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dépenses douteuses dans les villes partout au Québec

Il n’y a pas qu’au niveau provincial que l’encadrement des cartes de crédit d’entreprise est déficient. Notre Bureau d’enquête a identifié plusieurs cas au niveau municipal, dont certains ont déjà fait la une des journaux, où des élus et des fonctionnaires ont augmenté des dépenses douteuses avec leurs cartes d’entreprise.

En janvier 2024, une enquête du CMQ révélait que le directeur général de Hampstead, Richard Sun, aujourd’hui retraité, utilisait régulièrement deux cartes de crédit de la ville pour effectuer des achats au restaurant, à la SAQ, à l’Apple Store et à Costco. Il avait également facturé son abonnement au gymnase. Entre 2018 et 2023, M. Sun a financé des conventions à Disney, en Floride, à Barcelone, à Chicago et à Las Vegas pour lui-même et ses collègues. Le montant des frais de déplacement variait de 30 000 $ à 60 000 $ par année.

Richard Sun, ancien directeur général de la Ville de Hampstead

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L’enquête du CMQ souligne que le contrôleur qui a reçu les relevés de carte ne s’est pas assuré que les dépenses par carte de crédit de la DG étaient à des fins municipales. Les relevés de carte et de facture n’ont pas été remis au conseil municipal. Les élus se sont contentés d’approuver les dépenses sur la base du solde mensuel des relevés de cartes, sans aucune ventilation.

Le rapport d’enquête recommandait un meilleur contrôle de l’utilisation des cartes de crédit. Le maire Jérémy Lévi, qui avait défendu les dépenses de son PDG, a quand même appliqué les recommandations proposées.

Carences et négligences de gestion confirmées

La Ville a par la suite mandaté une société privée, Sirco, pour mener sa propre enquête. Le rapport publié il y a quelques semaines confirmait « des déficiences majeures dans la gestion et le contrôle financiers qui ont conduit M. Sun à des dépenses abusives par carte de crédit ».

M. Sun a notamment utilisé une carte de crédit Costco Mastercard à son nom personnel mais dont l’adresse était celle de la mairie. Cette carte lui permettait d’accumuler des points et d’empocher du cash back. « Depuis 2017, M. Sun a reçu 7 468,15 $ en remise en argent de Costco. Il n’a remboursé qu’un montant de 1 058,62 $ en 2024 alors que l’enquête était en cours », peut-on lire dans le rapport.

L’enquête a révélé plusieurs « achats douteux » de nourriture chez Costco. “M. Sun explique qu’il a peut-être confondu par inadvertance certains achats personnels avec ceux de la Ville”, est-il écrit.

Il a également dépensé 177 500 $ pour offrir des cadeaux et des récompenses aux employés. « Plusieurs types de cadeaux ont été offerts aux employés pour souligner diverses occasions comme une carte-cadeau d’une valeur de 800 $ pour un cadeau de mariage, des téléviseurs, des montres pour des cadeaux de retraite », peut-on lire. Des cartes-cadeaux inutilisées d’une valeur de 32 270 $ ont même été retrouvées dans son bureau après son départ.

Vêtements et essence

Le directeur général était également remboursé de ses repas au restaurant même lorsqu’il était seul. Il a également admis n’avoir jamais apporté de déjeuner. Il a également acheté des produits Apple sans demander l’autorisation du conseil municipal. Or, un programme avec un fournisseur existait dans la Ville, mais M. Sun n’en a pas tenu compte. Il achetait parfois des appareils pour lui-même et certains cadres. « Le coût moyen de ces appareils était de 1 500 $. Des Airpods étaient régulièrement ajoutés à la facture pour environ 300 dollars », peut-on lire.

“M. Sun avait un budget pour ses vêtements et son essence était payée à tout moment, qu’il soit en service ou non », révèle également l’enquête.

L’enquête de Sirco n’établit pas que M. Sun a fraudé la Ville. “En revanche, nous pouvons clairement affirmer que M. Sun a agi avec négligence dans ses dépenses et dans le non-respect des mesures de contrôle”, peut-on lire. Il dirigeait la ville de Hampstead en oubliant qu’il s’agissait de l’argent des contribuables.

Le rapport concluait que la Ville aurait le droit de demander le remboursement de certaines dépenses. Il est également précisé que l’actuel DG ne dispose pas de carte de crédit de la Ville. La participation aux conférences est désormais limitée à deux par employé et par an et en Amérique du Nord uniquement.

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Un maire qui aimait les outils

L’ancien maire de Lacolle, Roland-Luc Béliveau, a été reconnu coupable par la Commission municipale du Québec (CMQ) en 2018 pour une série d’achats qu’il a effectués en 2014 et 2015.

Il a notamment acquis une cloueuse à charpente, 2 500 clous en bande, un pare-vapeur, des perceuses et burins, un ruban à mesurer, un compresseur et une scie sauteuse.

Le juge administratif Thierry Usclat a souligné qu’à la même époque, le maire était également propriétaire de l’entreprise Roland-Luc Béliveau Construction et Rénovation.

Capture d’écran

Le maire a assuré que ces achats étaient destinés à la commune et non à son entreprise, mais l’explication n’a pas convaincu le juge administratif de leur bien-fondé.

Ces derniers se demandaient notamment pourquoi c’était le maire qui achetait les matériaux, plutôt que les employés municipaux. Le maire n’a pas pu fournir d’explication à ce sujet.

«Il apparaît clairement que pour une raison obscure, M. Béliveau s’est immiscé dans les responsabilités des exécutifs municipaux», a conclu le juge administratif.

Carte de l’ex-DG

En mai 2014, M. Béliveau a même utilisé la carte de Jacques Mireault, l’ancien PDG congédié cinq mois plus tôt, pour payer deux paires de chaussures qui, selon lui, étaient destinées à deux employés.

“Comment peut-on acheter des bottes à ses salariés sans connaître au préalable leur taille et sans leur donner la possibilité de les essayer en magasin”, s’interroge la Commission. D’ailleurs, les deux salariés n’ont jamais porté les bottes.

« Même si la preuve ne permet pas à la Commission de conclure que ces bottes ont été utilisées à des fins personnelles par M. Béliveau, celui-ci entretient l’ambiguïté par son comportement et s’immisce dans des fonctions qui ne sont pas les siennes. Il a outrepassé les limites de ses fonctions en agissant ainsi », a conclu la Commission.

Le maire a également utilisé la carte de la ville et celle au nom de l’ancien PDG pour payer quelques repas au restaurant alors que celui-ci n’exerçait pas ses fonctions.

« Lorsqu’il engage une dépense au restaurant, M. Béliveau n’est certainement pas dans l’exercice de ses fonctions. En s’offrant un repas avec l’argent public, il utilise les ressources de la Municipalité à des fins personnelles », a également conclu la Commission à propos notamment d’un de ses repas.

 
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