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Dans son atelier de Montfa, Pascal Nau, tailleur de pierre passionné, allie tradition et innovation pour transformer le marbre en œuvres d’art uniques. A travers son entreprise Pyrénées Pierres, cet artisan incarne l’excellence d’un métier exigeant mais attractif.
Ce mardi 14 janvier, dans son atelier baigné de lumière à Montfa, Pascal Nau, 48 ans, met la touche finale à des « fauteuils club » créés dans le cadre d’une collaboration insolite avec des plasticiens et des designers. Son projet ? Recréez un salon entièrement en pierre.
Car cet Ariégeois d’adoption excelle dans l’art de sculpter des œuvres d’exception en marbre, mêlant tradition et innovation. « Pour ce salon, il ne manque qu’un luminaire et une table, mais plus on avance, plus les idées fusent ! », glisse l’artisan en riant.
Cela fait presque dix ans qu’il fonde son entreprise Pyrénées Pierres, nichée au cœur de la forêt. « Je suis vraiment tombé amoureux de cet endroit », confie-t-il.
Chaque année, il dégrossit, ponce, puis sculpte une centaine de pièces : mobilier contemporain, décoration, projets audacieux. Il relève tous les défis, qu’il s’agisse de rénover un muret pour un villageois ou de réaliser des commandes prestigieuses. « Je viens de terminer un escalier monumental pour un château en Ariège, mais c’était pour une grande fortune… Je préfère garder le secret !
Pascal est passionné par les matériaux qu’il sélectionne avec soin dans les carrières, notamment deux marbres emblématiques des Pyrénées : le marbre de Sarrancolin et l’Opéra Fantastico, célèbre pour orner des lieux prestigieux comme l’Opéra Garnier, le Château de Versailles ou encore l’Assemblée Nationale.
« Chaque pierre est unique »
Pascal a acquis son savoir-faire en parcourant les routes et en se formant auprès de maîtres artisans à travers la France. « J’étais le vilain petit canard de la famille », sourit-il en évoquant son parcours atypique. Ayant quitté le milieu universitaire pour rejoindre les Compagnons du Devoir à 19 ans, il découvre avec émerveillement le monde du travail.
L’un de ses premiers grands projets fut la restauration de Notre-Dame de Paris en 1995, où il travailla pendant deux ans, chaque jour à plus de 60 mètres de hauteur. « Ce fut une expérience inoubliable. La restauration de ce lieu emblématique a eu un impact profond sur moi.
Ces nombreuses expérimentations lui permettent par la suite de découvrir un matériau fascinant : la pierre, au graphisme en constante évolution. « Chaque pierre est unique et incomparable. » Lorsqu’il n’a pas d’ordre précis, Pascal se laisse volontiers guider par la matière et ses formes naturelles.
« Dans ce métier, on retrouve à la fois de la dureté et de la douceur. C’est dur de sculpter un beau visage dans la pierre, mais une fois terminé, la sensation au toucher est très douce », confie-t-il avec émotion, avant de murmurer à son épouse : « Oui, je n’ai pas toujours un cœur de pierre. ».
Renelle Parent, sa compagne depuis 50 ans, partage la même passion. Ancienne menuisière, elle a choisi il y a deux ans de se former à ses côtés. « La pierre m’a toujours fasciné. Enfant, je collectionnais des fossiles avec mon père et je décorais ma chambre avec des pierres », raconte-t-elle. Pour Renelle, travailler avec un matériau vieux de plusieurs milliers d’années est un privilège. “C’est émouvant de redonner vie à une famille ou à un patrimoine local.”
Un métier exigeant, mais en pleine renaissance
Mais le métier de tailleur de pierre reste exigeant. Entre le changement des saisons et le manque de main d’œuvre, la profession peine à attirer les jeunes. “C’est dommage car les demandes continuent d’augmenter”, explique Pascal, qui travaille actuellement sur une statue de la Vierge pour la ville d’Ilhet, dans les Hautes-Pyrénées.
« La pierre revient à la mode. On redécouvre ce matériau intemporel, durable et chargé d’histoire. Ils savent qu’ils créent quelque chose qui durera à travers les générations.
Et dans ce monde exigeant, des femmes comme Renelle s’affirment de plus en plus. « Quand on soulève 250 kg de pierre, les hommes et les femmes sont sur un pied d’égalité. Aujourd’hui, avec des outils modernes, ce métier devient un plaisir quotidien. Les a priori disparaissent», souligne Pascal.
Parmi leurs nombreuses commandes, des plus spéciales les attendent dans un coin de l’atelier, où le couple espère accueillir prochainement des stagiaires. Parmi elles : les stèles funéraires en marbre, une demande en forte augmentation.
« Les gens prennent le temps de réfléchir et reviennent à des choses plus naturelles, plus essentielles. La pierre incarne parfaitement cette quête d’authenticité », conclut le passionné.
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