(BFM Bourse) – Le groupe suisse a livré une activité bien supérieure aux attentes pour son troisième trimestre, clos fin décembre, avec une croissance de 10%. Le titre s’envole à la Bourse de Zurich et propulse LVMH, Hermès et Kering à Paris.
La saison des résultats du luxe a démarré. Même s’il faudra encore attendre les publications des groupes français – LVMH livrera ses comptes le 28 janvier, suivi de Kering et Hermès –, le suisse Richemont a rendu sa copie ce jeudi 16 janvier.
L’activité du propriétaire des marques Van Cleef & Arpels, Cartier et IWC était très attendue pour prendre le pouls d’un secteur en souffrance. Au troisième trimestre, le ralentissement de la demande de produits de luxe s’est accentué. Les ventes de LVMH reculent de 3% à base comparable.
Richemont n’a pas déçu. Au troisième trimestre de son exercice 2024-2025, période qui s’étend d’octobre à fin décembre et est donc comparable au quatrième trimestre des autres groupes de luxe, l’entreprise a généré un chiffre d’affaires de 6,15 milliards d’euros. Cela reflète une croissance de 10% tant en données publiées qu’à taux de change constants.
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L’action prend son envol
L’entreprise suisse n’a pas dépassé les attentes. Elle les a atomisés. Selon un consensus cité par Deutsche Bank, les analystes attendaient une hausse de seulement 1% hors effets de change.
“Richemont a massivement dépassé les attentes au troisième trimestre dans ses deux principales divisions et dans la plupart des régions”, note la banque allemande.
“Nous nous attendons à ce que ces résultats aient un impact positif sur l’ensemble du secteur du luxe, avec des réactions positives sur les cours des actions”, écrit la Banque Royale du Canada dans une note publiée avant l’ouverture du marché. .
A la Bourse de Zurich, l’action Richemont a bondi de 16%. L’entreprise suisse entraîne tout le luxe dans son sillage. A Paris, Kering prend 7,7%, LVMH 7,7% et Hermès 5,2%.
« Exceptionnellement fort »
Hors Asie-Pacifique, où les ventes se sont contractées de 7% hors devises (contre -14% attendu par le consensus), Richemont a enregistré une croissance impressionnante dans toutes ses régions.
En Europe, les revenus ont augmenté de 19% hors change (contre 6% attendus par le consensus), tandis qu’ils ont augmenté de 19% au Japon et de 22% dans la zone « Amériques », contre des attentes de 10 % dans cette dernière région.
Par division, la bijouterie (73% du chiffre d’affaires) a vu ses ventes augmenter de 14% à base comparable tandis que l’horlogerie (14%) a vu ses ventes reculer de 8%.
« Nous considérons ces résultats comme exceptionnellement solides. Pour son activité principale de maison de joaillerie, Richemont a réalisé de très bonnes performances, bénéficiant d’une forte dynamique chez Cartier et Van Cleef notamment, dans un contexte plus favorable pour la catégorie joaillerie, selon nous», juge Banque Royale du Canada.
-« Luxe dur »
Richemont a l’avantage d’évoluer sur le créneau du « luxe dur » (horlogerie, joaillerie par opposition au luxe doux qui comprend la maroquinerie et l’habillement), un segment qui a mieux résisté à la tempête du luxe l’an dernier. . En effet, le « luxe dur » est moins exposé à une clientèle dite « ambitieuse », orientée vers des produits moins chers et plus sensible à la conjoncture économique.
Ce qui veut dire que la comparaison entre Richemont et d’autres maisons de luxe, plus tournées vers la maroquinerie, doit être un peu nuancée.
“L’ensemble du secteur devrait réagir positivement aujourd’hui, mais nous constatons que les implications pour d’autres catégories, notamment la maroquinerie, peuvent être risquées à extrapoler”, prévenait l’UBS dans une note publiée avant l’ouverture du marché.
Mais l’écart important entre les attentes et la croissance publiée par Richemont a de quoi alimenter les espoirs pour l’ensemble du luxe.
Pour Deutsche Bank, la publication de Richemont « renforcera les débats selon lesquels les marques de luxe les plus haut de gamme sont susceptibles de surperformer, le ralentissement du luxe est plus cyclique que structurel (au moins dans le haut de gamme) et la croissance dans le reste du monde est suffisante pour compenser la faiblesse de la Chine.
La forte activité du groupe dans la région « Amériques » constitue également un nouveau signal positif pour les Etats-Unis. HSBC estime que le pays bientôt présidé par Donald Trump sera la bouée de sauvetage du luxe en 2025, tablant sur une croissance de 7% aux Etats-Unis. Cette région a été la première touchée par le ralentissement de la demande de produits de luxe et pourrait aussi être la première à se redresser.
“La consommation de luxe aux États-Unis commence enfin à réaliser son potentiel et le pays est probablement considéré comme le hotspot de la plupart des marques en 2025”, écrivait Deutsche Bank en décembre.
Après les résultats de Richemont et avant ceux de LVMH, les investisseurs surveilleront la publication de Burberry le 24 janvier.
Julien Marion – ©2025 BFM Bourse
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