(Bruxelles) La Commission européenne a approfondi vendredi son enquête sur le réseau social X, soupçonné de diffusion de fausses informations et de manipulation du débat public en Europe, après des provocations d’Elon Musk.
Publié à 9h33
Mis à jour à 11h08
Daniel ARONSSOHN
Agence -
« Aujourd’hui, nous prenons de nouvelles mesures pour faire la lumière sur la conformité des systèmes de recommandation de X » avec le règlement sur les services numériques (DSA) de l’Union européenne, a déclaré la commissaire européenne à la souveraineté technologique, Henna Virkkunen.
Bruxelles subit la pression des députés européens et des États membres, dont la France, pour agir avec fermeté, tandis que le patron de X est soupçonné de manipuler ses algorithmes pour soutenir l’extrême droite en Europe.
A l’approche des élections de fin février en Allemagne, Elon Musk a régulièrement affiché son soutien à l’AfD, le parti d’extrême droite allemand.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a accusé vendredi le milliardaire américain, proche de Donald Trump, de menacer la démocratie en Europe. « Il soutient l’extrême droite dans toute l’Europe. C’est inacceptable», a déclaré le leader social-démocrate.
Mais les nouvelles mesures européennes sont « indépendantes » des positions politiques de Musk qui relèvent de la liberté d’expression, a assuré l’UE.
La Commission a demandé vendredi au réseau social américain de fournir avant le 15 février « une documentation interne sur ses systèmes de recommandation et sur les éventuelles modifications récentes qui y ont été apportées ».
En outre, elle a annoncé une « ordonnance de conservation », qui oblige la plateforme à « conserver les documents internes et les informations concernant les changements futurs dans la conception et le fonctionnement de ses algorithmes de recommandation, pour la période du 17 janvier 2025 au 31 décembre 2025 », à moins que l’enquête en cours de la Commission est terminée avant cette date. Cette enquête a été ouverte en décembre 2023.
Évaluation des « risques systémiques »
Enfin, la Commission a émis une « demande d’accès à certaines API commerciales de X », interfaces techniques permettant d’accéder directement à des contenus pour vérifier la modération et la viralité des comptes.
-“Ces mesures permettront aux services de la Commission de prendre en compte tous les faits pertinents dans l’évaluation complexe des risques systémiques” de la plateforme et de la manière dont elle les atténue, a expliqué l’exécutif européen dans un communiqué.
Depuis l’ouverture de cette enquête sur
En revanche, le réseau social a été formellement mis en examen en juillet dernier pour trois délits présumés : tromperie des utilisateurs avec des coches bleues censées certifier les sources d’information, transparence insuffisante autour des publicités, non-respect de l’obligation d’accès aux données de la plateforme par les personnes agréées. chercheurs.
Pour chacun d’eux, et faute de respect, la Commission pourrait imposer de lourdes amendes à Elon Musk.
Bataille idéologique
De son côté, le milliardaire mène une bataille idéologique, dans la lignée de la droite américaine, contre la DSA, qu’il qualifie d’instrument de censure.
Ce nouveau règlement, pleinement entré en vigueur l’année dernière, vise à faire respecter au sein de l’UE les limites à la liberté d’expression, généralement définies par le droit national, et qui existaient déjà, comme l’interdiction des insultes racistes en France ou la diffusion de symboles nazis. en Allemagne.
“Nous sommes déterminés à garantir que toutes les plateformes opérant dans l’UE respectent notre législation”, a souligné Mme.moi Crocheter.
Paris a mis la pression sur Bruxelles la semaine dernière, jugeant trop faible la première réaction de l’exécutif européen aux interventions de Musk. «Je suis ravi que la Commission ait entendu l’appel […] favorable à une application rigoureuse du DSA pour protéger nos démocraties et nos élections », a réagi Clara Chappaz, ministre déléguée chargée du Numérique.
Une trentaine d’eurodéputés ont également exprimé jeudi leurs “profondes inquiétudes face à l’ingérence d’Elon Musk” en Europe, exhortant la Commission à agir, dans une lettre adressée à M.moi von der Leyen.
Un débat est prévu mardi au Parlement européen à Strasbourg sur les accusations portées contre le patron de X et la manière d’y répondre.
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