En Bretagne, que représentent les logements classés G dans le diagnostic de performance énergétique (DPE) ?
Jérôme Lebrun, president of FNAIM Bretagne et directeur du cabinet Chateaubriand Immobilier : Selon les estimations du service statistique FNAIM, les logements classés G au DPE représentent 5 % du parc breton (le ministère de la Transition écologique donne une estimation de 4,2 %, NDLR). Parmi eux, 18 000 sont loués.
Comment les propriétaires de ces passoires thermiques se comporteront-ils face à l’interdiction de location ?
Deux options s’offrent à eux : rénover ou revendre. Dans le cas d’une mise en vente, une remise de 10 à 15 % est estimée car les acheteurs auront certainement envie de faire des travaux.
Mais qui voudra acheter ces biens ?
Cela peut être pour la résidence principale ou secondaire. Rien ne s’y oppose. Cela permettra peut-être même des opportunités d’achat à moindre coût dans des secteurs chers, comme par exemple la région de Saint-Malo. Les investisseurs pourraient également être intéressés à y travailler en sollicitant de l’aide.
« Les loyers ne peuvent qu’exploser. C’est un vrai problème de société. Tout le monde ne pourra pas trouver un logement. »
La sortie de ces biens du marché locatif ne va-t-elle pas créer une pénurie d’offres ?
C’est là le nœud du problème. 40% du parc locatif breton actuel est classé E ou moins. C’est énorme. La Loi Climat et Résilience prévoit d’étendre l’interdiction de location aux classes F en 2028, et aux classes E en 2034. Cela signifie que 40 % du parc locatif sera indécent dans dix ans (et donc interdit à la location, NDLR).
La seule manière d’y remédier est de mettre en place une véritable politique du logement en facilitant le travail et les nouvelles constructions. Mais on voit bien que dans les nouvelles constructions, les dépôts de permis de construire sont au plus bas. Et côté rénovation, c’est devenu un parcours du combattant pour obtenir des aides. On se dirige donc vers une pénurie de logements. Et tout ce qui est rare coûte cher. Les loyers ne peuvent donc qu’exploser. C’est un vrai problème de société. Tout le monde ne pourra pas trouver un logement.
La nouvelle législation va-t-elle accélérer la rénovation énergétique ?
Elle va dans le bon sens si elle améliore le confort des locataires et maintient les biens immobiliers en bon état. Mais il faut s’en donner les moyens.
Ce qui est surprenant, c’est que la politique ne s’empare pas du sujet. Cela frise l’amateurisme. Peut-être que cette interdiction fera un choc et incitera les propriétaires à rénover. Mais nous sommes encore loin du but.
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