Le transporteur régional Air Inuit souhaite être indemnisé par l’Administration régionale Kativik (ARK) et le ministère des Transports du Québec (MTQ) et intente une action en justice. Il estime qu’il y a une négligence dans l’entretien des pistes d’atterrissage des aéroports du Nunavik, ce qui entraînerait une usure prématurée des avions.
Les documents de l’accusation, révélés pour la première fois par Le Journal de Montréalont récemment été déposés devant la Cour supérieure du Québec.
On apprend qu’Air Inuit souhaite récupérer 8,97 millions $ dépensés en réparation et remplacement prématuré de pièces sur ses avions de ligne.
L’entreprise pointe du doigt l’état de détérioration et de ruine des pistes d’atterrissage sous la responsabilité des prévenus
peut-on lire dans les documents du parquet.
L’ARK est responsable de la gestion de 13 aéroports régionaux au Nunavik, dont le Québec demeure propriétaire. Seul l’aéroport de Kuujjuaq est sous la responsabilité du gouvernement fédéral. (Photo d’archives)
Photo : - / Félix Lebel
Air Inuit estime que les pistes en gravier sont mal entretenues, ce qui génère trop de poussière. Ces débris finissent ensuite dans les moteurs des avions et provoquent une usure prématurée.
En août dernier, le président du conseil d’administration d’Air Inuit, Noah Tayara, affirmait à - que ces poussières réduisaient la durée de vie des moteurs d’environ 50 %.
Des réunions infructueuses
Le prétendu mauvais état des sentiers de gravier du Nunavik a été signalé à plus de 174 reprises auARCHE par les équipes d’Air Inuit entre 2019 et 2024, selon la poursuite.
L’entreprise aurait soulevé des problèmes de compactage, de nivellement, de colmatage, de contrôle de la poussière et d’érosion.
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Air Inuit est appelée à desservir tous les villages du Nunavik, pour effectuer, entre autres, des évacuations médicales. (Photo d’archives)
Photo : - / Félix Lebel
Des rencontres ont également été organisées en 2023 entre l’administration régionale et Air Inuit pour corriger la situation, même si cela n’a pas abouti à des résultats satisfaisants pour le transporteur.
le Québec etARCHE n’a pas souhaité faire de commentaires à ce sujet.
Un problème courant
L’état des pistes d’atterrissage de l’extrême nord du pays fait l’objet de critiques depuis plusieurs années.
Le président du transporteur aérien Nolinor, Marco Prud’homme, affirme que sa flotte d’avions connaît également une usure prématurée. Nolinor fait principalement affaire avec des entreprises privées et doit ajuster sa tarification en fonction de ces coûts supplémentaires.
Si un moteur est certifié pour faire 3000 heures de vol, il n’est pas rare qu’au bout de 1500 heures on doive le changer. Cela réduit la durée de vie de nos moteurs de 50 %
il explique.
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Nolinor dispose d’une douzaine de Boeing 737-200 capables d’atterrir sur des pistes en gravier. (Photo d’archives)
Photo: - / François Gagnon
Pour résoudre cette difficulté, asphalter toutes les pentes du Nord n’est pas une solution réaliste, selon Marco Prud’homme. Il est plutôt d’avis qu’un meilleur entretien des voies en gravier serait bénéfique pour tous les transporteurs.
Si nous entretenions quotidiennement les pistes en gravier, nous pourrions disposer de pistes d’excellente qualité pour nos opérations. […] Les coûts de maintenance des avions sont plus élevés sur ces pistes, et cela se reflète dans nos tarifs.
ajoute-t-il.
Selon certains transporteurs, la petite taille des pistes empêche également la plupart des avions à réaction de plus grande taille de pouvoir y atterrir. Cette limitation augmente donc le coût du transport des personnes et des marchandises dans les communautés isolées.
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Le transport aérien est le seul moyen d’atteindre les communautés du Nunavut et du Nunavik. (Photo d’archives)
Photo : - / Claudiane Samson
Si de l’argent était investi pour allonger les pistes et assurer la présence des équipements nécessaires à leur entretien quotidien, il pourrait alors y avoir une meilleure offre de services pour les communautés.
adds Marco Prud’homme.
Une enveloppe destinée au Nunavik
L’entretien des pistes d’atterrissage dans le Grand Nord reste un défi à la fois logistique et budgétaire pour les gouvernements.
En avril dernier, Québec a annoncé des investissements de près de 90 millions de dollars sur deux ans pour les aéroports du Nunavik.
Selon le ministère des Transports, cette somme a permis de réparer les pistes des aéroports de Salluit et d’Akulivik en 2024.
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L’ARK et Québec avaient prévu des travaux de pavage à l’aéroport de Puvirnituq, qui ont été reportés. (Photo d’archives)
Photo : - / Myriam Fimbry
Les travaux de pavage de l’aéroport de Puvirnituq, prévus pour 2024, ont été reportés à l’été prochain.
Le MTQ dit qu’il doit effectuer des tests supplémentaires pour s’assurer de la conformité du matériau utilisé pour paver le sentier à Puvirnituq, la deuxième plus grande communauté du Nunavik.
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