Placé en redressement judiciaire, le fabricant de plateaux de table Werzalit va « retrouver une nouvelle vie »

UNAu lendemain de Noël, le tribunal de commerce de La Rochelle a placé la société Werzalit en redressement judiciaire avec une période d’observation de six mois. Un incident de plus pour le fabricant rochefortais de plateaux de table en stratifié moulé qui a connu des difficultés ou des coups du sort au cours de la dernière décennie.

« Nous ne sommes pas les premières et ne serons pas les dernières des entreprises industrielles françaises en difficulté », observe le directeur général Hervé Pottier. Arrivé il y a quelques mois à la tête de l’entreprise située à proximité du port de commerce de Rochefort, il a entamé une reprise spectaculaire avec un chiffre d’affaires en hausse de 24% en septembre, 58% en octobre et 16% en novembre par rapport à la saison précédente.

« Transparence totale »

Cela n’a pas suffi à éviter à l’entreprise de 46 salariés de passer par le tribunal de commerce. Au-delà de la flambée du coût de l’énergie, Werzalit affiche une baisse de son chiffre d’affaires en 2024 en raison des intempéries qui ont sévi l’été dernier. Dans un climat où ses principaux clients qui opèrent dans le secteur CHR (cafés, hôtels et restaurants) sont déjà fragilisés par la morosité ambiante.

Salarié depuis 2007 et élu membre permanent du CSE pour l’Unsa, Samuel Madeux et Manon Peeters (suppléantes) assurent que « 85 % des salariés » ont voté pour une reprise lors d’un vote consacré à l’avenir de l’Entreprise. “Nous sommes tous solidaires, salariés et direction qui communique en totale transparence”, insistent les deux délégués syndicaux qui voient dans la procédure collective actuelle “un acte de gestion interne pour aplanir nos dettes”, au plus bas niveau d’activité du site. . « Nous sommes dans un métier saisonnier avec des pointes entre mars et juin tandis que la période creuse s’étend de septembre à décembre. »

« Cette situation résulte des impayés des clients, notamment américains, qui sont à tempérament », poursuivent Manon Peeters et Samuel Madeux, déplorant au passage les réticences des banques : « Aucune d’entre elles ne nous a suivi financièrement. »

Résilience

Lui-même par nature « résilient comme les équipes », Hervé Pottier croit fermement en l’avenir du fabricant de plateaux de table (140 000 exemplaires l’an dernier) qui allie artisanat et industrie. « Nous avons un vrai savoir-faire avec des collaborateurs qui ont de l’expérience avec une moyenne d’âge de 49 ans. »

Alors que la moitié de la production est exportée, le réalisateur souhaite moins dépendre de la saisonnalité des achats en vendant davantage de barquettes dans l’hémisphère Sud, notamment en Australie.

100% des touristes qui prennent un café autour de Notre-Dame de Paris sont attablés autour d’une table made in Rochefort

La consolidation de son activité principale passera également par l’obtention de labels certifiants, notamment environnementaux, afin de pouvoir lorgner les marchés de la restauration collective ou des chaînes hôtelières. Un comble pour l’entreprise qui recycle les chutes de bois depuis sa création.

Stratégie de diversification

Par ailleurs, une stratégie de diversification est en cours. Le groupe a investi 2,4 millions d’euros (avec l’aide de l’Etat qui a alloué 800 000 euros dans le cadre du plan France Relance en 2021 et de la Région qui a déboursé 150 000 euros) afin de s’équiper de machines pour fabriquer des dalles en bois compressé, une solution alternative au béton, pour le secteur de la construction. Mais la situation actuelle du secteur du bâtiment ne permet pas la commercialisation de ces éléments de maçonnerie.

En attendant, le patron a d’autres idées : Werzalit a réalisé un prototype de plateau de table en chanvre, secteur dans lequel il travaillait auparavant. “Le bois est surexploité, il faut s’orienter vers les ressources végétales (lin, oléagineux).” Originaire de Touraine, Hervé Pottier rappelle pour l’anecdote que c’est depuis la capitale du chanvre, Bréhémont (Indre-et-Loire), où la culture de la plante est de retour, que les bottes étaient acheminées à la Corderie royale.

Reste enfin à valoriser ce savoir-faire : « 100 % des touristes qui prennent un café autour de Notre-Dame de Paris sont attablés autour d’une table made in Rochefort », précise Hervé Pottier. Une réputation qui s’étend également au domaine du luxe : qui connaît les collaborations passées avec le designer Philippe Starck ou encore avec L’Oréal entre 2013 et 2018 pour ses showrooms ?