement, aucun véhicule électrique chinois n’est produit au Mexique », mentionne-t-il. “La seule activité connexe concerne une entreprise mexicaine qui assemble des véhicules dans le cadre d’un accord de licence avec la marque chinoise JAC.”

Eugenio Grandio, PDG de l’Association Electro Mobilité (Association Electro Mobilité)

Les constructeurs automobiles chinois intéressés à construire des véhicules au Mexique se concentrent sur l’approvisionnement des marchés mexicain et latino-américain, selon le PDG de l’EMA.

«Ces entreprises sont attirées par la solide chaîne d’approvisionnement automobile du Mexique, avec plus de 600 fournisseurs, son réseau de plus de 50 accords de libre-échange, un marché intérieur en croissance et des coûts de fabrication relativement faibles», explique-t-il.

“Pour exporter des véhicules du Mexique vers les États-Unis et le Canada dans le cadre de l’ACEUM, ces véhicules doivent se conformer à des règles strictes en matière de contenu et à d’autres réglementations commerciales.”

— Eugenio Grandio, PDG de l’Association Electro Mobilité

Ces règles strictes incluent des normes salariales et des exigences locales en matière de composants. Pour que les véhicules électriques chinois répondent à ces critères, il faudrait des changements importants dans les chaînes d’approvisionnement, selon Grandio.

« Bénéfique » pour le Mexique

Il affirme que du point de vue du Mexique, il serait bénéfique d’attirer la fabrication chinoise de véhicules électriques. « Cela pourrait également accélérer le développement d’une nouvelle chaîne d’approvisionnement axée sur les véhicules électriques, comme la fabrication de batteries », dit-il.

Toutefois, les préoccupations qui pourraient conduire à des réglementations supplémentaires doivent également être prises en compte dans l’équation. « Comme celles liées à la cybersécurité, comme ce qui a été fait avec les fabricants chinois de communications », précise M. Grandio.

Et comme cela a été le cas aux États-Unis et au Canada, le Mexique a flirté avec la possibilité d’imposer des droits de douane sur les véhicules fabriqués en Chine.

« Cela pourrait avoir des implications significatives pour les constructeurs automobiles américains opérant au Mexique. GM, par exemple, est le deuxième vendeur sur le marché mexicain et plus de 80 % de ses ventes locales proviennent de véhicules fabriqués en Chine », dit-il.

« Et les ventes locales de Ford comprennent jusqu’à 25 % de voitures fabriquées en Chine. De tels droits de douane affecteraient non seulement les constructeurs automobiles chinois, mais pourraient également perturber les opérations de ces entreprises américaines au Mexique », conclut le PDG d’EMA.

 
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