Les arbres au sommet du Mont-Orford ressemblent à des choux-fleurs géants tant la neige croustillante recouvre leurs branches. L’hiver est bien installé malgré la chaleur des vacances.
La montagne a reçu plus d’un mètre de neige ces dix derniers jours et les canons crachent encore des flocons pour assurer une base solide pour couvrir toutes les pentes.
Nous connaissons un excellent début de saison, reconnaît avec le sourire Simon Blouin, directeur général de la Société de ski et de golf du Mont-Orford. Nous avons eu un bon mélange de froid pour faire de la neige et de bonnes chutes. Samedi dernier, nous n’avions presque plus de place dans nos stationnements tellement il y avait de skieurs.
Ce début de saison fait office de baume après la saison difficile de l’hiver 2024, marquée par d’importantes douceurs pendant les périodes de vacances et de relâche, deux périodes clés financièrement pour les stations.
Les hivers plus courts et le changement climatique obligent les stations à investir des sommes colossales pour moderniser leurs équipements. Les prix ont explosé depuis la pandémie.
Les machines comme les tracteurs que nous avons achetés il y a cinq ans coûtent le double, il en va de même pour les pièces pour l’entretien des remontées mécaniques, décrit Simon Blouin. Si l’on ajoute le prix de la nourriture dans nos restaurants, notre main-d’œuvre, tout a augmenté d’environ 40 % au cours des cinq dernières années.
Nous avons investi environ quatre millions de dollars au cours des quatre dernières années pour être plus efficaces dans notre enneigement et réduire nos coûts d’exploitation, ajoute le directeur général. De 2017 à 2027, 40 millions de dollars auront été investis. Résultat : notre nombre d’abonnés a augmenté de 40 % depuis 2017.
Skieurs au Mont-Orford
Photo: - / Marie-Claude Lyonnais
Des abonnés qui doivent payer des billets de plus en plus chers, même si le Mont-Orford et la plupart des stations tentent de limiter la hausse au rythme de l’inflation.
Cependant, les billets journaliers, surtout le week-end, sont chers. - Sports a fait l’exercice auprès d’une famille de deux adultes, un adolescent et un enfant en ciblant six stations de tailles différentes. Les prix varient entre 190 $ et 610 $.
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Des prix qui ne refléteraient toutefois pas le portrait global de la situation, selon Josée Cusson, directrice des communications et du marketing de l’Association des stations de ski du Québec.
Si on arrive à la billetterie le matin même, alors on fait une journée parfaite, c’est sûr qu’on va payer le tarif régulier qui est bien plus cher que si on avait fait nos recherches à l’avance, explique-t-elle. Lorsque vous planifiez, il existe des moyens d’économiser.
Josée Cusson précise que le prix moyen d’un billet de ski adulte au Québec est de 53 $.
L’industrie veut démocratiser le sport et fait vraiment des efforts pour sensibiliser les familles aux différentes options pour économiser et profiter de nos hivers québécois, explique Mme Cusson. Je dirais que le ski est plus accessible qu’avant. Au cours des cinq dernières années, le nombre d’amateurs de ski et de planche à neige au Québec s’est élevé à 1,6 million.
Passage aux abonnements
Pour économiser de l’argent, l’Association des stations de ski du Québec recommande l’achat de billets en ligne, de billets multi-visites et vend également un abonnement qui offre des rabais, quelle que soit la station visitée.
Les abonnements saisonniers restent cependant le moyen le plus efficace de réduire le coût par visite, mais encore faut-il avoir les moyens de les acheter.
Michel Archambault, professeur émérite et fondateur de la Chaire de tourisme de l’UQAM, analyse annuellement l’industrie du ski au Québec depuis 35 ans. Il constate un changement important dans les habitudes de consommation.
Il y a trente-cinq ans, environ 25 % des visites dans les stations de ski se faisaient via des abonnements, précise-t-il. Aujourd’hui, cette proportion est de 60 %. Les gens ont compris qu’en s’abonnant lors des préventes, il était possible de baisser le coût de la visite à une fraction du prix d’un billet acheté le jour même.
Les abonnements, souscrits avant la saison, permettent également aux stations de s’assurer un revenu minimum avant le début de la saison et de se protéger en cas de saison météo difficile.
-Chaque année, vous disposez d’un certain nombre de jours ou de soirées pendant lesquelles les stations doivent fermer à cause du vent, de la pluie ou du verglas, précise Michel Archambault. Dans l’ensemble, si les stations ferment six ou sept jours par hiver, cela représente environ 40 millions de dollars de moins dans l’économie du ski de la province.
Au Mont-Morford, le samedi, près de 70 % des visites sont effectuées par des skieurs abonnés.
Les abonnés nous assurent des revenus stables et nous aident avec notre budget alors que la vente des billets va beaucoup fluctuer en fonction des conditions météorologiques, explique son directeur général. C’est avec la billetterie que nous ferons des bénéfices qui nous permettront d’investir l’année suivante. Les deux types de clients sont extrêmement importants.
La Corporation du golf et ski Mont-Orford est un organisme à but non lucratif. La station est rentable, comme environ 80 % des stations de ski de la province, quel que soit le modèle économique.
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Simon Blouin est le directeur général de la Corporation de ski et de golf du Mont-Orford.
Photo : - / Christine Bureau
Ce sont les plus petites stations qui sont fragilisées car elles ne disposent pas des capitaux à investir pour contrer notamment le changement climatique, le plus grand défi des stations de ski. D’ici cinq ans, j’estime que les stations québécoises devront investir près d’un demi-milliard de dollars pour moderniser leurs installations.
Il y a des stations qui souffrent et d’autres qui s’en sortent mieux car elles diversifient leurs activités au cours des quatre saisons, ce qui leur permet d’avoir des revenus sur une base annuelle et de pouvoir conserver leur main d’œuvre.
Même en hiver, les stations doivent innover. Au Mont-Orford, par exemple, la station mise sur des sentiers de randonnée alpine qui permettent aux skieurs de monter à la sueur de leur front puis de descendre sur les pentes.
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La neige tombée ravit les amateurs de randonnées alpines.
Photo: - / Marie-Claude Lyonnais
Il y a environ 60 000 jours de randonnée alpine par année ici en montagne, ce qui est quand même énorme, et ça fait vraiment partie de notre modèle d’affaires, affirme Simon Blouin. Le fait que ce sport soit pratiqué sans remontées mécaniques augmente les plages horaires de pratique.
En comparaison, la station compte en moyenne environ 230 000 séjours de ski alpin par an.
Quand on se compare…
Abonnements ou pas, le ski alpin ne sera jamais un sport bon marché, si à cela il faut ajouter le coût du matériel.
Bien sûr, il y a un coût, mais j’aime le calculer à l’heure, répond Simon Blouin. Lorsque les gens décident de souscrire un abonnement, ils passent tout l’hiver à la montagne, des journées entières. Oui, un billet à 80 $ peut paraître cher, mais c’est pour toute la journée, comparé à une sortie au cinéma qui ne dure que deux heures.
Quand on se compare, on se console, avance Michel Archambault. Le ski au Québec coûte environ trois fois moins cher qu’aux États-Unis et une fois et demie moins cher qu’en Ontario. J’ai des enfants qui jouaient au hockey et je dirais que le ski coûte peut-être moins cher que le hockey lui-même.
L’Association des stations de ski du Québec souhaite également qu’Hydro-Québec fasse preuve de flexibilité dans ses tarifs d’électricité, afin d’aider l’industrie du ski à contrôler ses dépenses.
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