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Saviez-vous que Nvidia est né dans un fast-food ? On vous raconte cette incroyable success story

Le CES bat son plein à Las Vegas et l’édition 2025 a été l’occasion pour Nvidia de réaffirmer son ambition. Cartes graphiques, IA, robots, supercalculateurs… l’entreprise voit grand ! Mais saviez-vous que tout a commencé dans un fast-food californien pour ce géant de l’électronique ?

Nvidia a clairement été l’attraction du CES à Las Vegas cette année. L’engouement était tel que certains journalistes ont dû attendre deux heures avant d’entrer dans la salle de conférence située à Mandala Bay, où se tenait la keynote de la marque verte.

Sur place, le PDG et fondateur, Jensen Huang, a été accueilli sous les acclamations d’un public impatient de découvrir les nouveautés du constructeur américain. En ouvrant le bal des conférences du CES 2025, Nvidia a laissé sa marque sur le salon et il y a fort à parier que nous sommes face à une entité qui risque de bouleverser nos habitudes à l’avenir. Un peu fou quand on imagine qu’en 1993, ce n’était qu’un projet lointain…

Trois garçons dans le vent

En 1993, le monde de la technologie était à l’aube d’un bouleversement. Alors que les jeux vidéo éblouissent petits et grands avec leurs magnifiques sprites 2D, l’idée d’œuvres 3D parfaitement fluides et détaillées semble relever d’un imaginaire lointain. Certes, les promesses sont là et certaines tentatives, comme les simulateurs aériens ou Star Wing sur Super Nintendo, sont couronnées de succès, mais peu de gens ont une confiance aveugle en cette nouvelle technologie. Ils ne le savent pas encore, mais Sony s’apprête à dévoiler sa PSX, future PlayStation, tandis que SEGA prépare, dans le plus grand secret, un jeu de combat révolutionnaire baptisé Virtua Fighter. Mais cette année, un autre bouleversement se prépare…

Dans la banlieue de San José, trois amis, Jensen Huang, Curtis Priem et Chris Malachowsky se retrouvent dans leur fast-food préféré (un Denny’s). « Nous n’étions pas de très bons clients. », s’amuse Chris Malachowsky. « Nous y sommes restés quatre heures et avons bu dix tasses de café. » S’ils ont refait le monde à plusieurs reprises en parlant de leurs travaux dans les semi-conducteurs et l’informatique, ils envisagent de plus en plus de créer leur propre entreprise. Leur objectif est simple : ils veulent booster la qualité graphique des jeux vidéo et ils sont convaincus que la 3D représente l’avenir des médias. Après une succession d’embûches (pas facile de convaincre ses proches de relever un tel défi), le trio d’ingénieurs fonde Nvidia le 5 mars 1993 à Santa Clara, laissant libre cours à leurs envies. Cela tombe bien, Nvidia vient du terme latin « Invidia », dont ils ont retiré le i, et qui signifie justement… envie (et jalousie).

Jensen Huang

Malheureusement, malgré les souhaits des fondateurs, Nvidia connaît des débuts très difficiles. Alors que le monde du jeu vidéo et de l’informatique est à la croisée des chemins, leur toute première puce graphique, le fameux NV1, fut un fiasco magistral. Malgré des fonds importants obtenus auprès de divers investisseurs, l’entreprise se retrouve en difficulté avant même d’avoir pu démontrer son potentiel. Pire, il est au bord de la faillite… et il trouvera son salut dans une entreprise bien connue des gamers : SEGA.

Enregistrée par SEGA

Pour comprendre, un rapide retour à l’histoire s’impose. En 1996, Nvidia allait mal et SEGA peinait à imposer sa console Saturn face à une PlayStation qui dévastait tout en Occident. Pour contrer cette hégémonie naissante, le président de SEGA, Hayao Nakayama, demande à son bras droit, Shoichiro Irimajiri, de réfléchir à une solution. L’un d’eux repose sur un contrat de 5 millions de dollars proposé à Nvidia en échange de travaux sur la future puce graphique d’une console. À l’époque, le marché était en ébullition et la réalité d’un jour n’était plus celle du lendemain. La technologie évolue très vite et Nvidia comprend vite que ces travaux sont en réalité une prison dorée. Jensen Huang se rend chez SEGA et passe beaucoup de temps avec Shoichiro Irimajiri, lui expliquant qu’il ne peut pas terminer le travail qu’il a commencé sous peine de faire faillite. Il lui explique que la technologie évolue vers une autre approche, le Reverse Texture Mapping, mais qu’il a absolument besoin de l’argent offert par SEGA pour entreprendre ce nouveau virage technologique. Après plusieurs jours de réflexion, Shoichiro Irimajiri est d’accord et sauve Nvidia de la faillite.

La suite de l’histoire ? Nvidia parvient à rebondir et lance sur le marché une puce graphique, la Riva 128, qui rencontrera un succès fulgurant et propulsera définitivement l’entreprise au premier plan (on imagine donc qu’elle a rendu les 5 millions de dollars à SEGA sans aucun problème). Là où le sort est parfois fascinant, c’est de penser que SEGA a alors fait appel à 3DFX, société spécialisée dans les cartes accélératrices 3D et rivale de Nvidia. A la recherche d’une nouvelle machine après l’échec de la Saturn, SEGA a lancé deux projets simultanément : la Blackbelt aux Etats-Unis, basée sur un processeur IBM et une puce graphique 3DFX, et la Katana au Japon, avec un Hitachi SH4 et une puce graphique PowerVR. C’est cette dernière qui remportera la mise et deviendra la Dreamcast. L’essentiel dans tout ça, c’est que le travail sur la Blackbelt, la machine abandonnée, servira à développer un certain Voodoo 2 chez 3DFX. En effet, au moment de se lancer dans ce projet majeur pour SEGA, l’ingénieur en chef Tatsuo Yamamoto fera appel à des ingénieurs ultra talentueux de la Silicon Valley qui rejoindront ensuite 3DFX. Et on vous le dit en mille mots : 3DFX sera racheté par Nvidia en 2000 et commencera à concevoir la puce graphique Xbox quelques mois plus tard. Oui, le monde de la technologie est décidément impénétrable.

A lire aussi – DLSS : tout comprendre sur la technologie Nvidia qui révolutionne le jeu vidéo

Nvidia règne depuis vingt ans

En 1999, Nvida lance la GeForce 256 sur le marché et entre en bourse. Valorisée plusieurs dizaines de millions de dollars, l’entreprise a le vent en poupe et parvient à traverser les années grâce à des innovations visuelles remarquables. Les jeux vidéo deviennent de plus en plus impressionnants et Nvidia, après sa collaboration avec Xbox, remporte le contrat pour co-développer, avec Sony, le processeur graphique de la PlayStation 3. En 2007, Jensen Huang et ses acolytes se lancent dans un défi risqué avec Cuda, un langage de programmation qui utilise la puissance des processeurs graphiques pour bien plus que le simple traitement des données visuelles. Alors que le monde de la tech, y compris les investisseurs, est plus que sceptique, cette superpuissance informatique sert finalement les intérêts d’une technologie qui s’apprête à tout bouleverser : l’intelligence artificielle et les agents intelligents. Aujourd’hui, Nvidia est un hub technologique et l’entreprise est active dans tous les domaines : cartes graphiques, robotique, automobile, supercalculateurs, recherche scientifique, conception industrielle, etc.

À ce jour, Nvidia est la troisième plus grande cotation boursière au monde. Une certaine idée de success story, non ?

 
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