Considéré comme la poubelle des États-Unis, le Québec fait les manchettes jusqu’en Grande-Bretagne car nos voisins du Sud nous exportent de plus en plus de déchets dangereux, non loin des quartiers résidentiels.
Au terme d’une enquête de deux ans, le quotidien britannique Le Gardien rappelle deux déchetteries américaines au Québec : la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda et Stablex à Blainville.
L’enquête révèle que « les exportations, notamment de cyanure, de sols contaminés, de batteries et autres déchets contenant des métaux lourds, ont augmenté de 25 % » entre 2018 et 2022.
Le journaliste de Tuteur, Eric McCormick, indique à Journal que son équipe a été surprise de découvrir la quantité de déchets industriels dangereux que les États-Unis exportent tant vers le Canada que vers le Mexique, sans que nos deux pays n’examinent leurs effets sur les communautés environnantes.
Citoyens inquiets
Les citoyens d’ici, eux, ne sont pas surpris.
«Nous nous battons constamment depuis des mois avec très peu de considération», dénonce Marie-Claude Archambault, qui habite Blainville depuis 16 ans, non loin du Stablex.
Des citoyens opposés à Stablex ont manifesté devant l’usine de Blainville en mai 2023
Courtoisie
« C’est une bombe à retardement que nous avons ici. Nous sommes les prochains après la Fonderie Horne», dit-elle, craignant que des métaux lourds puissent se retrouver dans les corps d’enfants de sa région, comme à Rouyn-Noranda.
Mais, loin de s’inquiéter, Québec envisage plutôt d’obliger la Ville de Blainville à céder à Stablex un terrain enclavé dans une tourbière, afin que l’entreprise puisse recevoir encore plus de contaminants, révélait la mairesse Liza Poulin en décembre.
Présente sur place depuis 1983, l’entreprise lorgne 70 hectares de terrain qui appartiennent à la Commune. Elle pourrait ainsi augmenter sa capacité de stockage de déchets et poursuivre ses activités jusqu’en 2065 au lieu de 2040.
La Ville envisageait de vendre le terrain à l’entreprise, mais a changé d’avis en août 2023 sous la pression du public. Près de 3 000 personnes ont signé une pétition contre le projet.
Un mois plus tard, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) se positionnait également contre le projet, invoquant notamment « la valeur écologique exceptionnelle de certains milieux naturels sensibles ».
Gouvernement d’autruche
Mais «le gouvernement ferme les yeux et se met la tête dans le sable de manière totalement irresponsable», fustige l’ancienne ministre péquiste des Ressources naturelles, Martine Ouellet.
À la tête de l’organisme environnemental Climat Québec, Mmoi Ouellet se bat depuis des mois avec les Blainvillois. Pour elle, le Québec devrait utiliser ce dossier dans la prochaine guerre tarifaire avec Washington.
« Si Trump veut pratiquer le protectionnisme, il devrait le faire en gardant ses déchets toxiques chez lui », dit-elle.
Martine Ouellet lors de l’annonce de la création de Climat Québec.
FACEBOOK SCREENSHOT MARTINE OUELLET / QMI AGENCE
Quant à Stablex, le porte-parole Maxime Couture indique que son entreprise a considérablement réduit ses apports en provenance des États-Unis au cours des dix dernières années. En 2024, 66 % des déchets qu’elle traitait provenaient du Québec.
«Nous sommes ici depuis 40 ans et avons respecté les normes les plus élevées», assure-t-il, indiquant que même la Ville de Québec envoie ses déchets dangereux chez Stablex.
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