Par
Guillaume Laurens
Publié le
10 janvier 2025 à 18h41
C’est l’élément qui assombrit le tableau des chiffres finalement suffisamment concluants pour Airbus en 2024. Avec un total de 8 658 appareils en commande (contre 8 598 en 2023) et 766 avions commerciaux livré (contre 735) — quatre de moins que ses dernières prévisions — le géant de l’aéronautique, dont le siège mondial est à Toulousese hisse plus que jamais au rang de premier constructeur aéronautique de la planète et creuse l’écart avec Boeing.
Mais un produit vient quelque peu ternir ce bilan : l’A220. Car si les livraisons des derniers avions de la galaxie Airbus progressent (de 68 à 75 unités), le ordres clair sont-ils en déclin. Et c’est une première depuis l’achat de cet avion au canadien Bombardier…
17 commandes et 26 annulations pour l’A220 en 2024
Pour l’année 2024, le commandes nettes de l’A220 sont en fait vers le bas… par neuf avions. Concrètement, Airbus a enregistré 17 nouvelles commandes en 2024, mais a dû faire face 26 annulations dans son carnet de commandes, un porte-parole d’Airbus confirme Actualités toulousaines.
Une régression qui n’a pas échappé La presseun journal de Montréal (Canada) qui va jusqu’à titrer : “L’Airbus A220 connaît sa pire année.” Nos confrères québécois soutiennent : « L’A220 vient de connaître sa pire récolte depuis qu’il est contrôlé par Airbus, au point que le bilan a eu un impact négatif sur le carnet de commandes ».
Résultat du rachat du CSeries du canadien Bombardier en 2018, l’A220 est, rappelons-le, le dernier arrivé de la famille Airbus. Un avion monocouloir « unique sur le marché des avions de 100 à 150 places », revendique l’avionneur.
“Nous avons doublé le carnet de commandes depuis 2018”, affirme Airbus
Du côté d’Airbus, on fait une autre lecture de ces chiffres : “Ce ne sont que 17 annulations sur plus de 500 avions encore dans le carnet de commandes de l’A220”, argumente-t-on chez l’avionneur européen, interrogé par L’actualité toulousaine.
L’A220 détient 55% de part de marché dans sa catégorie. A ce jour, nous avons 516 avions en carnet de commandes, un chiffre que nous avons doublé depuis 2018. Parmi ces 516 commandes en cours, 280 proviennent de clients actuels, ce qui est le signe d’une confiance renouvelée.
« Le marché a des doutes sur les moteurs »
Qu’est-ce qui pèse sur les chiffres actuels et les perspectives de l’A220 ? LE aventures avec l’un de ses principaux prestataires, Pratt & Whitneyqui font attendre les compagnies aériennes : “Ne nous le cachons pas, le marché a des doutes sur les moteurs”, a reconnu mercredi Benoît de Saint-Exupéry, vice-président exécutif des ventes d’avions commerciaux chez Airbus. « Pratt & Whitney devrait améliorer la durabilité des moteurs. Cela explique pourquoi l’année 2024 a été moins vigoureuse que prévu.
Des avions cloués au sol à cause des moteurs Pratt & Whitney
Airbus fait donc les frais des déboires du motoriste américain. De nombreux A220 sont en effet cloué au sol partout dans le monde – dont cinq A220 d’Air France bloqués à l’aéroport de Toulouse-Francazal depuis février 2024 – en raison de l’usure prématurée de certaines pièces des moteurs Pratt & Whitney.
Résultat, « les clients de l’A220 comme airBaltic, JetBlue, Air Canada et Delta Air Lines ne peuvent pas compter sur leurs avions », soulève La pressequi garantit que « 35 % des A220 livrés par Airbus sont actuellement cloués au sol. Des chiffres que l’avionneur ne confirme pas.
Un tarif bas qui coûte cher
Le journal canadien cite également John Gradek, un expert de l’aviation, qui estime que l’écart entre le nombre d’avions à livrer et la cadence de production est si important qu’il « nuit aux ventes ».
« Il faudra jusqu’à sept ans avant de les livrer », glisse-t-il. La presse. « Il y a des clients potentiels qui n’aiment pas ça. On peut attendre trois ou quatre ans, mais après ça devient long.»
Si ces déboires font autant tousser outre-Atlantique, c’est parce que 25 % du programme A220 appartiennent toujours à l’État du Québec, qui a investi massivement dans ce programme développé par Bombardier.
Airbus veut plus que doubler ses livraisons en 2026
Il n’en reste pas moins qu’en 2025, Airbus entend tourner la page de ces accidents sur l’A220, et accélérer le rythme des livraisons : « Nous travaillons à améliorer l’avion, à résoudre les problèmes de moteur, et à augmenter le rythme », résume un porte-parole, qui insiste : « Cet avion, qui est construit exclusivement à Mirabel (Canada) et Mobile (États-Unis) a toujours réussi. »
Dans ses objectifs, l’avionneur veut passer du cadence mensuelle de six avions en 2024, à 14 en 2026. Vaste programme.
Un « élan phénoménal » néanmoins pour Airbus
Au total, pour 2024, Airbus a annoncé 878 commandes brutes (soit 826 commandes nettes après annulations), en baisse après avoir atteint des records en 2023. « L’année 2024 a confirmé une demande soutenue pour les avions neufs. […] Nous avons constaté une dynamique phénoménale dans notre carnet de commandes d’avions gros-porteurs, renforçant ainsi notre position de leader sur le marché des monocouloirs », a noté Christian Schererle patron de la branche avions commerciaux d’Airbus.
« Compte tenu de la complexité constante et de l’évolution rapide de notre environnement, 2024 était une bonne année”, estime-t-il, alors que l’activité de son principal rival est en déclin. Les résultats annuels d’Airbus pour l’exercice 2024 seront publiés le 20 février 2025.
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