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Une nouvelle campagne d’information couvrant une vingtaine de marques de voitures équipées du « killer airbag » Takata en outre-mer vient d’être lancée par le ministère des Transports. Or, en France, il y a eu de graves accidents liés à ce matériel défectueux. Stellantis estime avoir réalisé 87% des réparations sur les modèles C3 et DS3 en France depuis la fin de l’année.
En aura-t-on fini avec le scandale des airbags défectueux Takata ? Au fil des mois, la liste des constructeurs automobiles équipés de cet airbag de protection, fabriqué par la firme japonaise et à l’origine de nombreux accidents mortels, s’est un peu allongée.
Mercredi 8 janvier, le ministère des Transports a lancé une vaste campagne de rappel sur plus d’une vingtaine de marques (Citroën, Ford, BMW, Audi, Seat, Opel, Volkswagen…), voitures fabriquées entre 1998 et 2019 et équipées de ces fameux airbags.
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Selon le ministère, ces équipements « peuvent provoquer des blessures graves, voire mortelles, au conducteur et au passager avant ». Une campagne de prévention lancée exclusivement à destination des automobilistes étrangers et qui concernerait plusieurs dizaines de milliers de véhicules. Le cocktail de chaleur et d’humidité élevée entraînerait davantage de risques d’explosions dans ces départements d’outre-mer. Après l’inquiétant « stop drive » lancé en France en mai dernier par le groupe Stellantis, propriétaire de Citroën, sur C3 et DS3, fabriquées entre 2009 et 2019, (530 000 à 600 000 véhicules concernés dans le monde, plus de 246 000 en France, chiffres Stellantis), la liste des voitures véritablement ciblées pose question. Et on peut se demander pourquoi ce dernier rappel, initié par le ministère des Transports, n’est pas étendu à l’ensemble du territoire national.
Death in the Hautes-Pyrénées
Le 18 novembre 2023, à Galan, (Hautes-Pyrénées), une automobiliste de 51 ans, au volant de sa Citroën C3, perd la vie après le déclenchement de son airbag, suite à une collision avec un autre véhicule. “L’enquête est toujours en cours et les parents de cet homme n’ont toujours pas de réponse quant aux raisons de ce décès, plus d’un an après”, regrette l’avocat des parents de la victime, M.e Christophe Léguevaques. Le parquet de Tarbes n’a pas ouvert d’information judiciaire.
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Comme le souligne l’avocat, les Hautes-Pyrénées ne sont pas un département d’outre-mer et ce type de drame peut survenir dans n’importe quelle zone géographique. Contacté, le service de presse du ministère des Transports précise que l’Etat “a demandé l’extension du rappel de ces véhicules au nord de la France”. Par ailleurs, « en outre-mer, les rappels lancés par les différents constructeurs sont pour la plupart anciens et les taux de rappel restent très insuffisants. Le ministère a donc lancé cette campagne de communication dans ces territoires, afin de sensibiliser les automobilistes qui n’auraient pas encore fait changer leurs airbags”, insiste le ministère. Dans ce contexte, Stellantis aurait-il sous-estimé les dangers de ses airbags ou occulté leur ampleur ?
C’est ce que laisse entendre la cellule d’enquête de Radio France qui, mardi dernier, révélait qu’« un demi-million d’automobilistes sont concernés par le rappel de leur véhicule potentiellement dangereux ». Il y a eu 15 décès en France liés aux airbags Takata. Dès 2016, « des experts du groupe Stellantis ont sensibilisé sur le sujet », précise la cellule d’enquête.
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C’est d’ailleurs suite à ces dernières révélations que les autorités ont lancé simultanément le rappel des véhicules dans les territoires d’outre-mer. La gestion de ce scandale dans l’industrie automobile a été traitée différemment outre-Atlantique.
Aux États-Unis, au milieu des années 2000, l’explosion de Takata éclate grâce à des lanceurs d’alerte. Les rappels de véhicules concernent ensuite tous les États du pays, quel que soit le type de climat, en 2014. « L’airbag tueur » a provoqué la mort de 27 automobilistes et in fine, la faillite de l’équipementier japonais. Le problème se révèle : lorsqu’est éjecté le gaz qui gonfle les coussins de protection, la pièce entière éclate, libérant des particules métalliques et du nitrate d’ammonium, un gaz instable et dangereux. Un vieillissement prématuré du mécanisme en est souvent la cause. Malgré les alertes à la Réunion et en Guadeloupe, en 2021 et 2022.
Aujourd’hui, Stellantis affirme avoir réparé 200 000 véhicules en France avec un taux d’intervention qui atteint 87 % en France. L’entreprise s’est lancée dans une course contre la montre pour corriger la situation en intervenant également au niveau national, en doublant les cadences de production et en produisant de nouveaux airbags. Avant son éviction, l’ancien patron de Stellantis, Carlos Tavares, avait promis, en septembre dernier, de résoudre « 80 % du problème d’ici fin décembre 2024 », tout en s’excusant.
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